En 2022, l’Allemagne a accueilli 669 000 nouveaux immigrés à long terme ou permanents (y compris les changements de statut et la libre circulation), soit 25 % de plus qu’en 2021. Ce chiffre comprend 49 % d’immigrés admis au titre de la libre circulation, 13 % de migrants de travail, 15 % de membres de la famille (y compris la famille accompagnante) et 22 % de migrants humanitaires. Environ 65 000 permis ont été délivrés à des étudiants en mobilité internationale dans l’enseignement supérieur et 20 000 à des travailleurs migrants temporaires et saisonniers (à l’exclusion de la migration intra-UE). Par ailleurs, 489 000 détachements intra-UE ont été enregistrés en 2022, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2021. Ces travailleurs détachés ont généralement des contrats de courte durée.
L’Ukraine, la Roumanie et la Pologne étaient les trois principales nationalités des nouveaux arrivants en 2022. Parmi les 15 premiers pays d’origine, l’Ukraine a enregistré la plus forte augmentation et la Croatie la plus forte diminution des flux vers l’Allemagne par rapport à l’année précédente.
En 2023, le nombre de primo-demandeurs d’asile a augmenté de 51 %, pour atteindre environ 329 000. La majorité des demandeurs étaient originaires de Syrie (103 000), de Türkiye (61 000) et d’Afghanistan (51 000). La plus forte augmentation depuis 2022 concerne les ressortissants turcs (37 000) et la plus forte diminution les ressortissants irakiens (‑4 000). Sur les 217 000 décisions prises en 2023, 62 % étaient positives.
L’émigration des citoyens allemands vers les pays de l’OCDE a augmenté de 0.8 % en 2022, pour atteindre 150 000 personnes. Environ 16 % de ce groupe a émigré vers la Suisse, 14 % vers l’Autriche et 12 % vers la Pologne.
La loi allemande sur l’immigration de travailleurs qualifiés, qui vise à faciliter l’immigration de travail en provenance de pays tiers a été appliquée en trois étapes. La première de ces étapes, mise en œuvre à partir de novembre 2023, a consisté à abaisser les seuils de salaire et à élargir les conditions d’accès à la carte bleue européenne. Le regroupement familial a par ailleurs été simplifié pour les titulaires d’une carte bleue européenne faisant usage de leur droit à la mobilité de longue durée. Sauf pour ce qui est des professions réglementées, la loi a en outre levé les restrictions qui cantonnaient les travailleurs titulaires de diplômes professionnels ou universitaires reconnus dans les domaines d’activité précis auxquels leur formation les avait préparés. La seconde étape, entrée en vigueur en mars 2024, a supprimé (pour les professions non réglementées) l’obligation de faire reconnaître les diplômes étrangers par les autorités compétentes allemandes en vue d’obtenir un visa – et par la suite un permis de séjour spécifique, des droits plus étendus pour travailler et une prolongation des permis d’études. Elle a également assoupli certaines règles concernant la résidence permanente et le regroupement familial. Une autre réforme, la création d’un permis d’un an destiné aux demandeurs d’emploi et baptisé « carte d’opportunité » (Chancenkarte), a pris effet en juin 2024.
En outre, l’expiration de la réglementation relative aux Balkans occidentaux, prévue fin 2023, a été annulée et le quota annuel de visas correspondant a été doublé, passant de 25 000 à 50 000. Cette réglementation permet aux ressortissants des Balkans occidentaux d’obtenir des visas de travail les autorisant à exercer n’importe quel type d’emploi dès lors qu’ils reçoivent une offre d’embauche ferme de la part d’un employeur allemand.
Dans le même temps, le pays a pris des mesures pour endiguer l’immigration irrégulière et assurer une application plus systématique des règles d’expulsion. Une nouvelle loi, entrée en vigueur en décembre 2023, classe la Moldova et la Géorgie parmi les pays d’origine sûrs. Les ressortissants de ces pays se voient appliquer une procédure d’asile accélérée dans la mesure où les recours contre la décision administrative n’ont pas d’effet suspensif et doivent être formés dans un délai légal raccourci. En janvier 2024, le Parlement allemand a par ailleurs adopté la Loi sur l’amélioration du rapatriement. Cette loi supprime le délai de préavis obligatoire d’un mois pour les expulsions, sauf pour les familles ayant de jeunes enfants, et elle porte de 10 à 28 jours la durée maximale de la rétention avant expulsion. Cela confère aux autorités de plus larges pouvoirs pour localiser les personnes à expulser et simplifie l’expulsion des délinquants, des trafiquants d’êtres humains et des membres d’organisations criminelles. La loi porte en outre de 18 mois à trois ans le délai au cours duquel les demandeurs d’asile bénéficient de prestations sociales réduites, et ramène de neuf à six mois le délai de carence avant que les personnes hébergées dans les centres d’accueil puissent avoir accès à l’emploi.
Dans le domaine de l’intégration, le Parlement allemand a adopté une loi visant à simplifier le processus de naturalisation qui est entrée en vigueur en juin 2024. Cette loi réduit de huit à cinq ans (voire à trois ans dans des cas exceptionnels) la durée minimale de séjour requise et permet aux ressortissants allemands d’avoir plusieurs nationalités, ce qui n’était auparavant possible que sous certaines conditions. L’Allemagne a en outre redoublé d’efforts pour combattre les discriminations. En 2023, l’Agence fédérale de lutte contre la discrimination a reçu 5 millions EUR pour soutenir des initiatives de la société civile et mettre en place sur l’ensemble du territoire national un réseau de centres d’aide aux victimes de discriminations dont la gestion est assurée par la société civile.
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