En 2022, l’Estonie a accueilli 14 000 nouveaux immigrés à long terme ou permanents (y compris les changements de statut et la libre circulation), soit 15 % de plus qu’en 2021. Ce chiffre comprend 26 % d’immigrés admis au titre de la libre circulation, 40 % de migrants de travail, 24 % de membres de la famille (y compris la famille accompagnante) et 10 % de migrants humanitaires. Environ 600 permis ont été délivrés à des étudiants en mobilité internationale dans l’enseignement supérieur et 20 000 à des travailleurs migrants temporaires et saisonniers (à l’exclusion de la migration intra-UE). Par ailleurs, 59 000 détachements intra-UE ont été enregistrés en 2022, contre 3 000 en 2021. Ces travailleurs détachés ont généralement des contrats de courte durée.
L’Ukraine, la Russie et la Lettonie étaient les trois principales nationalités des nouveaux arrivants en 2022. Parmi les 15 premiers pays d’origine, l’Ukraine a enregistré la plus forte augmentation (30 000) et l’Allemagne la plus forte diminution (‑87) des flux vers l’Estonie par rapport à l’année précédente.
En 2023, le nombre de primo-demandeurs d’asile a augmenté de 35 %, pour atteindre environ 4 000. La majorité des demandeurs étaient originaires d’Ukraine (3 800), de Russie (75) et de Biélorussie (20). La plus forte augmentation depuis 2022 concerne les ressortissants ukrainiens (1 200) et la plus forte diminution les ressortissants russes (‑100). Sur les 3 990 décisions prises en 2023, 97 % étaient positives.
L’émigration des citoyens estoniens vers les pays de l’OCDE a diminué de 15 % en 2022, pour atteindre 4 200 personnes. Environ 43 % de ce groupe a émigré vers la Finlande, 10 % vers l’Allemagne et 9 % vers la Suède.
En 2023, l’Estonie a poursuivi la réforme de ses politiques d’immigration de travail en vue de faciliter l’embauche de travailleurs étrangers et de faire face aux pénuries de main-d’œuvre. Les modifications de la loi sur les étrangers, entrées en vigueur le 1er janvier 2023, ont établi un nouveau permis de séjour et de travail de courte durée qui n’est pas soumis au quota d’immigration. Par ailleurs, des ajustements ont été apportés aux seuils de salaire pour les professionnels hautement qualifiés, et des incitations à embaucher des travailleurs étrangers ont été mises en place à l’intention des entreprises en croissance, telles qu’elles sont définies par la loi, en vue de retenir ces entreprises en Estonie et de stimuler le développement du secteur technologique.
Des investissements dans les infrastructures numériques ont été réalisés en vue de renforcer la surveillance des flux migratoires et d’assurer le respect de la législation. En 2023, les bases de données du système informatisé de surveillance des migrations (migration surveillance IT-solution – MIGIS) et du système automatisé d’identification biométrique (Automated Biometric Identification System – ABIS) ont vu le jour. Le MIGIS automatise la surveillance et aide ainsi les autorités à faire respecter les lois relatives au séjour et à éviter les infractions. Les contrôles automatiques permettent de savoir au jour le jour quels sont les ressortissants de pays tiers présents en Estonie, accroissant la capacité à réagir rapidement aux infractions ou aux séjours irréguliers. L’ABIS permet de comparer les données biométriques grâce à l’intelligence artificielle, ce qui renforce la fiabilité des procédures de vérification d’identité.
En 2022, à la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, l’Estonie a instauré diverses restrictions à l’entrée et suspendu la délivrance de visas aux ressortissants russes et bélarusses. En 2023, une dérogation a été approuvée afin de permettre aux étudiants, médecins et chercheurs russes et bélarusses déjà présents en Estonie avant la guerre de demander un nouveau permis de séjour. Cette dérogation est subordonnée à la réussite de tous les tests d’estonien requis ou à l’achèvement d’un programme d’étude de la langue estonienne leur assurant un degré de compétence au moins égal au niveau B2. Le personnel enseignant est dispensé de cette exigence linguistique.
Plusieurs évolutions visent à favoriser la cohésion sociale et l’intégration des étrangers en Estonie. Le Plan estonien de développement du bien-être 2023‑30 définit de nombreux objectifs de lutte contre les discriminations et de soutien de la diversité visant à renforcer l’inclusivité et à assurer l’égalité des chances dans le cadre du système de protection sociale. La réalisation de ces objectifs repose sur des initiatives destinées à combattre les discriminations fondées sur le genre, l’appartenance ethnique, l’âge, le handicap, l’orientation sexuelle, etc. Ce plan souligne à quel point il importe de favoriser la diversité et de promouvoir la cohésion sociale à l’aide de politiques et de pratiques inclusives répondant aux divers besoins de tous les individus au sein de la société.
L’Estonie a également lancé le service : « S’établir en Estonie », un nouveau parcours d’adaptation destiné aux nouveaux arrivants qui repose sur les outils numériques. Ce service accessible à travers la plateforme des services publics (eesti.ee) offre aux nouveaux immigrants un parcours intégral qui les préparera à faire face aux divers aspects de leur établissement en Estonie. Il s’agit d’une plateforme centralisée où les nouveaux arrivants peuvent trouver des informations, des conseils, et un soutien en matière d’enregistrement de leur lieu de résidence, d’apprentissage de la langue, d’intégration culturelle, d’éducation, de santé, de conduite, et de prestations sociales.
Pour plus d’informations : www.kul.ee | www.siseministeerium.ee | www.politsei.ee | www.emn.ee