En 2022, l’Italie a accueilli 235 000 nouveaux immigrés à long terme ou permanents (y compris les changements de statut et la libre circulation), soit 15 % de plus qu’en 2021. Ce chiffre comprend 21 % d’immigrés admis au titre de la libre circulation, 24 % de migrants de travail, 52 % de membres de la famille (y compris la famille accompagnante) et 2 % de migrants humanitaires. Environ 25 000 permis ont été délivrés à des étudiants en mobilité internationale dans l’enseignement supérieur et 7 600 à des travailleurs migrants temporaires et saisonniers (à l’exclusion de la migration intra-UE). Par ailleurs, 133 000 détachements intra-UE ont été enregistrés en 2022, soit une augmentation de 23 % par rapport à 2021. Ces travailleurs détachés ont généralement des contrats de courte durée.
La Roumanie, l’Ukraine et l’Albanie étaient les trois principales nationalités des nouveaux arrivants en 2022. Parmi les 15 premiers pays d’origine, l’Ukraine a enregistré la plus forte augmentation (21 000) et le Nigeria la plus forte diminution (‑200) des flux vers l’Italie par rapport à l’année précédente.
En 2023, le nombre de primo-demandeurs d’asile a augmenté de 69 %, pour atteindre environ 131 000. La majorité des demandeurs étaient originaires du Bangladesh (23 000), de l’Égypte (18 000) et du Pakistan (17 000). La plus forte augmentation depuis 2022 concerne les ressortissants égyptiens (9 300) et la plus forte diminution les ressortissants géorgiens (‑200). Sur les 46 000 décisions prises en 2023, 48 % étaient positives.
L’émigration des citoyens italiens vers les pays de l’OCDE a augmenté de 14 % en 2022, pour atteindre 152 000 personnes. Environ 32 % de ce groupe a émigré vers l’Espagne, 14 % vers l’Allemagne et 12 % vers la Suisse.
L’Italie a mis en œuvre en 2023 une série de mesures législatives en matière d’immigration. Ces mesures ont dans l’ensemble consisté en un durcissement des politiques migratoires nationales, avec des approches plus strictes et plus restrictives de l’immigration et de l’asile, mais aussi avec certaines dispositions destinées à faciliter l’admission des travailleurs.
Un nouveau décret‑loi qui a pris effet en mars 2023 a modifié les réglementations applicables aux navires participant à des opérations de recherche et de sauvetage dans les eaux territoriales du pays. Dans le prolongement des décrets antérieurs, la loi no 50 du 5 mai 2023 a adopté un ensemble de dispositions visant à faciliter l’entrée de travailleurs tout en décourageant les arrivées irrégulières par les routes d’immigration clandestine, grâce notamment à une réforme de la procédure d’asile et du système d’accueil. Un décret a par la suite instauré de nouvelles restrictions en octobre 2023. Les réformes ont notamment consisté à limiter les possibilités de bénéficier d’une protection internationale en établissant une « procédure pour les demandes manifestement infondées » et en dressant une liste de pays considérés comme sûrs. Pour les demandeurs de ces pays, la réglementation renverse la charge de la preuve et permet d’accélérer la procédure d’asile à la frontière. Le statut de « protection spéciale », une forme de protection complémentaire mise en place pour couvrir diverses situations après la suppression du permis de protection humanitaire fin 2018, ne peut à présent être demandé que par les migrants dont les droits fondamentaux pourraient ne pas être respectés dans leur pays d’origine. Il ne peut plus être converti en permis de séjour à des fins d’emploi. La nouvelle loi modifie également le système d’accueil des demandeurs d’asile et les mesures d’intégration connexes, limitant les durées de séjour dans les centres d’accueil et l’éventail des services d’accompagnement qui sont offerts. Les mineurs non accompagnés ne peuvent désormais convertir leurs titres de séjour qu’en permis d’études, de recherche d’emploi ou de travail d’une validité maximale d’un an. En novembre 2023, l’Italie a passé un accord avec l’Albanie en vue de la création et de la gestion dans ce dernier pays de deux centres de rétention pour les personnes secourues en mer par des navires italiens.
Afin de remédier aux pénuries de main-d’œuvre, la mise en place d’un quota supplémentaire de 40 000 travailleurs saisonniers dans le secteur de l’agriculture et celui de l’hôtellerie et de la restauration a été annoncée en août 2023. En octobre 2023, l’Italie a approuvé les quotas d’admission de migrants de travail pour la période triennale 2023‑25. Ces quotas ont été fixés à 136 000 personnes pour 2023, 151 000 pour 2024 et 165 000 pour 2025, en forte augmentation par rapport aux niveaux antérieurs (69 700 en 2021 et 75 000 en 2022). La durée maximale des titres de séjour délivrés au titre d’un travail permanent, d’une activité indépendante ou d’un regroupement familial a été portée de deux à trois ans après le premier renouvellement. Depuis juillet 2023, une modification de la législation permet aux ressortissants de pays non membres de l’UE de travailler dès l’obtention d’un visa de travail et leur entrée en Italie, avant même d’avoir signé le contrat de séjour. Cette réforme s’applique également aux titulaires de la carte bleue européenne, aux personnes faisant l’objet d’un transfert temporaire intragroupe, y compris entre pays de l’UE, ainsi qu’aux travailleurs saisonniers.
Un accord signé en mars 2024 entre l’Italie et la Tunisie vise à faciliter l’entrée de 12 000 travailleurs tunisiens sur une période de trois ans afin de remédier aux pénuries de main-d’œuvre en Italie. Un précédent accord prévoit également l’application d’une procédure d’entrée simplifiée pour les ressortissants tunisiens, ainsi qu’une possibilité de séjour prolongé pour les travailleurs tunisiens. Un accord conclu en avril 2024 a mis en route un projet pilote d’un an en vue de créer des « corridors » qui faciliteraient l’entrée de 300 travailleurs, principalement en provenance de Libye.
Pour plus d’informations : www.lavoro.gov.it/ | www.integrazionemigranti.gov.it/