Ana Damas de Matos (OCDE), Yves Breem (OCDE) et Anastasia Demidova (OCDE)
Perspectives des migrations internationales 2024
4. L’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de 4. L’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDEAbstract
Le présent chapitre dresse un bilan de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE depuis le milieu des années 2000. Il fait état du poids croissant des immigrés parmi les entrepreneurs et de leur incidence sur l’innovation et la création d’emplois. Il s’intéresse ensuite à l’entrepreneuriat comme moyen pour la population immigrée de contourner les difficultés d’accès à l’emploi salarié, puis à la manière dont les plateformes numériques et les nouvelles formes de travail ont changé l’entrepreneuriat pour les immigrés. La dernière partie porte sur les politiques publiques de soutien aux entrepreneurs immigrés mises en œuvre dans les pays de l’OCDE.
En bref
Copier le lien de En brefPrincipaux résultats
Le débat public concernant l’incidence des migrations sur le marché du travail tourne généralement autour de la concurrence pour les emplois entre les immigrés et les actifs nés dans le pays. Or, les immigrés ne sont pas seulement des travailleurs concurrents, mais aussi des employeurs.
En 2022, l’OCDE comptait 10 millions de migrants entrepreneurs. Les immigrés représentaient 17 % des travailleurs indépendants en moyenne dans les pays de l’OCDE, contre 11 % en 2006. L’augmentation de la population immigrée dans l’OCDE explique 80 % de l’augmentation de la part des immigrés parmi les entrepreneurs, tandis que 20 % sont dus au fait que les immigrés sont de plus en plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants.
Dans deux tiers des pays de la zone OCDE, les immigrés sont en moyenne plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays. En 2022, 13.8 % des actifs occupés nés à l’étranger contre 13.4 % de ceux nés dans le pays exerçaient une activité indépendante, en moyenne dans 37 pays de l’OCDE. On observe toutefois des écarts marqués entre les pays.
Les immigrés exercent beaucoup plus souvent une activité indépendante que les personnes nées dans le pays en Colombie (+7 points de pourcentage), dans les pays d’Europe centrale et orientale (+5 points de pourcentage), au Canada et aux États‑Unis ainsi qu’au Portugal et en Espagne (+3 à 4 points de pourcentage). À l’inverse, ils sont généralement moins enclins à travailler en indépendants au Japon et en Corée (‑3 points de pourcentage et ‑14 points de pourcentage), en Grèce et en Italie (‑5 à 6 points de pourcentage) ainsi qu’en Islande (‑7 points de pourcentage).
La création d’emplois grâce à l’entreprenariat des immigrés est importante. Un simple calcul montre qu’entre 2011 et 2021, plus de 3.9 millions d’emplois ont été créés grâce au travail indépendant des immigrés dans les 25 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles. Cela correspond à 15 % de la croissance totale de l’emploi au cours de ces années.
Un immigré d’âge actif crée en moyenne 0.2 emploi par le biais de l’emploi indépendant. Dans certains pays, les immigrés créent beaucoup plus d’emplois, comme en Colombie (0.7), en Tchéquie (0.3) ou aux États-Unis (0.4).
Les entrepreneurs immigrés créent des emplois dans tous les secteurs d’activité, mais sont surreprésentés parmi les entrepreneurs dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration et des transports et de l’entreposage dans toutes les régions de l’OCDE pour lesquelles des données sont disponibles.
Les entreprises immigrées sont similaires à celles des entrepreneurs nés dans le pays en termes d’innovation et de R&D dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, comme le Canada ou les États-Unis. Par conséquent, les immigrés ont tendance à contribuer de manière disproportionnée à l’innovation, étant donné qu’ils sont plus susceptibles d’être des entrepreneurs.
La contribution des immigrés à l’emploi est entravée par le fait que la plupart des entrepreneurs, qu’ils soient nés à l’étranger ou dans le pays, sont des travailleurs indépendants. Les immigrés sont plus souvent des travailleurs indépendants sans salarié que leurs homologues nés dans le pays dans deux tiers des pays de l’OCDE, un écart qui ne tient ni aux caractéristiques individuelles ni au secteur d’activité.
L’exercice d’une activité indépendante reste pour les immigrés un moyen de contourner les difficultés d’accès à l’emploi salarié. Dans deux tiers des pays, les immigrés exerçant nouvellement une activité indépendante sont plus susceptibles d’avoir été précédemment au chômage. Les immigrés sont également plus susceptibles de déclarer avoir choisi le travail indépendant en raison des difficultés à trouver un emploi salarié dans les pays de l’OCDE de l’UE/AELE.
En outre, les immigrés sont plus susceptibles d’abandonner une activité indépendante que les personnes nées dans le pays et, en particulier, de se retrouver au chômage. Dans certains pays, les immigrés sont plus de 50 % plus susceptibles de quitter le travail indépendant que les personnes nées dans le pays, notamment en Grèce, en Autriche, au Danemark, en Suisse et au Portugal.
Il ressort de données récentes concernant le Canada et les États‑Unis que les immigrés exercent plus souvent un travail à la demande ou un travail de plateforme que les personnes nées dans le pays. Ces nouvelles formes de travail sont préoccupantes dans la mesure où les travailleurs, qu’ils soient nés à l’étranger ou dans le pays, sont déclarés en tant que travailleurs indépendants alors que leurs conditions de travail sont, dans bon nombre de cas, très proches de celles des salariés.
Seul un tiers des entrepreneurs immigrés de l’OCDE sont des femmes. Cette proportion est similaire à celle des entrepreneurs nés dans le pays. Dans la plupart des pays, les femmes immigrées entrepreneurs sont plus susceptibles que les hommes de travailler à leur compte. En outre, dans l’UE‑AELE, les femmes immigrées exerçant une activité indépendante sont plus susceptibles de déclarer qu’elles préféreraient travailler en tant que salariées. Dans certains pays, cet écart entre les femmes immigrées et les femmes nées dans le pays est particulièrement important, comme en Belgique ou en Suisse.
Des programmes et initiatives nationaux de soutien à l’entrepreneuriat immigré sont en place dans presque tous les pays de l’OCDE. En revanche, peu de pays de l’OCDE proposent des services destinés aux immigrés dans leur offre générale de soutien à l’entrepreneuriat.
Les programmes d’accompagnement des entrepreneurs immigrés aux différentes étapes de la création d’une entreprise, par la formation, le mentorat, les conseils juridiques et l’accès aux financements se sont imposés en bonnes pratiques et sont en place dans plusieurs pays de l’OCDE, comme l’Italie ou l’Irlande.
Poussés par les grandes vagues de migration humanitaire des dix dernières années, les pays de l’OCDE ont mis en œuvre des programmes en faveur de l’intégration de cette catégorie de migrants par le biais de l’entrepreneuriat. Ceux destinés aux femmes d’Ukraine en Estonie et aux immigrés vénézuéliens en Colombie en sont deux exemples.
Dans le débat public sur l’incidence économique des migrations, les pays de l’OCDE ne doivent pas sous-estimer le potentiel des migrants en tant que propriétaires d’entreprises, mais veiller à la réalisation de ce potentiel en leur apportant le soutien nécessaire.
Introduction
Copier le lien de IntroductionL’analyse de l’impact des migrations sur le marché du travail porte en général principalement sur l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre. Les immigrés sont des travailleurs supplémentaires, qui font concurrence à la main-d’œuvre locale. Or, bon nombre d’entre eux démarrent une activité indépendante, créant ainsi des emplois pour eux-mêmes et pour d’autres.
L’incidence positive des migrations sur la création d’emplois et l’innovation par le biais de l’entrepreneuriat est une question qui intéresse les pays de l’OCDE depuis une dizaine d’années. Dans le contexte de la course mondiale aux talents, la plupart d’entre eux ont mis en place des catégories d’entrée dédiées aux entrepreneurs et des programmes d’immigration pour attirer depuis l’étranger les start-up et les entrepreneurs à fort potentiel (OCDE, 2022[1] ; 2023[2]). Les entrepreneurs immigrés qui entrent dans un pays par ces voies ne représentent néanmoins qu’une faible proportion de l’ensemble des entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDE.
L’entrepreneuriat immigré recouvre des réalités très diverses, allant des personnes travaillant pour leur propre compte aux fondateurs de grandes entreprises de haute technologie. Si les migrants sont surreprésentés parmi les fondateurs des entreprises les plus prospères de la zone OCDE, le choix du travail indépendant pour contourner les difficultés d’insertion professionnelle dans le pays d’accueil demeure une réalité pour bon nombre d’entre eux, et surtout pour les plus vulnérables. La métamorphose qu’a connue le monde du travail ces deux dernières décennies, sous l’effet de la transformation numérique et du développement du travail de plateforme et du travail à la demande, a encore complexifié les réalités de l’entrepreneuriat immigré.
Ce chapitre a pour but de donner une vue d’ensemble détaillée de l’entrepreneuriat des immigrés dans les pays de l’OCDE au cours des 16 dernières années, c’est-à-dire de 2006, juste avant la crise financière, à 2022 et la reprise post-pandémie de COVID‑19.
Il commence par un état des lieux de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE, avant de dresser un profil des entrepreneurs immigrés par rapport aux entrepreneurs nés dans le pays. La deuxième partie porte sur la contribution économique de l’entrepreneuriat immigré en matière d’innovation et d’emploi. Le chapitre s’intéresse ensuite, en troisième partie, aux données factuelles sur le travail indépendant en tant que moyen d’insertion professionnelle des immigrés dans le pays d’accueil. Enfin, la dernière section examine les obstacles juridiques à l’entrepreneuriat des immigrés ainsi que les politiques d’accompagnement de ces entrepreneurs dans les pays de l’OCDE.
Ampleur de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Ampleur de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDEQu’est-ce qu’un entrepreneur immigré ?
Il n’existe pas de définition unique de l’entrepreneuriat. En revanche, il existe toute une série de définitions de ce qu’est un entrepreneur. Au sens étroit, les entrepreneurs sont les fondateurs de nouvelles entreprises innovantes qui se développent rapidement, sur le plan à la fois de l’emploi et de la production, et qui stimulent ainsi la croissance économique nationale1. Au sens large, cependant, les entrepreneurs sont les personnes « qui démarrent », c’est-à-dire les créateurs d’entreprises de toutes tailles, qui réussissent ou non (Goetz et al., 2015[3]).
Certaines études sur l’entrepreneuriat immigré se concentrent sur les entreprises et définissent les entreprises immigrées comme des entreprises dont le fondateur est immigré. Ces études ont tendance à utiliser des données par entreprise pour étudier les taux de création et les résultats des nouvelles activités (survie, croissance de l’emploi et des recettes, innovation, etc.). Cependant les données d’enquêtes ou les données administratives par entreprise livrent des informations sur les fondateurs dans quelques cas seulement. Des travaux récents ont aligné plusieurs sources de données administratives afin d’obtenir des informations plus détaillées sur les fondateurs des entreprises, et plus particulièrement sur leur pays de naissance. Malheureusement, de telles données ont été mobilisés uniquement aux États‑Unis et au Canada et ne se prêtent donc pas à des comparaisons internationales. Voir l’Annexe 4.A pour en savoir plus sur les sources de données concernant l’entrepreneuriat immigré.
La plupart des études sur l’entrepreneuriat, et plus particulièrement sur l’entrepreneuriat immigré, identifient les entrepreneurs comme des travailleurs indépendants (Fairlie et Lofstrom, 2015[4]). Ce choix tient en partie à la disponibilité de données. Les enquêtes auprès des individus et des ménages ne manquent pas d’informations sur le travail indépendant, ce qui permet d’étudier les caractéristiques des personnes concernées, leur position et leurs résultats sur le marché du travail. Bon nombre d’enquêtes auprès des individus et des ménages (ex. les enquêtes sur la population active) recueillent des informations sur le pays de naissance, grâce auxquelles les immigrés qui exercent une activité indépendante peuvent être repérés.
Le concept de travail indépendant englobe des activités très différentes pouvant avoir un caractère plus ou moins « entrepreneurial », au sens familier du terme. Le propriétaire d’une petite entreprise, le travailleur intellectuel ou l’artisan qui travaille à son compte, le fondateur d’une start-up ou le travailleur de plateforme peuvent tous être considérés comme des travailleurs indépendants. Il reste à voir si le travail indépendant donne une indication fiable de l’entrepreneuriat. Les deux concepts ne se confondent que partiellement. D’un côté, certains travailleurs indépendants ne seraient pas considérés comme des entrepreneurs. Par exemple, le propriétaire d’une entreprise peut l’avoir achetée ou héritée et ne pas en être le fondateur. De l’autre, certains entrepreneurs ne sont pas des travailleurs indépendants. Les fondateurs de grandes entreprises en sont parfois aussi le principal dirigeant et sont donc considérés comme des salariés.
Le développement d’outils et de plateformes numériques abordables ainsi que l’apparition de nouvelles formes de travail ont rendu encore plus imprécis le concept et la mesure du travail indépendant. Démarrer une entreprise est moins coûteux grâce à des outils et plateformes numériques qui permettent d’atteindre des clients potentiels comme jamais auparavant. C’est ce qui a favorisé l’entrepreneuriat à petite échelle, parfois à temps partiel et en tant qu’activité secondaire. Malgré leur nature entrepreneuriale, ces activités ne sont pas entièrement mesurées dans les sources de données habituelles (les enquêtes auprès des ménages, par exemple)2.
D’autre part, l’apparition de plateformes numériques ces dix dernières années a entraîné le développement du travail de plateforme3, c’est-à-dire la mise en relation des travailleurs et des clients par des plateformes numériques (applications ou sites web), que le travail soit ou non numérique . Si le travail de plateforme, appelé « travail à la demande »4, est irrégulier pour certains travailleurs et souvent ignoré dans les enquêtes habituelles (Hardy, 2024[5] ; Bracha et Burke, 2021[6]), il constitue pour d’autres leur principale source de revenus. Ces derniers sont alors généralement considérés comme des travailleurs indépendants, même si leurs conditions de travail sont souvent très proches de celles des travailleurs salariés. Cette situation a ravivé les préoccupations des responsables publics concernant le faux travail indépendant5.
La mesure de l’entrepreneuriat précoce, celle de l’entrepreneuriat en tant qu’activité secondaire et celle du faux travail indépendant associé au travail de plateforme sont autant de domaines dans lesquels des recherches sont en cours ; recherches qui s’avéreront par ailleurs importantes pour mieux mesurer, et donc comprendre, l’entrepreneuriat immigré. Il ressort en effet des données factuelles récentes de certains pays de l’OCDE que ce sont plus souvent les immigrés qui travaillent à la demande et par l’intermédiaire de plateformes numériques (Picot et Ostrovsky, 2021[7] ; Atkins, Brummet et Johnson, 2023[8]).
L’analyse empirique livrée dans le présent chapitre repose en très grande partie sur les enquêtes sur la population active (EPA) des pays de l’OCDE et s’intéresse aux personnes qui exercent un travail indépendant en tant qu’activité principale6. Les données de ces enquêtes présentent plusieurs avantages : tous les pays de l’OCDE inclus utilisent la définition du travail indépendant donnée par l’Organisation internationale du Travail7 ; elles permettent de repérer les immigrés ; et elles livrent des informations détaillées sur les caractéristiques démographiques des individus ainsi que sur leur situation professionnelle, et ce de manière comparable entre les pays. Pour remédier à l’hétérogénéité des travailleurs indépendants, l’analyse examine également les différents types d’activité indépendante avec et sans salariés, ou avec ou sans constitution en société. Elle est par ailleurs complétée par des publications récentes sur l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE s’appuyant sur d’autres ensembles de données et d’autres concepts.
Les immigrés représentent 17 % des entrepreneurs dans les pays de l’OCDE, en moyenne en 2022, contre 11 % en 2006
En 2022, en moyenne dans les pays de l’OCDE, les immigrés représentaient 16.6 % des travailleurs indépendants (Graphique 4.1) et 15.7 % de la population salariée. Ils sont surreprésentés parmi les travailleurs indépendants dans 25 pays de l’OCDE sur 36, relativement à leur proportion de la population salariée (Graphique d’annexe 4.B.1).
Chose peu surprenante, les différences de proportion de personnes nées à l’étranger parmi les travailleurs indépendants observées d’un pays à l’autre correspondent en grande partie (87 %) aux différences de proportion d’immigrés parmi la population active occupée. Les 13 % restants tiennent à des différences de probabilité relative (personnes nées à l’étranger/dans le pays) de travail indépendant. Si les immigrés affichaient le même taux de travail indépendant dans tous les pays, et si toutes les personnes nées dans chacun des pays affichaient elles aussi le même taux de travail indépendant, la variance dans la proportion de personnes nées à l’étranger parmi les travailleurs indépendants serait de 87 % de la variance réelle observée entre les pays.
Entre 2006 et 2022, la part d’immigrés parmi les entrepreneurs a augmenté dans presque tous les pays de l’OCDE, en raison de l’augmentation de la part d’immigrés dans la population occupée. Celle‑ci est passée de 11 % en 2006 à 16 % en 2022, en moyenne dans les 27 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données pour les deux années, ce qui explique cinq des 6 points de pourcentage d’augmentation moyenne de la part d’immigrés parmi les travailleurs indépendants8.
L’augmentation de la population de travailleurs indépendants immigrés est forte en nombre absolu. De 2006 à 2022, le nombre de travailleurs indépendants immigrés a augmenté de 50 % ou plus dans 20 pays et doublé ou plus dans 13 pays (Tableau d’annexe 4.B.1). En 2022, le nombre de travailleurs indépendants immigrés dans les pays de l’OCDE est estimé à 10 millions.
Dans deux tiers des pays de l’OCDE, les immigrés travaillent plus souvent à leur compte que les personnes nées dans le pays
En 2022, 13.8 % des actifs occupés nés à l’étranger contre 13.4 % de ceux nés dans le pays travaillaient à leur compte en moyenne dans 37 pays de l’OCDE (Tableau 4.1). Bien que la différence soit peu importante en moyenne, on constate une forte hétérogénéité entre les pays. Dans 17 de ces 37 pays, la différence absolue de taux de travail indépendant entre les personnes nées à l’étranger et nées dans le pays est de 2 points de pourcentage ou plus.
Dans environ deux tiers des pays de l’OCDE, le taux de travail indépendant est plus élevé pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées dans le pays. Les plus grandes différences sont observées en Colombie (+7 points de pourcentage), dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale – Hongrie, République slovaque, Tchéquie – (+5 points de pourcentage) ainsi qu’en Espagne et aux États‑Unis (+3 à 4 points de pourcentage). En Colombie, le taux de travail indépendant des immigrés s’établissait à 45 %, soit le plus élevé de la zone OCDE et 7 points de pourcentage de plus que le taux de travail indépendant de la population née dans le pays. Ce chiffre tient au taux élevé de travailleurs indépendants vénézuéliens, les Vénézuéliens représentant environ 90 % de la population immigrée en Colombie. Dans d’autres pays d’Amérique latine membres de l’OCDE, le taux de travail indépendant des personnes nées à l’étranger est élevé en moyenne, mais proche de celui de la population née dans le pays.
Inversement, les immigrés sont beaucoup moins souvent des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays en Corée et au Japon, mais aussi en Grèce et en Italie ainsi qu’en Islande9. Au Japon et en Corée, le taux de travailleurs indépendants parmi les immigrés compte parmi les plus faibles de l’OCDE, à environ 5 %. L’écart est particulièrement important en Corée, où la population née dans le pays affiche un taux de travailleurs indépendants élevé (18.7 %). Le taux de travailleurs indépendants immigrés est également faible en Islande, nouveau pays de destination des migrants de travail salariés principalement. La Grèce et l’Italie enregistrent des taux de travailleurs indépendants immigrés plus élevés (16.4 % et 13.7 %), mais les taux de travailleurs indépendants parmi la population née dans ces pays sont eux aussi relativement hauts (21 % et 19.8 %).
Tableau 4.1. L’écart du taux de travailleurs indépendants entre personnes nées à l’étranger et dans le pays varie considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autre
Copier le lien de Tableau 4.1. L’écart du taux de travailleurs indépendants entre personnes nées à l’étranger et dans le pays varie considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autreTaux de travailleurs indépendants, 2022, pourcentage
|
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Écart (Nées à l’étranger-Nées dans le pays) |
---|---|---|---|
COL |
46.2 |
38.8 |
7.4 |
SVK |
19.9 |
14.3 |
5.6 |
HUN |
16.0 |
10.6 |
5.4 |
CZE |
19.8 |
15.0 |
4.8 |
USA |
12.3 |
8.2 |
4.1 |
ESP |
17.2 |
13.6 |
3.6 |
PRT |
15.1 |
11.9 |
3.3 |
LUX |
9.8 |
6.7 |
3.0 |
FIN |
12.5 |
9.4 |
3.0 |
CAN |
13.9 |
11.0 |
2.9 |
GBR |
13.8 |
11.6 |
2.2 |
LTU |
11.8 |
9.8 |
2.0 |
NLD |
16.0 |
14.1 |
1.9 |
FRA |
12.7 |
10.9 |
1.8 |
NOR |
4.1 |
3.2 |
0.8 |
DNK |
7.6 |
7.0 |
0.6 |
EST |
10.1 |
9.6 |
0.5 |
DEU |
7.8 |
7.3 |
0.5 |
AUS |
16.3 |
15.9 |
0.4 |
MEX |
24.7 |
24.3 |
0.4 |
CRI |
23.8 |
23.6 |
0.2 |
CHE |
12.5 |
12.4 |
0.2 |
BEL |
14.2 |
14.0 |
0.2 |
AUT |
8.9 |
8.9 |
0.0 |
IRL |
10.2 |
10.4 |
‑0.3 |
SVN |
10.0 |
10.4 |
‑0.4 |
NZL |
16.2 |
16.6 |
‑0.4 |
POL |
12.3 |
12.9 |
‑0.6 |
SWE |
7.5 |
8.1 |
‑0.6 |
ISR |
10.7 |
11.3 |
‑0.7 |
LVA |
7.6 |
8.8 |
‑1.2 |
CHL |
23.4 |
25.6 |
‑2.2 |
JPN |
5.0 |
8.5 |
‑3.5 |
GRC |
16.4 |
21.0 |
‑4.6 |
ITA |
13.7 |
19.8 |
‑6.1 |
ISL |
4.8 |
11.6 |
‑6.9 |
KOR |
4.9 |
18.7 |
‑13.8 |
Moyenne OCDE (37) |
13.8 |
13.4 |
0.4 |
Source : EFT-UE 2022; Enquête sur la population active du Royaume‑Uni (EPA Royaume‑Uni) 2021; CPS ASEC 2022; Australie, Characteristics of Employment 2022; CASEN 2022; GEIH 2022; ECE 2022; ENOE 2022; EPA Canada 2022; EPA Nouvelle‑Zélande 2021; Enquête sur la population active d’Israël (EPA Israël) 2020; Japon, recensement de la population 2020; SILCLF 2021 & EAPS 2021.
Pendant cette période, le taux de travailleurs indépendants dans l’ensemble de la population occupée a baissé en Australie, dans l’UE‑AELE et aux États‑Unis (Graphique 4.2) ; une tendance observée dans les études sur le travail indépendant10. Aux États-Unis, le taux de création d’entreprises est resté faible tout au long des années 2010 jusqu’à la pandémie de COVID‑19 (Decker et Haltiwanger, 2023[9]). Dans l’UE ce déclin tient à un déséquilibre entre les sorties du marché du travail parmi les travailleurs indépendants âgés et un taux relativement faible de création de nouveaux emplois indépendants (Commission européenne, 2015[10]). Au Royaume‑Uni, en revanche, le travail indépendant a augmenté après la crise financière de 2008‑09, et jusqu’en 2019. Il a ensuite accusé une chute brutale au moment de la pandémie de COVID‑19, un grand nombre de personnes ayant quitté le travail indépendant pour devenir salariées11.
Le taux de travail indépendant des personnes nées à l’étranger n’a pas évolué de la même façon que celui des personnes nées dans le pays. L’écart entre les travailleurs indépendants nés à l’étranger et ceux nés dans le pays s’est légèrement resserré en Australie et dans l’UE‑AELE, tandis qu’il s’est creusé aux États‑Unis.
Les caractéristiques individuelles n’expliquent pas les différences de taux de travailleurs indépendants entre la population née à l’étranger et celle née dans le pays
Dans la plupart des pays de l’OCDE, les immigrés sont plus susceptibles d’exercer une activité indépendante que les personnes nées dans le pays (Tableau 4.1). Pour déterminer dans quelle mesure ces écarts sont imputables à des différences des caractéristiques de ces deux groupes, le Tableau 4.2 présente les résultats d’une décomposition d’Oaxaca du taux d’emploi indépendant. La différence de taux de travailleurs indépendants entre la population née l’étranger et celle née dans le pays est décomposée en une partie « expliquée » due aux différences de caractéristiques entre les deux populations (âge, genre, éducation et composition des ménages) et une partie « inexpliquée » due aux différences de probabilité de travail indépendant à caractéristiques constantes.
Tableau 4.2. Les caractéristiques individuelles n’expliquent pas les différences de taux de travailleurs indépendants entre les personnes nées à l’étranger et celles nées dans le pays
Copier le lien de Tableau 4.2. Les caractéristiques individuelles n’expliquent pas les différences de taux de travailleurs indépendants entre les personnes nées à l’étranger et celles nées dans le paysDécomposition de la différence entre le taux de travailleurs indépendants des personnes nées à l’étranger et dans le pays
|
Allemagne |
France |
Espagne |
Royaume‑Uni |
États-Unis |
---|---|---|---|---|---|
Nées dans le pays |
7.4*** |
10.6*** |
13.9*** |
13.6*** |
8.1*** |
(0.1) |
(0.2) |
(0.2) |
(0.1) |
(0.1) |
|
Nées à l’étranger |
7.7*** |
12.5*** |
16.1*** |
16.5*** |
11.6*** |
(0.2) |
(0.4) |
(0.6) |
(0.4) |
(0.2) |
|
Différence (Nées dans le pays-Nées à l’étranger) |
‑0.4** |
‑1.9*** |
‑2.2*** |
‑2.9*** |
‑3.6*** |
(0.2) |
(0.5) |
(0.6) |
(0.4) |
(0.2) |
|
Expliquée |
0.2*** |
‑0.4*** |
0.2* |
0.0 |
‑1.4*** |
(0.1) |
(0.1) |
(0.1) |
(0.1) |
(0.1) |
|
Non expliquée |
‑0.6*** |
‑1.5*** |
‑2.4*** |
‑3.0*** |
‑2.1*** |
(0.2) |
(0.5) |
(0.6) |
(0.4) |
(0.3) |
Note : Décomposition d’Oaxaca fondée sur des modèles de probabilité linéaire du taux d’emploi non salarié. Les variables de contrôle sont les effets fixes par année, l’âge, le genre, le niveau d’études, et le nombre d’enfants dans le ménage. Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur 2018‑19.
Source : EFT-UE 2018‑19 et 2021‑22; CPS ASEC 2021‑22.
Dans les cinq pays considérés, les personnes nées à l’étranger sont plus susceptibles d’exercer une activité indépendante que les personnes nées dans le pays. Les différences vont de 3.6 points de pourcentage aux États‑Unis à 0.4 point en Allemagne.
Les différences de caractéristiques (âge, genre, éducation et composition des ménages) (le terme « expliquées » dans le Tableau 4.2) représentent 1.4 point de pourcentage (c’est-à-dire 39 %=1.4/3.6) de la différence observée de travail indépendant (3.6 points de pourcentage) entre les deux groupes aux États‑Unis et 0.4 point de pourcentage (c’est-à-dire 21 %=0.4/1.9) en France.
Dans les autres pays, les différences de composition n’expliquent pas du tout le taux plus élevé de travailleurs indépendants chez les immigrés, comme au Royaume‑Uni ; elles atténuent même les différences entre la propension au travail indépendant des personnes nées dans le pays et celles nées à l’étranger, comme en Allemagne et en Espagne.
Quels sont les immigrés les plus susceptibles d’exercer une activité indépendante ?
Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE, le taux de travailleurs indépendants originaires de pays tiers est légèrement inférieur à celui des immigrés originaires de l’UE
Dans les pays de l’OCDE, de l’UE et de l’AELE, 65 % des immigrants indépendants sont nés dans un pays tiers. Les différences entre les pays reflètent largement les différences dans la composition du pays d’origine des populations migrantes des pays d’accueil (Graphique d’annexe 4.B.2).
Les immigrés nés dans d’autres pays de l’Union et de l’Association bénéficient de la libre circulation et rencontrent peu d’obstacles à l’entrepreneuriat pour plusieurs raisons, notamment le libre accès au marché du travail et un accès potentiellement plus facile aux financements. D’autre part, les immigrés libres de circuler sont moins susceptibles de se voir contraints de devenir des travailleurs indépendants étant donné qu’ils ont moins de difficultés à obtenir un emploi salarié.
Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE, le taux de travailleurs indépendants des immigrés non originaires de l’UE (11.6 %) était marginalement plus bas que celui des immigrés originaires de l’UE (11.9 %) et celui de la population née dans ces pays (12.0 %) (Tableau 4.3). Le taux de travailleurs indépendants des immigrés originaires de l’UE étaient, comparativement à ceux des immigrés de pays tiers, particulièrement élevés en Grèce, au Portugal et en Espagne ainsi qu’en Belgique et en France. Celui des immigrés originaires de pays tiers est particulièrement élevé en Tchéquie et en Hongrie par rapport à celui des personnes nées dans le pays.
Tableau 4.3. Les immigrés intra-Européens et ceux des pays tiers ont des taux de travailleurs indépendants similaires dans les pays de l’UE‑AELE
Copier le lien de Tableau 4.3. Les immigrés intra-Européens et ceux des pays tiers ont des taux de travailleurs indépendants similaires dans les pays de l’UE‑AELETaux d’emploi indépendant, 2022, pourcentage
|
Taux d’emploi indépendant |
||||
---|---|---|---|---|---|
|
Non-UE |
UE |
Nées dans le pays |
Écart (Non-UE – Nées dans le pays) |
Écart (UE – Nées dans le pays) |
AUT |
8.9 |
9.0 |
8.9 |
0.0 |
0.1 |
BEL |
13.1 |
15.5 |
14.0 |
‑0.9 |
1.5 |
CHE |
13.8 |
11.6 |
12.4 |
1.5 |
‑0.8 |
CZE |
22.9 |
16.1 |
15.0 |
7.9 |
1.1 |
DEU |
7.6 |
8.2 |
7.3 |
0.3 |
0.9 |
DNK |
7.8 |
7.4 |
7.0 |
0.8 |
0.4 |
ESP |
16.2 |
20.1 |
13.6 |
2.6 |
6.5 |
FIN |
12.4 |
12.6 |
9.4 |
2.9 |
3.2 |
FRA |
12.1 |
14.9 |
10.9 |
1.2 |
4.0 |
GBR |
17.8 |
16.5 |
13.9 |
3.9 |
2.6 |
GRC |
15.2 |
19.9 |
21.0 |
‑5.7 |
‑1.1 |
HUN |
17.4 |
15.1 |
10.6 |
6.8 |
4.5 |
IRL |
11.0 |
8.8 |
10.4 |
0.6 |
‑1.6 |
ITA |
13.6 |
13.7 |
19.8 |
‑6.1 |
‑6.1 |
LUX |
9.1 |
9.9 |
6.7 |
2.4 |
3.2 |
NLD |
16.4 |
15.1 |
14.1 |
2.3 |
1.0 |
PRT |
14.5 |
17.3 |
11.9 |
2.6 |
5.4 |
SVN |
8.8 |
15.2 |
10.4 |
‑1.6 |
4.8 |
SWE |
7.1 |
8.8 |
8.1 |
‑1.1 |
0.7 |
Total UE‑AELE |
11.6 |
11.9 |
12.0 |
‑0.4 |
‑0.1 |
Note : Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur l’année 2019.
Source : EFT-UE 2019 et 2022.
Les femmes immigrées sont moins susceptibles d’exercer une activité indépendante que les hommes immigrés
Qu’elles soient nées à l’étranger ou dans le pays, les femmes sont sous-représentées parmi les travailleurs indépendants. Elles comptent pour 35 % des travailleurs indépendants immigrés en moyenne dans les pays de l’OCDE, et pour 36 % des travailleurs indépendants nés dans le pays (Graphique d’annexe 4.B.3). La proportion de femmes parmi les entrepreneurs varie davantage d’un pays à l’autre dans le cas de la population née à l’étranger que dans celui de la population née dans le pays.
Le taux d’immigrées exerçant une activité indépendante est inférieur à celui de leurs homologues masculins dans tous les pays à l’exception de la Lituanie. Il en est de même pour la population née dans le pays : les femmes nées dans le pays sont moins susceptibles que les hommes d’exercer une activité indépendante, et ce dans tous les pays. À 9 % en moyenne dans les pays de l’OCDE en 2022, le taux d’emploi non salarié des immigrées est inférieur de 6 points à celui des hommes (Tableau 4.4).
Par comparaison, l’écart entre le taux d’emploi non salarié des immigrées et celui des femmes nées dans le pays est plus limité, à 0.9 point de pourcentage en moyenne dans les différents pays. La différence entre le taux de travail indépendant des personnes nées à l’étranger et celles nées dans le pays (en valeur absolue) est plus marquée pour les hommes que pour les femmes.
Dans les pays où les immigrés sont plus souvent des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays, ce constat est valide pour les hommes comme pour les femmes. Au Canada, en Colombie, en Espagne, aux États‑Unis, en Hongrie, au Portugal, au Royaume‑Uni et en Tchéquie, tant les hommes que les femmes immigrés sont plus susceptibles d’exercer une activité indépendante que les personnes du même genre nées dans le pays. Les différences sont plus marquées pour les hommes dans la majorité des cas. Les exceptions sont la Colombie et le Portugal, où l’écart entre les travailleurs indépendants nés à l’étranger et ceux nés dans le pays est plus marqué pour les femmes que pour les hommes.
De même, dans les pays où les immigrés sont le moins susceptibles d’être des travailleurs indépendants par rapport aux personnes nées dans le pays, il en est ainsi pour les hommes comme pour les femmes. Les différences ont toutefois tendance, ici aussi, à être plus prononcées dans le cas des femmes. C’est le cas en Grèce, en Islande et en Italie.
Tableau 4.4. Le taux de travail indépendant est plus élevé pour les hommes que pour les femmes, tant pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées dans le pays
Copier le lien de Tableau 4.4. Le taux de travail indépendant est plus élevé pour les hommes que pour les femmes, tant pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées dans le paysTaux de travailleurs indépendants, 2022, pourcentage
Hommes |
Femmes |
|||||
---|---|---|---|---|---|---|
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Écart (Nées à l’étranger-Nées dans le pays) |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Écart (Nées à l’étranger-Nées dans le pays) |
|
AUS |
19.9 |
19.7 |
0.1 |
12.5 |
11.5 |
0.9 |
AUT |
11.2 |
10.7 |
0.5 |
6.3 |
6.9 |
‑0.6 |
BEL |
19.3 |
17.0 |
2.4 |
8.3 |
10.8 |
‑2.5 |
CAN |
17.6 |
12.6 |
5.0 |
9.9 |
9.3 |
0.7 |
CHE |
13.6 |
14.0 |
‑0.4 |
11.2 |
10.6 |
0.6 |
CHL |
24.2 |
26.9 |
‑2.6 |
22.3 |
24.0 |
‑1.7 |
COL |
46.4 |
39.9 |
6.5 |
45.8 |
37.4 |
8.4 |
CRI |
25.8 |
26.1 |
‑0.3 |
21.2 |
20.0 |
1.1 |
CZE |
24.5 |
18.7 |
5.8 |
14.0 |
10.5 |
3.5 |
DEU |
9.2 |
9.2 |
0.0 |
6.0 |
5.3 |
0.7 |
DNK |
9.8 |
9.2 |
0.6 |
5.2 |
4.7 |
0.5 |
EST |
14.0 |
12.9 |
1.1 |
5.6 |
6.2 |
‑0.5 |
GBR |
21.8 |
17.4 |
4.4 |
12.0 |
10.0 |
2.0 |
GRC |
18.5 |
25.6 |
‑7.0 |
13.5 |
15.0 |
‑1.5 |
ESP |
20.9 |
16.8 |
4.1 |
13.4 |
10.1 |
3.4 |
FIN |
18.3 |
12.0 |
6.3 |
5.6 |
6.9 |
‑1.3 |
FRA |
15.9 |
13.0 |
2.9 |
9.1 |
8.7 |
0.4 |
HUN |
20.3 |
12.8 |
7.5 |
11.6 |
8.3 |
3.3 |
IRL |
12.2 |
14.9 |
‑2.7 |
7.8 |
5.8 |
2.1 |
ISL |
6.4 |
14.7 |
‑8.3 |
3.0 |
8.3 |
‑5.3 |
ITA |
16.9 |
23.5 |
‑6.6 |
9.6 |
14.8 |
‑5.2 |
LTU |
9.8 |
11.5 |
‑1.7 |
13.6 |
8.2 |
5.4 |
LUX |
10.4 |
6.9 |
3.4 |
9.2 |
6.7 |
2.5 |
NLD |
19.5 |
17.0 |
2.5 |
11.9 |
10.9 |
1.0 |
NOR |
4.9 |
3.9 |
1.0 |
3.1 |
2.5 |
0.5 |
PRT |
16.6 |
14.2 |
2.5 |
13.7 |
9.6 |
4.1 |
SWE |
10.0 |
10.8 |
‑0.8 |
4.5 |
5.1 |
‑0.7 |
SVN |
11.9 |
13.7 |
‑1.8 |
7.3 |
6.6 |
0.8 |
USA |
14.3 |
9.4 |
4.9 |
9.6 |
6.9 |
2.7 |
Note : Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur l’année 2019.
Source : EFT-UE 2019 et 2022; CPS ASEC 2022; CASEN 2022; GEIH 2022; ECE 2022; Australie, Characteristics of Employment, 2022; EPA Canada 2022.
Le taux d’emploi indépendant des personnes nées à l’étranger est supérieur à celui des personnes nées dans le pays, quel que soit le niveau d’éducation
Les diplômés de l’enseignement supérieur, qu’ils soient nés à l’étranger ou dans le pays, sont surreprésentés parmi les travailleurs indépendants. En 2022, 43 % des travailleurs indépendants nés à l’étranger étaient diplômés de l’enseignement supérieur, en moyenne dans les pays de l’OCDE, contre 42 % des travailleurs indépendants nés dans le pays (Graphique d’annexe 4.B.4). Les individus très instruits, nés à l’étranger comme nés dans le pays, sont surreprésentés parmi les travailleurs indépendants dans presque tous les pays (Graphique d’annexe 4.B.5).
Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE et en Australie, le taux de travailleurs indépendants dans la population immigrée est comparable à celui de la population née dans le pays à chaque niveau d’études (Graphique 4.3). Dans toutes les autres régions, il lui est systématiquement plus élevé.
C’est au niveau d’études le plus bas que le taux de travailleurs indépendants dans la population immigrée est le plus élevé par rapport à celui de la population née dans le pays ; constat qui cadre avec le fait que les immigrés risquent davantage de se trouver contraints d’exercer une activité indépendante. Au Canada, les immigrés peu instruits ne représentent que 5 % de l’ensemble des immigrés employés. Cependant, leur taux d’emploi indépendant est élevé (16.3 %) par rapport à celui des personnes nées dans le pays (9 %). De même, au Royaume‑Uni, le taux d’emploi indépendant des immigrés peu instruits est de 21.6 %, contre 15.4 % pour les personnes nées dans le pays. Dans les pays ALC de l’OCDE, le taux d’emploi indépendant est le plus élevé pour la population peu éduquée, et plus encore pour les personnes nées à l’étranger (40.9 % et 34.5 %).
Les immigrés très instruits sont tout aussi susceptibles d’être des travailleurs indépendants que les personnes très instruites nées dans le pays, voire marginalement plus, comme au Canada et aux États‑Unis. Au Canada, 13.4 % des immigrants très instruits sont des travailleurs indépendants, contre 11.5 % des personnes nées dans le pays, et 10.4 % aux États-Unis, contre 8.4 % des personnes nées dans le pays. Il a été démontré que les entreprises créées par des personnes ayant un niveau d’éducation élevé sont plus susceptibles d’être des entreprises à forte valeur ajoutée.
La plupart des entrepreneurs immigrés ont émigré pour des raisons autres que le travail
La plupart des travailleurs indépendants immigrés ne se sont pas installés dans le pays d’accueil pour des raisons professionnelles dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE (Graphique 4.4). Ils sont 39 % à avoir émigré pour des raisons familiales et 32 % pour des motifs professionnels. Quelques-uns ont émigré pour faire des études (7 %), et 6 % seulement pour des raisons humanitaires. Cette répartition est relativement similaire à celle de l’ensemble de la population immigrée salariée dans les pays de l’OCDE, de l’UE et de l’AELE. Au cours de la même période, 44 % des immigrés salariés se sont installés dans le pays d’accueil pour des raisons familiales, 32 % pour des raisons professionnelles, 8 % pour des raisons humanitaires et 7 % pour étudier.
Les voies d’immigration réservées aux entrepreneurs influent peu sur l’entrepreneuriat des immigrés. L’Australie est l’un des rares pays à publier des données détaillées sur les visas d’entrée concernant sa population immigrée permanente. En 2016, 6 % seulement des personnes qui dirigeaient une entreprise en Australie étaient titulaires d’un visa d’entrepreneur/investisseur ou professionnel. La grande majorité (57 %) des entrepreneurs immigrés en Australie ont d’abord émigré avec un visa de travail. Contrairement aux pays européens de l’OCDE, le travail est le principal motif d’immigration en Australie. Les immigrés admis pour raisons familiales représentaient également 31.5 % des entrepreneurs immigrés en 2016, tandis que les bénéficiaires d’une protection internationale n’en représentaient que 5.6 %. L’exemple de l’Australie témoigne du rôle clé joué par les migrations familiales dans l’entrepreneuriat des immigrés.
Les immigrés sont surreprésentés parmi les personnes travaillant à leur compte et celles exerçant une activité indépendante sans constitution en société
Dans tous les pays de l’OCDE, la majorité des travailleurs indépendants n’ont pas de salariés. Dans le cas des personnes nées dans le pays, cette proportion est très variable, allant de 50 % à près de 90 %. Dans plus de trois quarts des pays, les immigrés sont plus susceptibles que les personnes nées dans le pays d’être des travailleurs indépendants sans salarié (Graphique 4.5). En outre, les femmes, qu’elles soient nées dans le pays ou à l’étranger, sont en moyenne 12 points plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants à leur compte que les hommes.
Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE et au Royaume‑Uni, la proportion de travailleurs indépendants sans salarié a augmenté en 15 ans, pour les hommes et les femmes, tant pour les travailleurs immigrés que pour ceux nés dans le pays (Graphique 4.6). Tel est le cas également au Canada, où la proportion de travailleurs indépendants immigrés sans salarié est passée de 65.7 % en 2006 à 73.7 % en 2022, à comparer avec 64.9 % et 71.4 % pour les travailleurs indépendants nés dans le pays.
Afin de comprendre si les différences de taux de travail indépendant entre les personnes nées à l’étranger et celles nées dans le pays (présentées dans le Tableau 4.1) tiennent au travail indépendant avec ou sans salarié, le Tableau 4.5 décompose le taux de travailleurs indépendants. Celui-ci est égal à la proportion de la population occupée qui exerce une activité indépendante sans salarié, à laquelle est ajoutée la proportion de la population occupée qui exerce une activité indépendante avec salariés. Cette distinction correspond, au moins indirectement, aux moteurs du travail indépendant. Les travailleurs indépendants sans salarié sont plus susceptibles d’être indépendants par nécessité, et les travailleurs indépendants avec salariés représentent une création d’emplois à plus forte valeur ajoutée (voir également les sections intitulées La contribution économique de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE et Le travail indépendant des immigrés : une stratégie d’intégration sur le marché du travail ?).
Les immigrés sont plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants á leur compte que leurs homologues nés dans le pays, mais aussi plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants avec salariés dans la moitié des pays (Tableau 4.5). En Allemagne ou aux Pays‑Bas, le taux de travailleurs indépendants de la population immigrée est plus élevé que celui de la population née dans le pays ; une différence qui tient au fait que les immigrés sont plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants sans salarié. Dans ces pays, les immigrés sont moins souvent des travailleurs indépendants avec salariés que les personnes nées dans le pays. À l’inverse, en Colombie, en Hongrie, en Tchéquie ou au Royaume‑Uni, les immigrés sont plus souvent des travailleurs indépendants, avec et sans salariés, que les personnes nées dans le pays. Cette observation reste valide si l’on prend en considération les caractéristiques individuelles et le secteur d’activité (voir la section intitulée La contribution économique de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE).
Tableau 4.5. Dans la plupart des pays, les immigrés indépendants sont plus souvent des travailleurs à leur compte que les personnes nées dans le pays
Copier le lien de Tableau 4.5. Dans la plupart des pays, les immigrés indépendants sont plus souvent des travailleurs à leur compte que les personnes nées dans le paysTaux de travailleurs indépendants, sans et avec salariés, 2022, pourcentage
Sans salariés |
Avec salariés |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Écart |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Écart |
Écart total |
|
Groupe A : Les personnes nées à l’étranger sont plus susceptibles d’être indépendantes, de ne pas avoir de salariés et d’avoir des salariés |
|||||||
CAN |
10.3 |
7.8 |
2.4 |
3.7 |
3.1 |
0.5 |
2.9 |
COL |
33.8 |
28.9 |
4.9 |
12.4 |
10 |
2.4 |
7.4 |
CZE |
15.9 |
12.7 |
3.2 |
3.9 |
2.3 |
1.6 |
4.8 |
ESP |
12.2 |
8.8 |
3.5 |
5 |
4.8 |
0.2 |
3.6 |
FIN |
8.9 |
6.4 |
2.5 |
3.5 |
3.0 |
0.6 |
3.0 |
FRA |
8.1 |
6.7 |
1.3 |
4.7 |
4.1 |
0.6 |
1.9 |
GBR |
14.2 |
11.9 |
2.3 |
3.0 |
2.0 |
1.0 |
3.4 |
HUN |
8.2 |
6.8 |
1.4 |
7.8 |
3.8 |
4.0 |
5.4 |
LTU |
9.9 |
8.6 |
1.3 |
1.9 |
1.2 |
0.7 |
2.0 |
LUX |
6.3 |
3.8 |
2.5 |
3.4 |
3.0 |
0.5 |
3.0 |
NOR |
3.2 |
2.8 |
0.4 |
0.9 |
0.5 |
0.4 |
0.8 |
Groupe B : Les personnes nées à l’étranger sont moins susceptibles d’être indépendantes, de ne pas avoir de salariés et d’avoir des salariés |
|||||||
CHL |
13.7 |
15.9 |
‑2.2 |
9.0 |
9.4 |
‑0.3 |
‑2.5 |
GRC |
11.0 |
14.1 |
‑3.1 |
5.3 |
6.9 |
‑1.7 |
‑4.8 |
ISL |
3.3 |
7.6 |
‑4.3 |
1.5 |
4.0 |
‑2.5 |
‑6.9 |
ITA |
10.0 |
13.8 |
‑3.8 |
3.7 |
6.0 |
‑2.3 |
‑6.1 |
KOR |
3.1 |
12.2 |
‑9.1 |
1.6 |
5.0 |
‑3.3 |
‑12.4 |
SWE |
4.6 |
4.9 |
‑0.3 |
2.8 |
3.2 |
‑0.4 |
‑0.7 |
Groupe C : Autres |
|||||||
CRI |
18.0 |
18.2 |
‑0.3 |
5.8 |
5.2 |
0.6 |
0.3 |
AUT |
5.3 |
4.9 |
0.3 |
3.6 |
4.0 |
‑0.3 |
0.0 |
BEL |
11.1 |
10.6 |
0.5 |
3.0 |
3.4 |
‑0.4 |
0.2 |
CHE |
8.2 |
7.7 |
0.5 |
4.4 |
4.7 |
‑0.3 |
0.2 |
DEU |
4.2 |
3.6 |
0.7 |
3.4 |
3.7 |
‑0.3 |
0.4 |
EST |
6.2 |
5.6 |
0.6 |
3.9 |
3.9 |
‑0.1 |
0.5 |
NLD |
13.4 |
10.7 |
2.7 |
2.6 |
3.4 |
‑0.8 |
1.9 |
SVN |
6.8 |
7.3 |
‑0.4 |
3.2 |
3.1 |
0.1 |
‑0.4 |
NZL |
11.2 |
10.7 |
0.5 |
4.9 |
5.9 |
‑1.0 |
‑0.4 |
Note : Le taux de travail indépendant est égal au taux de travail indépendant sans salarié plus le taux de travail indépendant avec salariés. L’écart total entre travailleurs immigrés et travailleurs nés dans le pays correspond à l’écart de taux de travail indépendant également indiqué dans le Tableau 4.1. Les données du Royaume Uni portant sur 2019, la somme des taux de travail indépendant avec et sans salariés n’est pas égale au taux de travail indépendant indiqué dans le Tableau 4.1.
Source : EFT-UE 2019 et 2022; EPA Canada 2022; Australie, Work-Related Training and Adult Learning 2020‑21.
La population de travailleurs indépendants peut également être décomposée en fonction du statut de leur activité, constituée ou non en société. Une entreprise constituée en société représente une entité juridique distincte, ce qui signifie que la responsabilité légale et financière de son propriétaire est limitée. Le travail indépendant avec constitution en société pourrait être plus représentatif de l’entrepreneuriat à forte valeur ajoutée que le simple travail indépendant (Levine et Rubinstein, 2016[12]). Cette seconde distinction est opérée uniquement dans les données de l’Australie, du Canada, des États‑Unis et des pays d’Amérique latine. En Australie, la part de travailleurs indépendants immigrés non constitués en société parmi tous les immigrés occupés est proche de celle de leurs homologues nés dans le pays (8.8 % en 2020/21). Au Canada, aux États‑Unis, au Chili et au Costa Rica, la proportion de travailleurs indépendants non constitués en société est plus importante dans la population immigrée que dans celle née dans le pays12.
Les immigrés représentent une part importante des travailleurs indépendants dans certains secteurs
Les entrepreneurs immigrés travaillent dans un large éventail de secteurs (Tableau 4.6). Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE, leurs trois premiers secteurs d’activité sont le commerce de gros et de détail (16 %), la construction (16 %), et les services d’hébergement et de restauration (12 %). Par rapport aux personnes nées à l’étranger, les entrepreneurs nés dans le pays sont plus susceptibles de travailler dans le secteur des activités professionnelles, scientifiques et techniques (16 % contre 10 % pour les immigrés), et moins susceptibles de travailler dans celui de la construction (14 %).
En Australie, au Canada, dans les pays d’Amérique latine membres de l’OCDE, au Royaume‑Uni et aux États‑Unis, les entrepreneurs immigrés sont également surreprésentés dans le secteur des services d’hébergement et de restauration. En Australie et au Royaume‑Uni, contrairement à d’autres pays d’accueil, une proportion plus égale d’entrepreneurs immigrés et d’entrepreneurs nés dans le pays travaillent dans le secteur des activités professionnelles, scientifiques et techniques.
Parmi les femmes entrepreneurs, la répartition entre les secteurs diffère. Presque aucune femme indépendante ne travaille dans la construction, ni dans le transport et l’entreposage. Toutefois, les immigrées indépendantes sont également surreprésentées par rapport aux femmes nées dans le pays dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration (12.6 % contre 6.4 % dans les pays de l’AELE membres de l’OCDE) ainsi que dans les autres services (16.4 % contre 13.9 % dans les pays de l’AELE membres de l’OCDE).
Les immigrés représentent une proportion importante de tous les travailleurs indépendants dans quelques secteurs d’activité (Tableau d’annexe 4.B.2). Plus d’un quart de l’ensemble des travailleurs indépendants dans le secteur des services d’hébergement et de restauration dans la zone UE‑AELE sont des immigrés, plus d’un tiers aux États‑Unis et plus de la moitié en Australie et au Canada. De même, les immigrés représentent 21 % de tous les travailleurs indépendants dans le secteur du transport et de l’entreposage dans l’UE‑AELE, 42 % aux États‑Unis, 57 % en Australie et 68 % au Canada. La proportion d’immigrés parmi les entrepreneurs dans ces secteurs est nettement supérieure à la part d’immigrés dans la population de travailleurs indépendants.
Tableau 4.6. Les principaux secteurs d’activité des entrepreneurs migrants sont le commerce de gros et de détail, la construction et les services d’hébergement et de restauration
Copier le lien de Tableau 4.6. Les principaux secteurs d’activité des entrepreneurs migrants sont le commerce de gros et de détail, la construction et les services d’hébergement et de restaurationRépartition des travailleurs indépendants par secteur, 2022, pourcentage
|
AUS |
CAN |
UE‑AELE |
GBR |
LAC |
USA |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
|
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Commerce de gros et de détail |
8.7 |
8.9 |
10.3 |
8.3 |
16.5 |
17.2 |
8.8 |
8.0 |
25.1 |
29.9 |
12.6 |
12.7 |
Construction |
16.9 |
24.0 |
13.2 |
16.9 |
16.3 |
13.8 |
15.0 |
22.0 |
10.4 |
10.6 |
24.4 |
16.8 |
Services d’hébergement et de restauration |
6.6 |
3.3 |
5.5 |
2.2 |
11.8 |
5.4 |
5.4 |
3.4 |
13.2 |
9.6 |
5.4 |
2.9 |
Activités professionnelles, scientifiques et techniques |
13.6 |
14.6 |
17.5 |
18.0 |
10.4 |
15.9 |
10.7 |
12.7 |
2.6 |
5.0 |
7.6 |
14.6 |
Autres activités de services |
6.3 |
9.3 |
5.9 |
9.2 |
6.8 |
6.8 |
5.2 |
7.7 |
12.8 |
10.5 |
7.3 |
8.5 |
Santé humaine et travail social |
12.4 |
9.2 |
10.3 |
13.0 |
6.4 |
8.6 |
7.1 |
7.4 |
2.5 |
2.9 |
5.8 |
9.0 |
Services administratifs et de soutien |
8.2 |
6.9 |
5.7 |
3.9 |
8.4 |
7.5 |
4.7 |
3.7 |
12.2 |
7.0 |
||
Transport et stockage |
10.7 |
4.5 |
14.4 |
3.7 |
5.6 |
3.5 |
17.0 |
4.5 |
10.1 |
8.6 |
12.0 |
5.5 |
Secteur manufacturier |
4.8 |
4.9 |
1.9 |
2.5 |
4.8 |
8.4 |
3.8 |
4.8 |
8.7 |
11.9 |
2.9 |
4.3 |
Information et communication |
1.1 |
1.9 |
3.2 |
6.1 |
4.6 |
4.6 |
4.3 |
4.6 |
1.0 |
0.6 |
0.6 |
2.1 |
Autres |
10.7 |
12.6 |
17.8 |
20.2 |
11.1 |
11.9 |
14.4 |
17.4 |
8.8 |
6.6 |
9.2 |
16.6 |
Note : Pour le Canada, le secteur des services administratifs et d’appui est omis pour des raisons de confidentialité. Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur l’année 2019.
Source : EFT-UE 2019 et 2022; CPS ASEC 2022; Australie, Characteristics of Employment 2022; CASEN 2022; GEIH 2022; ECE 2022; ENOE 2022; EPA Canada 2022.
La contribution économique de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de La contribution économique de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDELes immigrés jouent un rôle prépondérant en tant que fondateurs d’entreprises parmi les plus innovantes de la zone OCDE
On constate que les entrepreneurs immigrés sont surreprésentés parmi les fondateurs d’entreprises figurant parmi les plus innovantes et les plus prospères de la zone OCDE. Aux États‑Unis, en 2022, les quatre entreprises financées par le capital-risque les mieux valorisées avaient été fondées par des immigrés, tout comme trois des dix sociétés les plus cotées au monde, fondées aux États‑Unis (Chodavadia et al., 2024[13]). On sait par ailleurs que les immigrés sont surreprésentés parmi les fondateurs d’entreprises du classement Fortune 500 de 2017, les plus grandes entreprises des États‑Unis (Azoulay et al., 2022[14]), et parmi les fondateurs d’entreprises privées dites « licornes », dont la valeur est estimée à 1 milliard USD ou plus, aux États‑Unis (Anderson, 2022[15]) et en Allemagne (Startup Verband, 2023[16]). Les immigrés sont également surreprésentés parmi les fondateurs des entreprises technologiques de la Silicon Valley (Saxenian, 2002[17]), des entreprises d’ingénierie et de technologie et, plus récemment, parmi les fondateurs des plus grandes entreprises d’IA aux États‑Unis (Anderson, 2023[18]).
La contribution des immigrés à l’innovation est plus comparable à celle des personnes nées dans le pays si toutes les entreprises de l’économie sont prises en compte
La surreprésentation des fondateurs immigrés parmi les entreprises les plus prospères et les plus innovantes attire une grande attention de la part des médias et de l’opinion publique étant donné leur rôle disproportionné sur le plan des recettes publiques et de l’emploi. Il s’agit toutefois d’entreprises exceptionnelles et le rôle des entrepreneurs immigrés dans ces entreprises ne peut pas être simplement généralisé à une population plus représentative d’entreprises de l’économie.
L’évaluation systématique de la contribution des entrepreneurs immigrés à l’innovation dans les pays de l’OCDE est limitée par le manque de données. Il faudrait, dans l’idéal, disposer de données sur les indicateurs de l’innovation au niveau des entreprises relativement aux caractéristiques de leur fondateur. À défaut, cette section commence par comparer le nombre d’entrepreneurs immigrés et d’entrepreneurs nés dans le pays dans les secteurs d’activité en rapport avec l’innovation, puis complète ces résultats par un examen des données factuelles par pays sur le rôle des entrepreneurs immigrés dans l’innovation.
La contribution des entreprises créées par des immigrés à la hausse de l’innovation dans le pays d’accueil dépend en partie de l’intensité de leurs activités de recherche‑développement (R-D). Une première approximation de cette intensité est donnée par le secteur d’activité. La « taxonomie des activités économiques en fonction de l’intensité de R-D » de l’OCDE classifie les secteurs en cinq groupes, par ordre croissant d’intensité de R-D, laquelle est estimée sous forme de rapport de la R-D à la valeur ajoutée au sein du secteur (Galindo-Rueda et Verger, 2016[19])13.
Une petite proportion seulement des travailleurs indépendants (5 %) sont actifs dans des secteurs à forte ou moyenne intensité de R-D (les deux plus hauts niveaux de la taxonomie de l’OCDE)14. Les immigrés sont légèrement plus susceptibles que les personnes nées dans le pays d’être des travailleurs indépendants dans des secteurs à forte intensité de R-D, en moyenne dans les 14 pays de l’OCDE considérés dans cette estimation (5.6 % contre 5.2 %) (Graphique 4.7). En Autriche, en Suisse et en Tchéquie, les travailleurs indépendants nés dans le pays sont les plus susceptibles de travailler dans des secteurs à forte intensité de R-D (7 à 10 %). Aux États-Unis, la proportion d’indépendants travaillant dans des secteurs à forte intensité de R&D est plus faible pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées dans le pays (5.2 % contre 6.3 %). Toutefois, les immigrés sont plus susceptibles d’être des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays. La part des travailleurs indépendants dans les secteurs à forte intensité de R&D par rapport à la population totale employée aux États-Unis est la même pour les immigrés et les personnes nées dans le pays (1.2 % et 1.1 %).
Cette estimation englobe tous les travailleurs indépendants, y compris ceux qui ne sont pas constitués en société, souvent sans salarié, qui travaillent moins souvent dans des secteurs à forte intensité de R-D et d’innovation15. Si l’on considère uniquement les travailleurs indépendants constitués en société, leur proportion dans les secteurs à forte ou moyenne intensité de R-D augmente et passe à 7 % pour les personnes nées dans le pays et à 7.3 % pour celles nées à l’étranger aux États‑Unis16. Dans le cas du Canada, Picot et Ostrovsky (2021[20]) montrent que les entrepreneurs immigrés constitués en société étaient plus susceptibles que les Canadiens d’être actifs dans ces secteurs selon la même taxonomie de l’OCDE en 2016. Les entrepreneurs nés à l’étranger sont 10 % à y travailler dans ces secteurs, à comparer avec 6.4 % des enfants d’immigrés et 5.3 % de la population sans parent ni grand-parent immigré.
Des travaux récents sur l’entrepreneuriat immigré dans quelques pays de l’OCDE ont mobilisé des données détaillées par entreprise afin d’étudier l’innovation et l’investissement en R‑D dans les entreprises d’immigrés et de personnes nées dans le pays. Globalement, le degré d’innovation et de R‑D des entreprises d’immigrés est comparable à celui des entreprises de personnes nées dans le pays. En Allemagne, au Canada et aux États‑Unis, les entreprises d’immigrés se comportent au moins aussi bien, sinon mieux, que celles de personnes nées dans le pays.
Aux États‑Unis, les entreprises dont au moins un propriétaire est immigré sont en moyenne plus innovantes selon la plupart des indicateurs sur l’innovation considérés, notamment les activités d’innovation, la recherche‑développement, les marques déposées et les brevets déclarés par les entreprises (Brown et al., 2019[21] ; Lee et al., 2023[11] ; Chodavadia et al., 2024[13])17. Des travaux antérieurs basés sur une enquête auprès de 1 300 entreprises de haute technologie constatent peu de différence entre celles avec et sans fondateurs immigrés (Hart et Acs, 2011[22]).
De même, pour le Canada, Ostrovsky et Picot (2020[23]) comparent l’innovation des PME dont le propriétaire est immigré et de celles dont le propriétaire est né dans le pays18 et n’observent que peu de différences entre les deux groupes. Dans le cas des premières, ils observent un peu plus d’innovation de produits et de procédés, mais aucune différence dans l’utilisation de la propriété intellectuelle.
L’entrepreneuriat immigré contribue grandement à l’emploi
En travaillant à leur compte, les immigrés créent eux-mêmes leur emploi et potentiellement d’autres à mesure que leur activité se développe. Il faut savoir, avant de comparer la contribution à l’emploi des entrepreneurs immigrés et de ceux nés dans le pays, que la plupart des entrepreneurs, quel que soit leur lieu de naissance, n’ont pas de salarié (comme indiqué dans la section intitulée Ampleur de l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE). Qui plus est, une petite proportion seulement de travailleurs indépendants, nés dans le pays et nés à l’étranger, ont dix salariés ou plus (Graphique 4.8).
Un immigré d’âge actif crée 0.2 emploi par le travail indépendant, en moyenne dans 27 pays de l’OCDE
Le nombre d’emplois créés par le travail indépendant des immigrés dépend de différentes marges. Il dépend en premier lieu de la probabilité de travail indépendant des immigrés et, en deuxième lieu, du nombre d’emplois créés par les travailleurs indépendants. Celui-ci dépend à son tour de la proportion de travailleurs indépendants qui engagent des salariés et du nombre de ces salariés. Le Tableau 4.7 présente une estimation basse du nombre d’emplois par immigré dans la population d’âge actif (colonne A) et la décompose en ces différentes marges19. Voir l’Annexe 4.A. pour plus de détails sur l’estimation.
Pour chaque immigré dans la population d’âge actif, 0.2 emploi est attribué aux travailleurs indépendants immigrés, en moyenne dans les 27 pays considérés (colonne A). L’estimation est presque la même pour la population née dans le pays, soit 0.21 emploi par individu d’âge actif (Tableau d’annexe 4.B.4). On observe toutefois des différences entre les pays.
Dans la plupart des pays, moins d’emplois sont créés par des travailleurs indépendants immigrés que par des travailleurs indépendants nés dans le pays (colonne A). Cela tient au fait que, dans bon nombre de pays – Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Irlande, Italie, Pays‑Bas, Suède – les immigrés sont généralement moins susceptibles d’être des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays, ceux qui le sont sont moins enclins à avoir des salariés, et ceux qui ont des salariés en ont moins. Cependant, même là où ils sont plus souvent travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays (colonne B), les immigrés n’ont généralement pas de salariés (colonne C1) ou moins de salariés (colonne C2). C’est le cas, par exemple, en Espagne, en Finlande ou en France.
La Colombie, les États‑Unis, la Hongrie, le Luxembourg, le Portugal, le Royaume‑Uni et la Tchéquie font exception. Dans ces pays, un plus grand nombre d’emplois sont créés par des travailleurs indépendants immigrés parce que ces derniers sont plus enclins au travail indépendant que les personnes nées dans le pays (colonne B). Parmi les travailleurs indépendants, les immigrés sont plus susceptibles d’avoir des salariés en Colombie, en Hongrie, au Royaume‑Uni et en Tchéquie, mais pas aux États‑Unis, au Luxembourg ou au Portugal. Le nombre moyen de salariés par employeur est plus bas pour les immigrés que pour les personnes nées dans pays, hormis en Tchéquie (colonne C2).
Ces constatations cadrent avec les nombreuses publications sur la contribution des entrepreneurs immigrés à l’emploi aux États‑Unis, fondées sur diverses sources de données au niveau individuel et au niveau des entreprises. Il se dégage de ces études que les immigrés contribuent en très grande partie à la création d’emplois, en raison de leur plus forte propension à l’entrepreneuriat. Bien que les données disponibles indiquent qu’ils sont moins souvent des employeurs que ceux nés dans le pays (Lee et al., 2023[11]) et que leurs entreprises sont en moyenne de plus petite taille (Pekkala Kerr et Kerr, 2020[24] ; Lee et al., 2023[11]), les entrepreneurs immigrés contribuent considérablement à la création d’emplois parce qu’ils sont plus à même de créer des entreprises de toutes tailles (Azoulay et al., 2022[14]).
Pour le Canada, une étude à partir de données croisées employeurs-salariés montre que si les immigrés sont plus souvent des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays, ils sont tout aussi susceptibles de créer des entreprises constituées en société avec des salariés (Green et al., 2023[25]).
La création d’emploi par l’entrepreneuriat immigré est particulièrement importante en Colombie par rapport aux autres pays, mais comparable à celle de la population née sur place. L’entrepreneuriat immigré est vénézuélien dans la mesure où plus de 90 % des immigrés en Colombie sont des Vénézuéliens déplacés. La forte création d’emplois par les immigrés vénézuéliens cadre avec les données récentes de la Colombie. Une enquête auprès d’environ 11 000 entrepreneurs ciblant des immigrés vénézuéliens et des émigrés de retour en Colombie montrait, en décembre 2023, que 59 % des entreprises d’immigrés créaient au moins un emploi supplémentaire et que 39 % en créaient même deux ou plus20.
Tableau 4.7. Le nombre d’emplois créés par les migrants varie considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autre
Copier le lien de Tableau 4.7. Le nombre d’emplois créés par les migrants varie considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autreNombre d’emplois créés par le travail indépendant, par immigré parmi la population d’âge actif, 2021‑22
Emplois créés par la population des travailleurs indépendants divisée par la population d’âge actif |
Population des travailleurs indépendants divisée par la population d’âge actif |
Nombre d’emplois créés par la population des travailleurs indépendants divisé par la population des travailleurs indépendants |
Part des travailleurs indépendants ayant des salariés |
Nombre moyen d’emplois créés par la population des travailleurs indépendants ayant des salariés |
|
---|---|---|---|---|---|
|
A |
B |
C |
C1 |
C2 |
AUS |
0.25 |
11.23 |
2.24 |
30.72 |
5.05 |
AUT |
0.15 |
6.06 |
2.46 |
41.65 |
4.51 |
BEL |
0.15 |
7.91 |
1.85 |
22.76 |
4.73 |
CHE |
0.26 |
9.02 |
2.83 |
35.50 |
6.16 |
CHL |
0.28 |
16.76 |
1.68 |
39.79 |
4.21 |
COL |
0.59 |
28.60 |
2.05 |
26.85 |
4.93 |
CRI |
0.17 |
13.64 |
1.27 |
24.30 |
2.11 |
CZE |
0.33 |
15.93 |
2.07 |
18.69 |
6.73 |
DEU |
0.15 |
5.37 |
2.83 |
46.97 |
4.89 |
DNK |
0.16 |
5.75 |
2.86 |
43.56 |
5.28 |
ESP |
0.16 |
9.71 |
1.65 |
27.13 |
3.41 |
FIN |
0.16 |
8.39 |
1.93 |
27.72 |
4.34 |
FRA |
0.15 |
7.70 |
2.00 |
34.59 |
3.90 |
GBR |
0.20 |
12.23 |
1.66 |
15.02 |
5.37 |
GRC |
0.17 |
8.36 |
2.02 |
33.65 |
4.05 |
HUN |
0.25 |
12.85 |
1.97 |
43.52 |
3.23 |
IRL |
0.12 |
6.65 |
1.75 |
27.34 |
3.73 |
ISL |
0.08 |
5.72 |
1.35 |
23.69 |
2.47 |
ITA |
0.13 |
8.06 |
1.67 |
25.01 |
3.66 |
LTU |
0.10 |
7.61 |
1.37 |
15.58 |
3.36 |
LUX |
0.24 |
6.79 |
3.49 |
38.24 |
7.51 |
NLD |
0.17 |
10.38 |
1.68 |
17.73 |
4.86 |
NOR |
0.04 |
2.74 |
1.35 |
21.65 |
2.63 |
PRT |
0.20 |
10.40 |
1.94 |
36.20 |
3.61 |
SVN |
0.13 |
6.71 |
2.00 |
43.92 |
3.27 |
SWE |
0.12 |
4.93 |
2.39 |
37.57 |
4.70 |
USA |
0.41 |
8.70 |
4.72 |
33.59 |
3.28 |
Moyenne |
0.20 |
9.56 |
2.11 |
30.85 |
4.30 |
Note : A = B*C = B* [1 C1)+C1*C2]. Pour les États‑Unis, il n’est pas possible de distinguer les travailleurs indépendants avec et sans salariés avec les données des enquêtes sur la population actuelle (CPS). Par conséquent, le nombre d’entreprises constituées en société est utilisé à la place du nombre de travailleurs indépendants ayant des salariés pour les colonnes C1 et C2. Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur 2018‑19.
Source : EFT-UE 2018‑19 et 2021‑22 (sauf pour DNK, IRL, ISL, SVN, PRT, 2017‑19); CPS ASEC 2022‑23; Australie, Work-Related Training and Adult Learning 2020‑21; CASEN 2022; GEIH 2022; ECE 2022.
Les travailleurs indépendants immigrés sont moins susceptibles d’avoir des salariés et ont tendance à en avoir moins
Les données factuelles présentées plus haut montrent que les travailleurs indépendants nés à l’étranger et ceux nés dans le pays travaillent dans des secteurs différents et que la taille des entreprises varie en fonction des secteurs. Les entreprises sont en moyenne de plus grande taille dans l’industrie manufacturière que dans la vente au détail, par exemple.
Cependant, les différences de probabilité de travail indépendant ou de taille d’entreprise entre les personnes nées à l’étranger et celles nées dans le pays ne sont pas dictées par des différences propres au secteur d’activité. Dans les pays de l’UE‑AELE, la probabilité d’avoir des salariés est en moyenne inférieure de 5 points chez les immigrés par rapport aux personnes nées dans le pays. La prise en compte du secteur d’activité n’explique pas cet écart (lorsque le secteur d’activité est pris en compte, l’écart augmente de 7 points de pourcentage dans le cas des pays de l’UE‑AELE) (Tableau d’annexe 4.B.5). La plus forte propension des travailleurs indépendants immigrés à avoir des salariés en Hongrie, en Lituanie et en Slovénie n’est pas non plus dictée par leurs secteurs d’activité.
De même, parmi les travailleurs indépendants employeurs, les immigrés sont 5.4 points de pourcentage moins susceptibles d’avoir 10 salariés ou plus dans les pays de l’UE‑AELE. Cette tendance s’observe pour l’ensemble des pays de l’UE‑AELE à l’exception de la Hongrie, où les entrepreneurs nés à l’étranger ont plus souvent 10 salariés ou plus que leurs homologues nés dans le pays. La différence entre les entrepreneurs nés à l’étranger et ceux nés dans le pays ne tient pas à leurs secteurs d’activité.
D’autre part, les caractéristiques démographiques n’expliquent pas pleinement les différences entre les travailleurs indépendants nés à l’étranger et ceux nés dans le pays relativement à la probabilité d’être des employeurs ou d’avoir 10 salariés ou plus. Les travailleurs indépendants, les hommes et les personnes plus instruites sont plus susceptibles d’être à la fois des employeurs et d’employer plus de salariés, mais les différences dans la composition des populations nées dans le pays et de celles nées à l’étranger n’expliquent pas les taux de probabilité inférieurs des immigrés.
Le travail indépendant des immigrés : une stratégie d’intégration sur le marché du travail ?
Copier le lien de Le travail indépendant des immigrés : une stratégie d’intégration sur le marché du travail ?Les individus sont motivés à créer leur propre entreprise pour diverses raisons. Il peut s’agir de facteurs d’attraction (une idée de nouvelle entreprise ou le désir d’avoir des horaires de travail donnant plus de liberté) ou de facteurs de nécessité – difficultés à trouver un emploi rémunéré et à s’intégrer dans le marché du travail). C’est ce que les études publiées appellent entrepreneuriat d’opportunité et entrepreneuriat de nécessité (Fairlie et Fossen, 2020[26]).
Il est important de démêler ces deux motivations pour comprendre l’entrepreneuriat immigré. On craint que les immigrés aient de moins bons résultats sur le marché du travail que les personnes nées dans la majorité des pays de l’OCDE (OCDE/Commission européenne, 2023[27]) et que cette situation les pousse à choisir le travail indépendant pour contourner les difficultés rencontrées sur le marché du travail du pays d’accueil.
Il n’existe pas de moyen parfait d’opérer une distinction empirique entre entrepreneuriat d’opportunité et entrepreneuriat de nécessité, surtout dans un contexte international (Encadré 4.1). Cette section commence par présenter les données factuelles des pays de l’OCDE sur le travail indépendant en tant qu’entrepreneuriat de nécessité, à partir de différents indicateurs. Les données disponibles indiquent également que les immigrés rencontrent des obstacles au travail indépendant.
Encadré 4.1. Mesurer l’entrepreneuriat d’opportunité par opposition à l’entrepreneuriat de nécessité dans un contexte international
Copier le lien de Encadré 4.1. Mesurer l’entrepreneuriat d’opportunité par opposition à l’entrepreneuriat de nécessité dans un contexte internationalCet encadré présente quatre indicateurs utilisés dans les études pour distinguer les deux types d’entrepreneuriat. Ceux-ci sont souvent désignés en opposant l’entrepreneuriat d’opportunité et de nécessité, ou l’entrepreneuriat de choix et de nécessité ou encore entre le travail indépendant de subsistance et l’entrepreneuriat à potentiel de croissance.
Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) interroge directement les répondants sur leurs motivations à démarrer une activité. L’une des questions demande : « Travaillez-vous sur cette start-up pour saisir une opportunité ou parce que vous n’avez pas d’autre choix d’emploi ? ». L’enquête ne permet toutefois pas de repérer les immigrés, car elle ne demande pas systématiquement le pays de naissance (Annexe 4.A).
Un deuxième indicateur est la distinction entre les travailleurs indépendants qui travaillent à leur compte et ceux qui travaillent pour un employeur. Bon nombre d’enquêtes sur la population active dans les pays de l’OCDE interrogent sur le nombre de salariés des travailleurs indépendants, ou au moins sur la taille de l’établissement ou de la société où l’individu, y compris les travailleurs indépendants, travaille. Les personnes qui travaillent pour leur propre compte sont plus probablement des travailleurs indépendants par nécessité.
Une troisième distinction est opérée entre les travailleurs indépendants constitués en société et ceux qui ne le sont pas. Ces derniers sont plus susceptibles d’être des entrepreneurs par nécessité. Des informations sur la constitution ou non en société des travailleurs indépendants sont disponibles dans les enquêtes sur la population active de l’Australie, du Canada, des États‑Unis et de certains pays d’Amérique latine, mais pas dans celles des pays d’Europe.
Enfin, la situation professionnelle avant de devenir travailleur indépendant est également utilisée comme variable de substitution pour la raison de démarrer une activité. Les personnes qui étaient au chômage avant de démarrer une activité sont définies en tant qu’entrepreneurs « par nécessité », tandis que celles qui étaient salariées ou étudiantes ou qui ne recherchaient pas activement un emploi sont définies en tant qu’entrepreneurs d’« opportunité » (Fairlie et Fossen, 2020[26]). Cette ventilation nécessite des données de panel afin d’avoir des informations sur la situation professionnelle de l’individu dans le temps, ou au moins une question rétrospective sur la situation professionnelle de l’individu avant le démarrage de son activité, ou pendant une période antérieure déterminée (généralement une année). Ces informations sont disponibles dans les enquêtes sur la population active de quelques pays de l’OCDE.
Pour les immigrés, le travail indépendant demeure un moyen de contourner les difficultés d’accès à l’emploi salarié
Une minorité de nouveaux entrepreneurs, nés à l’étranger et nés dans le pays, étaient au chômage avant de devenir des travailleurs indépendants. En moyenne dans les pays de l’OCDE inclus dans cet exercice, environ 80 % des nouveaux travailleurs indépendants étaient jusqu’alors scolarisés, sans travail ou salariés (Graphique 4.9), 20 % étaient au chômage. La part d’individus nés dans le pays parmi les entrepreneurs d’opportunité est en moyenne supérieure de 4 points de pourcentage à la part d’immigrés (82.6 % contre 78.3 %). Ces résultats ventilés masquent toutefois des différences prononcées entre les pays.
Dans deux tiers des pays, les immigrés récemment devenus travailleurs indépendants ont généralement été précédemment chômeurs et peuvent donc être considérés comme des entrepreneurs par nécessité. Les écarts sont particulièrement importants en Suède (+21 points), au Danemark (+13 points) et au Luxembourg (+13 points). À l’inverse, en Espagne, aux États‑Unis et au Portugal, les proportions sont comparables et ce sont des pays où le taux de travailleurs indépendants immigrés est élevé par rapport au taux de travailleurs indépendants nés dans le pays.
La part d’entrepreneurs d’opportunité est procyclique tant pour ceux nés à l’étranger que pour ceux nés dans le pays, indiquant que la part d’entrepreneuriat de nécessité est moindre lorsque les conditions du marché du travail sont favorables, c’est-à-dire que les travailleurs indépendants sont moins souvent d’anciens chômeurs (Graphique 4.10). Ce constat cadre avec les études publiées. Le taux d’entrepreneuriat d’opportunité a diminué à la fois pour les immigrés et les personnes nées dans le pays à la suite de la crise financière de 2008‑09, puis de nouveau sous l’effet de la pandémie de COVID‑19 en 2020 aux États‑Unis. On observe ici aussi de plus fortes variations dans la proportion d’entrepreneurs d’opportunité parmi les immigrés que parmi les personnes nées dans le pays.
Le module ad hoc de l’EFT-UE 2017 consacré au travail indépendant livre des éclairages directs sur la décision des immigrés et des personnes nées dans le pays d’emprunter cette voie. Les résultats indiquent que, bien que la majorité des individus exercent une activité indépendante par choix, les immigrés sont plus susceptibles de déclarer avoir fait ce choix par nécessité. Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE, 15 % des travailleurs indépendants immigrés choisissent le travail indépendant parce qu’ils n’ont pas pu trouver de travail salarié, contre 8 % des individus nés dans le pays (Tableau 4.8).
D’autre part, 19 % des travailleurs indépendants immigrés dans l’UE‑AELE en 2017 préféreraient être salariés, contre 16 % des personnes nées dans le pays (Graphique 4.11), ce qui indique des difficultés à trouver un emploi salarié dans le cas des immigrés. Une plus forte proportion de travailleurs indépendants immigrés que de travailleurs nés dans le pays préféreraient être salariés dans tous les pays considérés, à l’exception de l’Espagne, du Portugal et de la Tchéquie.
Tableau 4.8. Les immigrés choisissent plus souvent d’exercer une activité indépendante par nécessité
Copier le lien de Tableau 4.8. Les immigrés choisissent plus souvent d’exercer une activité indépendante par nécessitéRaisons pour lesquelles les individus deviennent des travailleurs indépendants, UE‑AELE, 2017, pourcentages
|
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
---|---|---|
Opportunité favorable |
22.8 |
25.9 |
Souhait d’exercer une activité indépendante pour d’autres raisons |
17.7 |
19.8 |
Pratique habituelle dans le domaine |
17.0 |
15.0 |
Ne pouvait pas trouver d’emploi en tant que salarié |
15.1 |
8.4 |
Souhait d’être travailleur indépendant en raison de la flexibilité des horaires de travail |
15.1 |
12.3 |
Non planifié, mais a commencé à travailler en tant que travailleur indépendant pour une autre raison |
5.7 |
5.0 |
Continuité de l’entreprise familiale |
5.0 |
11.4 |
L’ancien employeur a demandé le statut de travailleur indépendant |
1.7 |
2.2 |
Source : Module ad hoc de l’EFT-UE 2017.
Le problème du travail indépendant par nécessité est plus pressant pour les groupes immigrés qui ont davantage de difficultés à s’intégrer sur le marché du travail. Les données factuelles récentes obtenues pour les pays de l’OCDE se sont concentrées sur ces groupes. Par exemple, les réfugiés au Royaume‑Uni et au Canada risquent davantage de devenir des travailleurs indépendants par nécessité (Kone, Ruiz et Vargas-Silva, 2020[29] ; Green et al., 2016[30]).
Les femmes immigrées se heurtent également à un plus grand nombre d’obstacles sur le marché du travail, et risquent donc davantage d’être des travailleuses indépendantes dans certains contextes. Dans l’UE‑AELE, les femmes immigrées exerçant une activité indépendante sont plus susceptibles de déclarer qu’elles préféreraient travailler en tant que salariées que les femmes nées dans le pays (20 % contre 18 %) ou les hommes nés à l’étranger (18 %). Dans certains pays, cet écart entre les femmes immigrées et les femmes nées dans le pays est particulièrement important. Par exemple, en Belgique, 24 % des femmes immigrées exerçant une activité indépendante déclarent qu’elles préféreraient travailler en tant que salariées, contre 13 % des femmes nées dans le pays (module ad hoc de l’EFT de l’UE, 2017). En Suisse, les proportions sont de 23 % et 9 %. Dans le contexte de l’afflux important de femmes ukrainiennes dans les pays européens de l’OCDE en 2022/23, le travail indépendant a été également une voie d’intégration. Par exemple, Andrejuk (2018[31]) s’intéresse au cas de l’entreprenariat des femmes ukrainiennes en Pologne.
Les migrants en situation irrégulière sont un autre exemple. Anuedo-Dorantes, Lofstrom et Wang (2021[32]) montrent, pour les États‑Unis, que le resserrement des contrôles de l’immigration au sein du pays a entraîné une hausse du nombre d’immigrés mexicains (y compris en situation irrégulière) empruntant la voie du travail indépendant pour éviter d’être soumis à davantage de contrôles.
Une insertion professionnelle durable par le travail indépendant nécessite cependant que les entreprises d’immigrés survivent ou qu’elles servent de tremplin pour accéder à l’emploi salarié. Les immigrés sont plus susceptibles d’emprunter la voie du travail indépendant, mais aussi plus susceptibles de la quitter (Tableau 4.9). Tel est le cas dans tous les pays pour lesquels on dispose de données, à l’exception de deux d’entre eux : la Slovénie et la Tchéquie. Dans 7 des 17 pays, les immigrés sont plus de 50 % plus susceptibles de quitter le travail indépendant que les personnes nées dans le pays, notamment en Autriche, au Danemark, en Grèce, au Portugal et en Suisse.
Les femmes immigrées sont plus susceptibles d’accéder à l’emploi indépendant, mais aussi d’en sortir, que les femmes nées dans le pays et les hommes immigrés dans presque tous les pays pour lesquels des données sont disponibles. Le flux d’entrée dans l’emploi indépendant était de 16 % pour les femmes immigrées contre 13 % pour les femmes nées dans le pays, en moyenne dans dix pays européens de l’OCDE disposant d’échantillons fiables. De même, le flux de sortie de l’emploi indépendant était de 12 % contre 8 %.
La part des sorties vers le chômage est plus élevée pour les immigrés que pour les personnes nées dans le pays. Dans l’UE‑AELE, 28 % des personnes nées à l’étranger qui étaient indépendantes l’année précédente sont devenues chômeuses au cours de la période 2017‑19, contre 19 % des personnes nées dans le pays. En Belgique, les immigrés sont aussi plus susceptibles que les personnes nées dans le pays de devenir chômeurs ou de quitter la population active après une période de travail indépendant (Lens, 2022[33]). Ces données cadrent avec l’idée que les immigrés se trouvent également forcés d’abandonner le travail indépendant, et que cette voie ne garantit pas nécessairement une insertion professionnelle durable.
Tableau 4.9. Les immigrés sont plus susceptibles de commencer mais aussi de quitter une activité indépendante
Copier le lien de Tableau 4.9. Les immigrés sont plus susceptibles de commencer mais aussi de quitter une activité indépendanteTravail indépendant : entrées et sorties, UE‑AELE, 2017‑19
|
Entrée dans le travail indépendant |
Sortie du travail indépendant |
||
---|---|---|---|---|
|
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
Nées à l’étranger |
Nées dans le pays |
AUS |
11.5 |
6.9 |
6.8 |
5.8 |
AUT |
12.1 |
8.3 |
10.1 |
5.5 |
BEL |
8.8 |
5.9 |
4.8 |
3.5 |
CHE |
30.3 |
26.1 |
11.8 |
6.7 |
CZE |
5.7 |
6.3 |
4.3 |
4.4 |
DEU |
13.7 |
9.6 |
6.5 |
4.2 |
DNK |
7.9 |
5.7 |
8.0 |
4.4 |
ESP |
9.1 |
5.8 |
12.9 |
11.6 |
FIN |
19.8 |
16.0 |
14.1 |
10.8 |
FRA |
11.2 |
12.1 |
17.8 |
13.5 |
GBR |
17.9 |
15.7 |
8.5 |
7.6 |
GRC |
4.4 |
1.9 |
4.8 |
2.5 |
ITA |
11.3 |
7.0 |
6.7 |
4.8 |
LUX |
21.5 |
19.9 |
14.7 |
11.6 |
NOR |
19.0 |
12.6 |
11.7 |
11.1 |
PRT |
12.5 |
8.2 |
8.5 |
4.9 |
SVN |
3.5 |
6.3 |
4.1 |
4.8 |
Moyenne |
13.5 |
10.8 |
9.5 |
7.2 |
Source : EFT-UE 2017‑19.
Les immigrés sont plus susceptibles de travailler à la demande ou d’être des faux travailleurs indépendants
Le travail à la demande et le travail de plateforme sont un moyen de compléter les revenus du ménage en période de chômage ou pendant la phase de démarrage d’une nouvelle activité entrepreneuriale à l’avenir incertain. Dans les pays de l’OCDE, les immigrés risquent davantage d’être sans emploi et d’avoir des difficultés d’insertion professionnelle (OCDE/Commission européenne, 2023[27]). Dans ce contexte, le travail à la demande peut être une option. Peu de données sont disponibles à ce jour sur le travail à la demande et le travail de plateforme des immigrés. Ces deux formes de travail sont difficilement identifiables dans les sources de données habituelles.
Les données du Canada montrent que les immigrés sont surreprésentés parmi les travailleurs à la demande. D’après les registres fiscaux, on estime que 10.8 % de tous les hommes immigrés présents au Canada depuis moins de cinq ans ont travaillé à la demande en 2016, contre 6.1 % des travailleurs nés au Canada (Picot et Ostrovsky, 2021[7]). D’autre part, un module spécial de l’Enquête sur la population active canadienne conduite en 2023 révèle que 57.5 % des individus qui fournissent des services de transport individuel ou de livraison par l’intermédiaire d’une application ou d’une plateforme sont des immigrés. Ceux-ci sont fortement surreprésentés relativement à la proportion d’immigrés actifs.
Les données des États‑Unis, tirées d’une nouvelle enquête représentative à l’échelon national sur l’entrepreneuriat dans la population (Entrepreneurship in the Population, EPOP), indiquent que les travailleurs noirs et hispano‑américains, y compris les immigrés, sont plus susceptibles de travailler à la demande que les travailleurs blancs non hispaniques (Atkins, Brummet et Johnson, 2023[8]). Par exemple, 26 % des travailleurs hispano‑américains sont classés parmi les travailleurs à la demande au sens général s’ils utilisent une plateforme pour coordonner le paiement de produits alimentaires ou de services, contre 16 % de travailleurs blancs non hispaniques. De plus, 11 % des travailleurs hispano‑américains déclarent un travail à la demande comme emploi principal, contre 5 % de travailleurs blancs non hispaniques. L’enquête EPOP interroge sur l’origine ethnique des répondants, mais pas sur le pays de naissance.
Le travail de plateforme est problématique dans la mesure où les travailleurs sont déclarés comme indépendants alors que, dans de nombreux cas, leurs conditions de travail ressemblent de près à celles de salariés. La question se pose de savoir si les immigrés sont plus susceptibles de se trouver dans une situation de faux travail indépendant que les personnes nées dans le pays. Pour les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE, les données d’un module ad hoc spécial de l’EFT sur l’entrepreneuriat en 2017 portent à conclure dans ce sens.
Premièrement, les travailleurs indépendants immigrés sont moins susceptibles de déterminer eux-mêmes de leurs horaires de travail. Ils sont 28 % à ne pas en décider librement dans les pays de l’UE‑AELE, contre 21 % des travailleurs indépendants nés dans le pays. Deuxièmement, dans l’UE‑AELE, les travailleurs indépendants immigrés qui ont des clients ont plus souvent un seul client ou un client dominant (19 % contre 16 % des travailleurs nés dans le pays). Cette différence se vérifie dans la plupart des pays individuels de l’UE‑AELE, à l’exception de la Tchéquie.
Mesures d’accompagnement des entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Mesures d’accompagnement des entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDELes immigrés risquent davantage d’être forcés au travail indépendant, mais il apparaît qu’ils risquent aussi davantage de rencontrer des obstacles à la création d’une entreprise. Dans les pays de l’UE‑AELE membres de l’OCDE, par exemple, un plus grand nombre de salariés immigrés que de personnes nées dans le pays souhaiteraient travailler à leur compte : 13 % contre 9 % selon les données du module ad hoc consacré au travail indépendant de l’EFT-UE 2017. La principale raison citée par les personnes nées à l’étranger et celles nées dans le pays pour ne pas exercer une activité principale indépendante est la précarité financière (41 % pour les deux groupes). Les immigrés font cependant état de plus grandes difficultés à obtenir le financement nécessaire pour créer leur entreprise (21 % contre 17 %).
Les pays de l’OCDE ont divers outils à leur disposition pour accompagner l’entrepreneuriat immigré. Les pouvoirs publics peuvent intégrer les immigrés dans leurs dispositifs d’aide à l’entrepreneuriat ou mettre en place des services réservés aux immigrés. Ces services prennent diverses formes : formations à l’entrepreneuriat, aide juridique et administrative, incubateurs, etc. Ils ne s’adressent pas tous aux mêmes groupes d’immigrés : immigrés à différents stades de la création d’une entreprise ou groupes d’immigrés ciblés par d’autres mesures d’intégration, notamment les immigrés récemment arrivés, les réfugiés et les femmes immigrées.
Cette section examine les contraintes juridiques rencontrées par les entrepreneurs immigrés. Tout immigré ne peut pas devenir entrepreneur dans le pays d’accueil. En seconde partie, elle examine les différents types de mesures d’accompagnement des entrepreneurs immigrés en place dans les pays de l’OCDE21.
Quels immigrés peuvent créer de nouvelles entreprises dans les pays de l’OCDE ?
Les contraintes juridiques sont le premier obstacle à l’entrepreneuriat immigré. Tous les immigrés n’ont pas le droit de créer une nouvelle entreprise. Premièrement, ils doivent avoir un statut légal dans le pays d’accueil pour pouvoir démarrer une entreprise dans l’économie formelle. Deuxièmement, certains statuts migratoires ne les autorisent pas à démarrer une entreprise. Dans de nombreux cas, le statut des migrants de travail est conditionné à l’occupation d’un emploi salarié, ce qui limite la possibilité de créer une activité indépendante De même, les demandeurs d’asile et les étudiants en mobilité internationale sont des catégories de migrants dont l’accès au marché du travail est souvent restreint dans les pays de l’OCDE. L’Encadré 4.2 présente les travaux récents montrant, dans des contextes précis, combien l’interdiction de créer sa propre entreprise est effectivement contraignante pour les immigrés.
Encadré 4.2. Travaux récents montrant que les contraintes juridiques pèsent sur l’entrepreneuriat immigré
Copier le lien de Encadré 4.2. Travaux récents montrant que les contraintes juridiques pèsent sur l’entrepreneuriat immigréStatut légal dans le pays d’accueil
Avoir un statut légal dans le pays est la première condition pour pouvoir créer une entreprise. Une étude sur les effets de la régularisation en masse des Vénézuéliens en Colombie en 2018 montre que le nombre d’entrepreneurs vénézuéliens déclarés a été multiplié par 12 depuis (Bahar, Cowgill et Guzman, 2022[34]).
Règles relatives aux visas
Une étude récente de la situation aux États‑Unis montre que les chercheurs et les ingénieurs immigrés ont tendance à conserver un emploi salarié à la hauteur de leurs qualifications après leur arrivée. Les immigrés très qualifiés ont tendance à travailler aux États‑Unis en vertu d’un visa H1‑B, délivré pour un emploi salarié uniquement. Cependant, une fois la contrainte du statut migratoire levée (une fois que les immigrés obtiennent une carte verte), ils sont plus susceptibles de créer leur propre entreprise que les travailleurs nés dans le pays (Agarwal, Ganco et Raffiee, 2022[35]).
Le Tableau 4.10 résume le droit au travail indépendant des principales catégories d’immigrés qui n’ont peut-être pas pleinement accès au marché du travail du pays d’accueil : les migrants de travail, les demandeurs d’asile et les étudiants en mobilité internationale pendant leurs études. Dans la plupart des pays de l’OCDE, le visa ou le permis obtenu par les migrants de travail ne les autorise pas à créer leur propre activité (sauf dans le cas des titulaires d’un visa d’entrepreneur ou d’investisseur). Ils doivent tout d’abord changer de statut migratoire pour pouvoir créer une entreprise et obtenir un permis d’entrepreneur, un permis de travailleur indépendant ou un permis autorisant un accès illimité au marché du travail (permis familial ou permis de séjour permanent). La raison en est que la majorité des permis de travail sont parrainés par un employeur et sont conditionnés à un emploi salarié auprès d’un employeur précis ou, dans certains cas, limités à une profession ou à un secteur.
Il existe néanmoins quelques exceptions. Les pays de l’UE membres de l’OCDE, sont encouragés par la Commission Européenne à autoriser les ressortissants de pays tiers relevant de la directive Carte bleue européenne l’exercice d’une activité indépendante (secondaire) parallèlement à leur activité principale, afin de promouvoir l’entrepreneuriat innovant. Dans certains pays (Estonie, Finlande, Grèce, Lettonie, Mexique et Pays‑Bas), les immigrés titulaires d’un permis de travail sont autorisés à devenir des travailleurs indépendants sans changer de statut. Dans des circonstances particulières, la création d’une entreprise est autorisée pour les migrants de travail au Japon et aux États‑Unis, et facilitée en Corée et en Türkiye. En Australie et au Canada, les migrants de travail (ou migrants économiques) peuvent être admis dans le pays d’accueil avec un permis de séjour permanent dès le départ et ont donc pleinement accès au marché du travail. Dans le cas du Canada, certains migrants peuvent bénéficier d’un permis ouvert qui leur donne libre accès au marché du travail.
Les demandeurs d’asile peuvent créer leur propre activité dans à peu près la moitié des pays de l’OCDE. Une fois qu’ils sont autorisés à travailler, ils sont également autorisés à exercer une activité indépendante. Dans la majorité des cas, il y a un délai d’attente entre le dépôt de la demande d’asile et l’autorisation d’accès au marché du travail. Dans certains cas cependant, comme en République slovaque, les demandeurs d’asile peuvent occuper un emploi salarié, mais pas une activité indépendante.
Les étudiants en mobilité internationale sont autorisés à travailler pendant leurs études dans la plupart des pays de l’OCDE (OCDE, 2023[36]). Dans presque tous les cas, des restrictions s’appliquent sur les heures de travail (ils sont généralement autorisés à travailler à temps partiel uniquement) et dans certains cas sur le type d’emploi, c’est-à-dire sur ou hors campus. Le droit de travailler n’englobe pas toujours le travail indépendant. Dans environ la moitié des pays de l’OCDE, les étudiants en mobilité internationale ne sont pas autorisés à créer une entreprise pendant leurs études.
Une fois leur diplôme obtenu, les étudiants en mobilité internationale peuvent changer de statut et obtenir un visa ou un permis autorisant le travail indépendant, notamment un visa d’entrepreneur, s’ils remplissent les conditions nécessaires. Dans les pays de l’UE membres de l’OCDE, la directive relative aux étudiants et aux chercheurs autorise ceux-ci à rester dans le pays d’accueil pendant un maximum de 9 mois après la fin de leurs recherches ou de leurs études, à des fins de recherche d’emploi ou d’entrepreneuriat. Bon nombre d’autres pays de l’OCDE autorisent également les diplômés à rester sur leur territoire pour trouver un emploi, pendant un maximum de deux ans dans certains cas (OCDE, 2023[37]). Pendant cette période, ils ont également le droit de créer leur propre entreprise, sauf en Irlande. Ils doivent ensuite demander un statut qui les autorise à exercer une activité indépendante.
Tableau 4.10. Droit légal des migrants à créer leur propre entreprise en fonction de leur statut d’immigration
Copier le lien de Tableau 4.10. Droit légal des migrants à créer leur propre entreprise en fonction de leur statut d’immigration
|
Travailleurs migrants |
Demandeurs d’asile |
Étudiants internationaux |
---|---|---|---|
AUS |
Oui et Non
|
Non
|
Oui
|
AUT |
Non |
Non |
Non |
BEL |
Non (Bruxelles)
|
Non (Bruxelles) Oui (Flandre) |
Non Sauf stage obligatoire (Flandre) |
CAN |
Oui et Non
|
Oui |
Oui |
CHE |
Non |
Non |
Non |
COL |
Non |
Non |
Non |
CRI |
Non |
Oui |
Non |
DEU |
Non |
Non |
Non |
DNK |
Non |
Non |
Non |
EST |
Oui |
Oui |
Oui |
FIN |
Oui |
Oui
|
Oui
|
FRA |
Non |
Non |
Non |
GBR |
Non |
Oui |
Non |
GRC |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
IRL |
Non |
Oui
|
Non |
ISR |
Non |
Non |
Non |
JAP |
Non
|
Non |
Non |
KOR |
Oui
|
Oui |
Oui |
LUX |
Non |
- |
Non |
LVA |
Oui
|
Oui |
Oui |
MEX |
Oui |
Oui |
Oui |
NLD |
Oui |
Oui |
Oui |
NOR |
Non |
Non |
Non |
NZL |
- |
- |
Non |
POL |
Non
|
Non |
Oui |
SVK |
Non |
Non
|
Oui |
SVN |
Oui |
Oui |
Oui |
SWE |
Non |
Oui |
Oui |
TUR |
Oui
|
Oui
|
Oui
|
USA |
Oui et Non
|
Oui |
Oui
|
Source : Questionnaire sur les politiques en matière d’entrepreneuriat des immigrés (2023).
Quelques pays de l’OCDE facilitent l’accès des immigrés aux services généraux de soutien à l’entrepreneuriat...
Tous les pays de l’OCDE proposent des services de soutien à l’entrepreneuriat en tant que source d’emplois, d’innovation et de croissance économique. Bon nombre d’entre eux sont dotés d’une agence nationale spécialisée (l’Autriche et les Pays‑Bas, par exemple). Dans d’autres, les entrepreneurs sont aidés par les agences pour l’innovation, les chambres de commerce ou les services publics de l’emploi.
L’entrepreneuriat immigré pourrait être soutenu en facilitant l’accès des immigrés à ces services. Il faut pour cela des services proposés en plusieurs langues, un personnel formé, ou des unités spéciales, capables de les aider à surmonter les obstacles liés au manque de familiarité avec les procédures administratives et juridiques du pays d’accueil ou à des spécificités en rapport avec leur situation au regard de l’immigration. Cette forme d’accompagnement de l’entrepreneuriat immigré est l’une des suggestions avancées par la Commission européenne dans son Plan d’action en faveur de l’intégration et de l’inclusion (Encadré 4.3).
Encadré 4.3. Soutien à l’entrepreneuriat des immigrés dans l’Union européenne
Copier le lien de Encadré 4.3. Soutien à l’entrepreneuriat des immigrés dans l’Union européennePlan d’action en faveur de l’intégration et de l’inclusion pour la période 2021‑27
Dans les pays de l’UE membres de l’OCDE, soutenir les entrepreneurs immigrés en facilitant leur accès au financement, à la formation et au conseil fait partie des objectifs du Plan d’action de la Commission européenne en faveur de l’intégration et de l’inclusion pour la période 2021‑27. La Commission œuvre dans le sens de cet objectif en facilitant des programmes de mentorat inclusifs ainsi qu’en soutenant les entrepreneurs dans le cadre du programme InvestEU, conçu pour favoriser l’investissement, l’innovation et la création d’emplois en Europe pendant la période 2021‑27.
La Commission européenne recommande que les États membres encouragent l’entrepreneuriat immigré par le biais de programmes de formation et de mentorat adaptés. Elle les encourage également à ouvrir leurs structures d’aide à l’entrepreneuriat aux immigrés et à inclure l’entrepreneuriat dans leurs programmes d’intégration.
Source : Commission européenne (2020), Plan d’action en faveur de l’intégration et de l’inclusion pour la période 2021‑27, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52020DC0758.
Les services prévus pour faciliter l’accès des immigrés aux services généraux de soutien à l’entrepreneuriat sont toutefois assez rares dans les pays de l’OCDE (Tableau 4.11). Un premier niveau de soutien possible consiste à fournir des informations ciblées aux immigrés (Belgique, Suisse), en plusieurs langues. En Belgique, Hub Brussels, l’agence pour l’entrepreneuriat dans la Région Bruxelles-Capitale, fait primer l’inclusivité et assure les séances d’information en différentes langues.
Depuis l’entrée en vigueur des visas de création d’entreprise et d’entrepreneuriat dans les pays de l’OCDE il y a quelques années, l’aide à l’entrepreneuriat a été élargie aux nouveaux titulaires de ces visas ou aux candidats. Dans bon nombre de cas, cette aide est assurée par les services généraux d’aide à l’entrepreneuriat ou en conjonction avec eux. Dans quelques pays de l’OCDE (Autriche, Flandre, Pays‑Bas), l’aide n’est pas destinée uniquement aux candidats à un visa de création d’entreprise venant de l’étranger, mais aussi aux immigrés déjà présents dans le pays et qui souhaitent créer une entreprise innovante, qu’ils soient ou non candidats à un visa de création d’entreprise.
L’aide à l’entrepreneuriat est particulièrement utile dans les pays où créer une entreprise est plus complexe. Par exemple, en Nouvelle‑Zélande, pays qui occupe la première place du classement des économies par facilité de faire des affaires, établi par la Banque mondiale, aucun accompagnement particulier n’est prévu pour les immigrés déjà établis dans le pays et ayant un projet de création d’entreprise22. L’aide apportée par les différents organismes publics et ministères est toutefois très pratique et inclusive. De même en Estonie, l’aide à l’entrepreneuriat – et à l’entrepreneuriat immigré en particulier – est développée et accessible.
Enfin, en Colombie et aux États‑Unis, les agences nationales pour l’entrepreneuriat proposent des services destinés exclusivement aux populations vulnérables. En Colombie, iNNpulsa Colombia gère un programme (Nucleo E) pour aider l’entrepreneuriat des populations vulnérables, dont les migrants font partie. Aux États‑Unis, l’administration des petites entreprises (Small Business Administration, SBA) est dotée d’un « conseil sur les communautés défavorisées » (Council on Underserved Communities, CUC), lesquelles comprennent les immigrés. D’autre part, et aux États‑Unis également, l’agence pour le développement d’entreprises dans les populations minoritaires (Minority Business Development Agency) couvre un plus large éventail de populations qui s’étend au-delà de la population immigrée. Cette agence du ministère du Commerce est consacrée à la promotion de la croissance et de la productivité des entreprises gérées par des minorités ethniques, ce qui inclut donc les entrepreneurs immigrés et nombre d’entrepreneurs nés dans le pays qui ne sont pas directement issus de l’immigration.
Des services réservés aux immigrés existent également à l’échelon local, comme l’Agence viennoise pour les entreprises (Wirtschaftsagentur). Ce guichet unique dispense des conseils sur la création d’entreprise aux immigrés ou aux personnes issues de l’immigration, en 17 langues différentes. Il propose également des ateliers, des séances de mentorat, des conseils individuels et des informations sur les options de financement à Vienne. La majorité de ces organismes, en plus d’accompagner la création d’entreprises, offre un large éventail d’autres services pour aider ces entreprises à se développer, comme à Gaziantep, en Türkiye (Encadré 4.4).
Tableau 4.11. Dispositifs nationaux ouverts aux entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Tableau 4.11. Dispositifs nationaux ouverts aux entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDE
|
Services destinés aux immigrants au sein des agences nationales qui promeuvent la création d’entreprise |
Soutien à la création d’entreprise à travers l’aide à l’intégration |
---|---|---|
AUS |
Non |
|
AUT |
|
|
BEL |
|
|
CAN |
Non |
Non |
CHE |
Non
|
Non |
COL |
|
|
CRI |
Non |
- |
DEU |
Non |
www.existenzgruendungsportal.de/Navigation/EN/Home/home.html |
DNK |
Non |
|
EST |
Non |
|
FIN |
Non |
|
FRA |
Non |
|
GBR |
Non |
Non |
GRC |
Non |
|
IRL |
Non |
Non |
ISR |
|
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JAP |
|
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Source : Questionnaire sur les politiques en matière d’entrepreneuriat des immigrés (2023).
Encadré 4.4. Le Bureau syrien de la Chambre de commerce de Gaziantep en Türkiye
Copier le lien de Encadré 4.4. Le Bureau syrien de la Chambre de commerce de Gaziantep en TürkiyeÀ la suite de l’arrivée en masse en Türkiye de ressortissants syriens fuyant la guerre en 2016, l’entrepreneuriat syrien est monté en flèche dans le pays. De nombreux Syriens, après avoir obtenu leur permis de protection temporaire, ont tenté de recréer leurs entreprises dans le pays d’accueil (dans des secteurs aussi variés que les services de restauration ou les industries manufacturières). La ville de Gaziantep a vite réalisé que bon nombre de réfugiés syriens n’avaient aucune connaissance de la langue turque ou des règles du pays concernant la création d’une entreprise.
Par conséquent, la Chambre de commerce de Gaziantep a mis en place un Bureau syrien en 2016. Celui-ci a pour mission d’aider les nouveaux entrepreneurs syriens à résoudre les problèmes courants. Il les accompagne dans leurs démarches auprès des autorités et leur fournit toutes les informations utiles dans la vie d’une entreprise lors d’ateliers et de séminaires en arabe : sur les appels d’offres, l’accès aux services bancaires, la fiscalité, le droit de séjour, etc. Le bureau propose également des formations pour renforcer les compétences entrepreneuriales (cours de langue, marketing, communication, gestion de la qualité, commerce international), des échanges avec le monde des affaires turc et des services spéciaux destinés à améliorer la performance des entreprises.
Source : Groupe de la Banque mondiale (2023[38]), Advancing Refugee Entrepreneurship.
... tandis que la majorité des pays encouragent l’entrepreneuriat par le biais de programmes d’intégration
Au lieu de proposer des services réservés aux immigrés au sein d’organismes d’aide à l’entrepreneuriat, certains pays de l’OCDE ont préféré créer des services d’accompagnement de l’entrepreneuriat au sein d’organismes dédiés à l’intégration des immigrés ou proposer des modules consacrés à l’entrepreneuriat dans leurs programmes de familiarisation ou d’intégration (Tableau 4.11).
En Grèce et au Portugal, des services consacrés à l’entrepreneuriat sont proposés dans les centres d’intégration des immigrés. En Grèce, les centres d’intégration créés dans 11 communes accompagnent l’insertion professionnelle des ressortissants de pays tiers, notamment en les aidant à créer une entreprise (conseils juridiques et financiers, mentorat, constitution de réseau, etc.). Au Portugal, le guichet unique pour les immigrés, qui réunit tous les services publics nécessaires à leur accueil et à leur intégration, comprend un bureau d’assistance à l’entrepreneuriat. Celui-ci coordonne des programmes d’aide au développement de projets d’entreprise (stages de 10 semaines) et assure un suivi personnalisé pour les entrepreneurs immigrés.
Israël est le seul pays de l’OCDE à posséder une agence consacrée exclusivement à promouvoir l’entrepreneuriat immigré. Elle relève de la division de l’entrepreneuriat du ministère de l’Alya et de l’Intégration et compte cinq centres d’affaires pour les immigrés permanents et les Israéliens de retour d’émigration. Leur unique mission consiste à aider les entrepreneurs en puissance récemment arrivés en Israël à créer et développer leur activité. Les conseillers de ces centres interviennent sur des questions de marketing, de technologie, de financement et de fiscalité en cinq langues différentes. Ils aident à la préparation du modèle de fonctionnement et du plan d’activité, à la recherche de financement, etc., et invitent à participer à de nombreux ateliers sur des sujets aussi variés que le marketing, la tarification, les méthodes de vente, et les meilleurs moyens publicitaires (surtout sur les réseaux sociaux).
Dans la majorité des pays de l’OCDE, les programmes de familiarisation sont le premier pas vers l’intégration des immigrés nouvellement arrivés. Ils proposent à ces personnes ou groupes ciblés (souvent des immigrés admis pour motifs humanitaires) diverses formations et mesures couvrant un éventail de besoins pour leur intégration – principalement des cours de langues – sur le marché du travail et dans la société du pays d’accueil (OCDE, 2023[39]). Il s’agit dans ce cas de promouvoir l’entrepreneuriat comme moyen d’intégration sur le marché du travail. Ces modules peuvent faire partie du programme principal ou être des modules facultatifs qui, dans certains cas, peuvent être suivis ultérieurement (Estonie).
Le contenu des modules sur l’entrepreneuriat varie (Tableau 4.12). Presque tous les pays de l’OCDE qui proposent des modules sur la création d’entreprise dans le cadre de leurs programmes de familiarisation proposent des conseils sur les aspects juridiques et la réglementation. Ils informent également sur les programmes généraux d’aide à la création d’entreprise (ouverts à tous, indépendamment de l’origine) pendant la session. L’accès aux financements est abordé dans deux tiers des pays. Des possibilités de constitution de réseau, de mentorat et d’accompagnement sont également offertes dans le cadre des programmes de familiarisation dans deux tiers à trois quarts des pays.
Tableau 4.12. Contenu des modules sur la création d’entreprise dans les programmes d’intégration destinés aux immigrés
Copier le lien de Tableau 4.12. Contenu des modules sur la création d’entreprise dans les programmes d’intégration destinés aux immigrésPays qui proposent un module sur la création d’entreprise dans leur programme d’intégration uniquement
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Conseils juridiques et réglementaires |
Conseils sur l’accès au financement |
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Note : En Finlande, dans la pratique, les modules varient à l’échelon régional.
Source : Questionnaire sur les politiques en matière d’entrepreneuriat des immigrés (2023).
Il existe une multitude d’initiatives et de programmes à plus petite échelle pour accompagner l’entrepreneuriat immigré dans les pays de l’OCDE
Une multitude d’initiatives et de programmes à plus petite échelle pour accompagner les entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDE vient combler les lacunes dans les pays où aucune mesure ni aucun programme n’est en place à l’échelon national pour les assister. Dans certains cas, ils complètent l’offre existante en se concentrant sur des mesures d’aide ou des populations cibles précises.
L’augmentation du nombre de mesures de soutien disponibles n’est pas sans poser de problèmes. Les programmes et les initiatives diffèrent largement en termes de qualité des services offerts et il est rare qu’une évaluation des programmes soit effectuée, ce qui permettrait d’étendre les programmes les plus réussis. En outre, la fragmentation des mesures de soutien nuit à leur visibilité auprès du groupe cible des immigrés. Des projets récents au niveau européen (MAGNET, ATHENA)23 ont montré que le paysage de l’aide aux entrepreneurs migrants est en effet très fragmenté.
Les mesures d’aide à l’entrepreneuriat immigré peuvent être groupées autour de quatre axes : développement des compétences entrepreneuriales des immigrés ; information sur le cadre juridique et la réglementation des entreprises dans le pays d’accueil ; accompagnement, mentorat et constitution d’un réseau ; et enfin, accès aux financements. Certains programmes conjuguent plusieurs mesures de soutien. Nous présentons ci‑après trois programmes parmi ceux qui offrent le soutien le plus complet aux plus larges groupes cibles.
CNA World-Dedalo (Italie) est un programme d’accompagnement de l’entrepreneuriat immigré établi à Turin en 2000, qui s’est depuis étendu à 25 autres villes italiennes. Il est coordonné par le bureau turinois de la Confédération nationale italienne de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises (Confederazione Nationale dell’Artigianato e della Piccola e Media Impresa, CNA). La Chambre de commerce de Turin et la banque Sanpaolo soutiennent la CNA Turin dans ce projet.
CNA World-Dedalo propose des services de conseil et d’aide ainsi qu’un programme de formation s’adressant aux entrepreneurs qui débutent comme à ceux qui sont déjà en exercice. Les services de soutien apportent des conseils juridiques sur la réglementation des entreprises et les lois relatives à l’immigration. Le programme aide également les entrepreneurs immigrés à ouvrir un compte bancaire et à accéder aux financements. Il a créé un consortium de garantie de crédits (Consorzio Fidi), dont la principale activité consiste à servir de caution pour les banques et faciliter l’accès au crédit pour les entrepreneurs immigrés (OCDE, 2019[40]).
Le programme pour l’entrepreneuriat de l’association Capacity à Zurich (Suisse), créé en 2015 et ouvert à toute personne d’origine non européenne, propose une offre complète de formation et l’accès à un incubateur. Les candidats sélectionnés sont accompagnés par des tuteurs et des mentors de la région qui connaissent le milieu des start-up et ont des relations parmi les entrepreneurs locaux. Ils sont aidés à élaborer un modèle d’activité, à comprendre les contraintes juridiques du Canton, à rechercher des partenaires et des investisseurs, et à intégrer le réseau local d’entreprises.
En Irlande, l’université technologique de Dublin a mis en place en 2023 un programme de formation à l’entrepreneuriat pour les immigrés, les réfugiés et les demandeurs d’asile qui ont déjà une idée d’entreprise, mais qui ne l’ont pas encore concrétisée. Ce programme à petite échelle (54 participants à l’édition pilote en 2023) propose un accompagnement complet : 12 cours sur les différentes étapes de la création d’une entreprise, suivies par quatre semaines durant lesquelles les participants doivent élaborer et soumettre un plan d’activité avec l’aide d’un mentor. Ceux dont les propositions finales sont jugées viables seront sélectionnés pour délivrer une présentation en vue d’obtenir d’éventuels financements. Le programme est financé par la direction de l’enseignement supérieur (Higher Education Authority) et l’élément de mentorat bénéficie du soutien de l’initiative Portes ouvertes (Open Doors Initiative)24.
Certains programmes ciblent les groupes de migrants qui ont davantage de difficultés à créer leur entreprise et de problèmes d’insertion professionnelle de manière plus générale. Les dix dernières années ont vu une forte augmentation du nombre d’initiatives en faveur de l’entrepreneuriat comme moyen d’insertion professionnelle des réfugiés, à la suite des principales vagues de réfugiés vers les pays de l’OCDE pendant cette période, de Syrie, du Venezuela et d’Ukraine. L’Encadré 4.5 présente quelques exemples de ces programmes.
Certains programmes récents dans les pays de l’OCDE proposent une aide ciblée aux femmes entrepreneurs immigrées. Largement sous-représentées parmi les entrepreneurs, les femmes se heurtent à des obstacles à l’entrepreneuriat particuliers, notamment des différences de ressources financières, d’accès aux ressources externes, d’attentes de la part de la société et d’impact des politiques et des règles qui régissent l’entrepreneuriat (OCDE/Commission européenne, 2023[41]). Cette double pénalisation des femmes immigrées sur le marché du travail est préoccupante.
Dans le contexte européen, un récent projet transnational visant à valoriser le fort potentiel entrepreneurial des femmes immigrées pour contribuer à leur intégration sociale et économique (ATHENA, Approaches To valorise High Entrepreneurial Potential of migrant women to contribute to their social and economic integration)25 s’est déroulé entre janvier 2021 et avril 2023 en Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie et Lituanie, financé par le Fonds européen Asile, Migration et Intégration (AMIF). Ce projet a notamment débouché sur la production de rapports sur les bonnes pratiques et de manuels pratiques pour les prestataires de services de soutien. Il a en outre accompagné directement 251 femmes entrepreneurs immigrées et aidé 67 organisations à renforcer leurs offres d’aide.
Les initiatives récentes d’aide aux femmes immigrées mettent l’accent sur la constitution d’un réseau et l’importance des mentors et modèles. En Belgique (Flandre), le projet SheDIDIT démarré en 2018 offre une plateforme aux femmes immigrées qui souhaitent porter un projet d’entreprise. Les participantes sont accompagnées dans leur projet par des tuteurs ou des mentors qui sont également des femmes entrepreneurs issues de l’immigration. Le Springboard programme de l’ONG norvégienne Diversify propose également des formations et des séances de mentorat pour les personnes d’origine immigrée souhaitant créer leur propre entreprise, et plus particulièrement les femmes. Mis en place en septembre 2023, le projet « STAGE – for international FEMpreneurs » est une plateforme de mise en réseau qui réunit les femmes entrepreneurs d’origine immigrée et fait partie du plan d’action allemand « Plus de femmes entrepreneurs pour nos PME ». Enfin, en Estonie, une initiative récente a été créée en soutien aux réfugiées d’Ukraine, la majorité des adultes déplacés étant des femmes (Encadré 4.5).
Encadré 4.5. Exemples d’initiatives d’accompagnement de l’entrepreneuriat destinées aux immigrés admis pour motif humanitaire
Copier le lien de Encadré 4.5. Exemples d’initiatives d’accompagnement de l’entrepreneuriat destinées aux immigrés admis pour motif humanitaireAu cours des dix dernières années, de nombreux programmes et initiatives en soutien de l’entrepreneuriat des personnes admises pour motif humanitaire ont été mis en œuvre dans les pays de l’OCDE. Il s’agit pour certains d’initiatives publiques à l’échelon national ou local tandis que d’autres ont été créés par la société civile. Voici ci‑après quelques exemples de programmes destinés aux réfugiés dans les pays de l’OCDE. On trouvera d’autres études de cas dans, par exemple, (OCDE, 2019[40] ; OCDE/Commission européenne, 2021[42] ; OCDE/Commission européenne, 2023[41]).
Startup Refugees (Finlande)
En Finlande, l’association Startup Refugees propose un stage de 10 semaines en diverses langues destiné aux nouveaux arrivants (immigrés, réfugiés et demandeurs d’asile) souhaitant porter leur propre projet d’activité professionnelle. Le stage explique comment concrétiser une idée, se constituer une clientèle, maîtriser les calculs financiers et effectuer les démarches administratives en Finlande. Startup Refugees a aidé plus de 1 000 entrepreneurs immigrés en Finlande à développer leur projet depuis sa fondation en 2016.
Singa (France)
En France, l’association SINGA développe depuis 2012 des programmes visant à créer des liens entre les réfugiés et immigrés nouvellement arrivés et les personnes locales en fonction de leurs intérêts, affinités professionnelles et passions communes. En 2016, SINGA a inauguré l’espace KIWANDA – la Fabrique des « interpreneurs » – situé au cœur de Paris. Il accueille les porteurs de projets immigrés et les entrepreneurs nés en France porteurs de projets liés à l’immigration. Les rencontres ont lieu dans cet espace, qui contribue en outre au développement d’un réseau social et professionnel de nouveaux arrivants souhaitant créer leur propre entreprise. Parallèlement, l’association a mis en œuvre des programmes de pré-incubation (2 mois) et d’incubation (6 mois), qui informent sur l’entrepreneuriat (innovant ou autre) dans huit villes de France. Depuis 2016, ils ont accompagné 20 projets par an. SINGA Paris propose aussi désormais des programmes d’accélération de 9 mois pour 7 à 8 candidats par an. L’offre d’accompagnement sur mesure de SINGA couvre les domaines suivants : financement et stratégie de levée de fonds, marketing et croissance, communication, stratégie de RH et aide au développement des compétences personnelles, autant d’étapes essentielles de la structuration d’une entreprise en plein développement.
Initiatives en soutien de l’entrepreneuriat des Ukrainiens déplacés
En juin 2024, la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine avait déplacé 5 millions d’Ukrainiens dans les pays de l’OCDE. Les pays de l’OCDE ont pris d’emblée des mesures pour faciliter l’accès de cette population au marché du travail, y compris l’accès au travail indépendant. La Pologne, par exemple, a ouvert une exception pour permettre le travail indépendant des Ukrainiens titulaires d’un permis de travail (Tableau 4.10). Certains pays ont mis en place des programmes d’aide à l’entrepreneuriat pour cette population. Quelques exemples sont présentés ci‑après.
Hub IVDK (Danemark)
L’Agence danoise pour la promotion de l’entrepreneuriat, IVDK (Entrepreneuriat Danemark), a créé l’IVDK Hub, un programme d’aide à l’entrepreneuriat destiné aux Ukrainiens, dont plus de 1 000 entrepreneurs ont bénéficié depuis. Le programme est structuré en trois ateliers de dix modules chacun, chaque module proposant des niveaux différents d’expérience (débutant, intermédiaire, avancé). Les candidats peuvent composer leur programme d’enseignement en fonction de leurs besoins, une souplesse qui leur permet d’avancer à leur rythme en consacrant plus de temps aux modules qu’ils jugent les plus intéressants pour eux.
WeStart (Danemark)
Au Danemark, Startup Ukraine, Google et l’association danoise des entrepreneurs ont mis en place le programme WeStart. Il s’agit d’une formation gratuite de 6 semaines destinée à 50 femmes ukrainiennes bénéficiant d’un statut temporaire. La formation couvre des sujets comme la création d’une entreprise, le financement, la stratégie d’entreprise, comment attirer des clients et la transition vers une stratégie de marketing.
Programme Empowering Women en faveur de l’entrepreneuriat (Estonie)
Le programme Empowering Women en faveur de l’entrepreneuriat, mené en Estonie en 2023, a accompagné plusieurs centaines d’Ukrainiennes déplacées par la guerre d’agression de la Russie. Sous la direction du Conseil estonien des réfugiés et de l’association Garage48, cette initiative proposait une formation complète à l’entrepreneuriat suivie de 6 mois de mentorat, avec accompagnement psychologique.
Initiatives en soutien de l’entrepreneuriat des Vénézuéliens déplacés en Colombie
La Colombie accueille actuellement plus de 2 millions de Vénézuéliens déplacés. La majorité des Vénézuéliens actifs sont des travailleurs indépendants. Dans ce contexte, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre au cours des dernières années en soutien de l’entrepreneuriat des réfugiés.
En Colombie, 60 entrepreneurs vénézuéliens vivant dans le département de Nariño ont été aidés à créer leur propre entreprise après avoir reçu des subventions du Conseil norvégien des réfugiés, par le biais de l’agence pour la promotion de l’entrepreneuriat SENA (Servicio Nacional de Aprendizaje). Ces entrepreneurs ont investi dans divers secteurs, dont la gastronomie, la menuiserie, la fabrication vestimentaire et la santé.
L’initiative Oportunidades para Emprender a été mise en place par le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, iNNpulsa Colombia et le projet Opportunities Without Borders d’USAID Colombie. La première phase de l’initiative consistait à mettre en œuvre une enquête de grande ampleur visant à comprendre et identifier les besoins des entreprises dirigées par des immigrés vénézuéliens ou des Colombiens de retour d’émigration, pour ensuite mieux soutenir la création et/ou le développement de leur activité. L’objectif est ensuite de mettre en relation les entrepreneurs immigrés et les initiatives d’entrepreneuriat en cours d’iNNpulsa Colombia et d’Opportunities Without Borders d’USAID Colombie, entre autres.
Conclusion
Copier le lien de ConclusionLe poids des entrepreneurs immigrés dans les pays de l’OCDE ne cesse d’augmenter depuis 15 ans. En 2022, 17 % en moyenne des travailleurs indépendants de la zone étaient des immigrés, à comparer avec 11 % en 2006. Cette hausse tient à la fois à celle de la population immigrée et à celle du taux de travailleurs indépendants parmi les immigrés par rapport aux personnes nées dans le pays.
Elle se traduit par une forte création d’emplois. On estime à 0.2 le nombre d’emplois supplémentaires créés par immigré dans la population d’âge actif grâce à l’entrepreneuriat, en moyenne dans 25 pays de l’OCDE. La situation est comparable pour la population née dans le pays. Cependant, compte tenu des importants flux migratoires vers les pays de l’OCDE ces dernières années, un calcul approximatif permet de penser que l’entrepreneuriat immigré a ajouté 4 millions d’emplois à ces 25 économies de l’OCDE entre 2011 et 2021.
Les immigrés sont surreprésentés parmi les fondateurs de quelques-unes des entreprises les plus prospères de la zone OCDE mais, dans pratiquement tous les pays, les entreprises d’immigrés sont de plus petite taille que celles des personnes nées dans le pays, à caractéristiques démographiques égales et dans les mêmes secteurs. Mieux comprendre comment les entreprises d’immigrés et de personnes nées dans le pays se développent au fil du temps est essentiel pour mettre en œuvre des politiques capables de résoudre les difficultés potentielles et les contraintes de croissance auxquelles se heurtent les entrepreneurs immigrés. Malheureusement, les recherches sur le parcours des entreprises d’immigrés dans les pays de l’OCDE sont insuffisantes. Font exception les États‑Unis et le Canada, qui relient les différentes sources de données administratives pour étudier la question.
D’autre part, les immigrés sont plus susceptibles que les personnes nées dans le pays de travailler à leur compte ou d’être dans une situation de faux travail indépendant. Les données récentes de quelques pays de l’OCDE indiquent qu’ils sont également plus susceptibles de travailler dans l’économie à la demande. Il sera essentiel de suivre de près le travail à la demande et le travail de plateforme des immigrés ainsi que l’incidence de ces modes de travail sur les mesures habituelles du travail indépendant et du chômage, afin de veiller à une insertion professionnelle pleine et durable dans le pays d’accueil.
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[1] OCDE (2022), « What are the risks and rewards of start-up visas? », Éditions OCDE, Paris, https://www.oecd.org/en/publications/what-are-the-risks-and-rewards-of-start-up-visas_e961695e-en.html.
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[40] OCDE (2019), « Policy brief on refugee entrepreneurship », Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/70571d6f-en.
[27] OCDE/Commission européenne (2023), Les indicateurs de l’intégration des immigrés 2023 : Trouver ses marques, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/d5253a21-fr.
[41] OCDE/Commission européenne (2023), The Missing Entrepreneurs 2023: Policies for Inclusive Entrepreneurship and Self-Employment, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/230efc78-en.
[42] OCDE/Commission européenne (2021), The Missing Entrepreneurs 2021: Policies for Inclusive Entrepreneurship and Self-Employment, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/71b7a9bb-en.
[50] OCDE/OIT/Union européenne (2023), Handbook on Measuring Digital Platform Employment and Work, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/0ddcac3b-en.
[23] Ostrovsky, Y. et G. Picot (2020), « Innovation au sein des entreprises appartenant à des immigrants au Canada », Small Business Economics, vol. 57/4, pp. 1857-1874, https://doi.org/10.1007/s11187-020-00376-2.
[24] Pekkala Kerr, S. et W. Kerr (2020), « Immigrant entrepreneurship in America: Evidence from the survey of business owners 2007 & 2012 », Research Policy, vol. 49/3, p. 103918, https://doi.org/10.1016/j.respol.2019.103918.
[20] Picot, G. et Y. Ostrovsky (2021), « Les entrepreneurs immigrants et de deuxième génération au Canada : une comparaison intergénérationnelle de la propriété d’entreprise », Rapports économiques et sociaux, Statistique Canada.
[7] Picot, G. et Y. Ostrovsky (2021), Les entrepreneurs immigrés au Canada : faits saillants d’études récentes, IRCC/Statistique Canada.
[17] Saxenian, A. (2002), « Silicon Valley’s New Immigrant High-Growth Entrepreneurs », Economic Development Quarterly, vol. 16/1, pp. 20-31, https://doi.org/10.1177/0891242402016001003.
[16] Startup Verband (2023), « Migrant Founders Monitor 2023 », https://startupverband.de/fileadmin/startupverband/mediaarchiv/research/migrant_founders/MigrantFoundersMonitor2023_EnglishVersion.pdf.
Annexe 4.A. Données et méthodologie
Copier le lien de Annexe 4.A. Données et méthodologieSources de données pour mesurer l’entreprenariat immigré
Copier le lien de Sources de données pour mesurer l’entreprenariat immigréLes enquêtes du Global Entrepreneurship Monitor (GEM)
Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) est une initiative internationale dont l’objectif est de mesurer les activités et les attitudes entrepreneuriales dans le monde entier au moyen d’enquêtes annuelles auprès de la population adulte (18 ans et plus) (OCDE/Commission européenne, 2021[42]). Les enquêtes du GEM portent sur environ 100 pays, dont 28 de l’OCDE. Elles recueillent des informations sur les attitudes des individus à l’égard de l’entrepreneuriat, leurs activités préalables à la création de leur entreprise, leur travail pendant la phase initiale, leur implication dans son fonctionnement et dans les fermetures d’entreprises. Bien que les données livrent des détails sur les caractéristiques individuelles des entrepreneurs, le pays de naissance est indiqué pour quelques pays seulement. L’édition 2012 de l’enquête du GEM comportait un module spécial sur l’entrepreneuriat immigré, qui n’a pas été repris depuis. Quelques pays (l’Allemagne, par exemple) recueillent toutefois ces données chaque année.
Les enquêtes auprès des individus et des ménages
Les enquêtes auprès des individus et des ménages sont une source de données très utile pour l’étude de l’entrepreneuriat. D’accès facile et largement disponibles, elles permettent d’obtenir des résultats très comparables entre les pays. Ces enquêtes recueillent généralement des informations sur le travail indépendant. La disponibilité d’informations détaillées sur les caractéristiques démographiques et le milieu socioéconomique des travailleurs indépendants, y compris leur pays de naissance, est un avantage considérable de ce type de données. Elles présentent toutefois l’inconvénient majeur de manquer d’informations sur les entreprises dans lesquelles les individus travaillent. Certaines enquêtes indiquent la taille des entreprises, mais ce n’est pas le cas pour tous les pays. Elles ne livrent pas d’informations complémentaires sur les résultats des entreprises.
Les enquêtes ou données administratives par entreprise
À l’inverse des enquêtes auprès des individus et des ménages, les enquêtes par entreprise ont l’avantage de livrer des informations bien plus détaillées sur leurs caractéristiques fondamentales ainsi que sur leurs résultats, à savoir leur chiffre d’affaires, leur bénéfice et leurs effectifs. Les informations sur le propriétaire ou le fondateur de l’entreprise sont toutefois rares. En particulier, le pays de naissance du propriétaire ou du fondateur étant souvent absent, ce type de données se prête mal à l’étude de l’entrepreneuriat immigré. Des efforts ont été déployés ces quelques dernières années pour relier les données par entreprise à d’autres sources de données administratives afin d’obtenir une vue d’ensemble plus détaillée de l’entrepreneuriat. Dans le cas des États‑Unis, la base de données longitudinale sur les entreprises (Longitudinal Business Database, LBD) a été alignée sur les registres fiscaux et le recensement de la population dans le but d’obtenir des informations à la fois sur les résultats des entreprises et sur leurs fondateurs (définis comme étant les individus les plus hautement rémunérés pendant les premières années de l’entreprise) (Kerr et Kerr, 2017[43] ; Azoulay et al., 2022[14]). Pour le Canada, les dossiers fiscaux personnels ont été alignés sur ceux des entreprises et sur les dossiers administratifs des nouveaux résidents permanents à leur arrivée au Canada pour pouvoir étudier l’entrepreneuriat immigré et les entreprises d’immigrés (Green et al., 2016[30] ; Picot et Ostrovsky, 2021[7]).
Méthodologie d’estimation basse du nombre d’emplois créés par le travail indépendant, par immigré et par personne née dans le pays dans la population d’âge actif
Copier le lien de Méthodologie d’estimation basse du nombre d’emplois créés par le travail indépendant, par immigré et par personne née dans le pays dans la population d’âge actifLe Tableau 4.7 présente une estimation basse du nombre d’emplois créés par personne d’âge actif née à l’étranger et née dans le pays, décomposée en différentes marges.
Le nombre d’emplois créés peut être décomposé en part de travailleurs indépendants dans la population d’âge actif et nombre moyen d’emplois créés par chaque travailleur indépendant (A = B*C) :
D’autre part, le nombre moyen d’emplois créés par travailleur indépendant dépend de la part de travailleurs indépendants qui ont des salariés et du nombre d’emplois qu’ils créent (C = 1*(1‑C1)+C1*C2).
Par conséquent :
Pour estimer le nombre d’emplois créés par les travailleurs indépendants (y compris leur propre emploi), on utilise la limite inférieure de la fourchette de tailles d’entreprise et on ajoute l’emploi des travailleurs indépendants. Ainsi, si un travailleur indépendant n’a aucun salarié, on considère qu’il a créé un emploi. Si l’entreprise a entre 1 et 9 salariés, 2 emplois ont été créés. Si elle a entre 10 et 19 salariés, 11 emplois ont été créés et si l’entreprise a 20 salariés ou plus, 21 emplois ont été créés. Cet exemple repose sur les fourchettes de tailles d’entreprise dans l’EFT-UE. Il sera différent pour d’autres pays en fonction de ces fourchettes.
La méthode illustrée ici est limitée dans la mesure où la majorité des enquêtes sur la population active indiquent la taille de l’entreprise sous forme de nombre de personnes travaillant pour l’unité locale plutôt que pour l’entreprise entière. Par conséquent, si une entreprise est constituée de plusieurs unités, le nombre d’emplois créés par cette entreprise sera sous-estimé.
Annexe 4.B. Graphiques et tableaux complémentaires
Copier le lien de Annexe 4.B. Graphiques et tableaux complémentairesTableau d’annexe 4.B.1. Nombre d’immigrés exerçant une activité indépendante
Copier le lien de Tableau d’annexe 4.B.1. Nombre d’immigrés exerçant une activité indépendanteEn milliers, 2006 (ou première année disponible) et 2022 (ou dernière année disponible)
|
2006 |
2022 |
changement 2022/06 |
---|---|---|---|
AUS |
599.2 |
732.8 |
1.2 |
AUT |
49.9 |
91.4 |
1.8 |
BEL |
68.0 |
139.8 |
2.1 |
CAN |
575.5 |
774.5 |
1.3 |
CHE |
84.6 |
191.1 |
2.3 |
CHL |
22.7 |
249.4 |
11.0 |
COL |
|
494.4 |
|
CRI |
29.3 |
50.6 |
1.7 |
CZE |
19.9 |
55.7 |
2.8 |
DEU |
451.1 |
638.9 |
1.4 |
DNK |
14.8 |
23.5 |
1.6 |
ESP |
296.7 |
610.2 |
2.1 |
EST |
7.8 |
6.4 |
0.8 |
FIN |
8.9 |
33.6 |
3.8 |
FRA |
282.6 |
446.4 |
1.6 |
GBR |
423.0 |
1 003.4 |
2.4 |
GRC |
38.0 |
47.6 |
1.3 |
HUN |
11.1 |
24.5 |
2.2 |
IRL |
28.4 |
68.2 |
2.4 |
ISL |
0.9 |
1.7 |
1.8 |
ITA |
310.2 |
419.6 |
1.4 |
JPN |
|
55.3 |
|
KOR |
|
35.6 |
|
LTU |
5.4 |
6.1 |
1.1 |
LUX |
5.6 |
18.1 |
3.3 |
LVA |
7.0 |
4.9 |
0.7 |
MEX |
31.2 |
72.3 |
2.3 |
NLD |
96.2 |
217.5 |
2.3 |
NOR |
13.1 |
22.0 |
1.7 |
NZL |
|
133.5 |
|
POL |
10.3 |
16.1 |
1.6 |
PRT |
43.5 |
85.2 |
2.0 |
SVK |
3.2 |
5.4 |
1.7 |
SVN |
4.7 |
10.5 |
2.3 |
SWE |
55.7 |
84.8 |
1.5 |
USA |
2093.8 |
3 232.8 |
1.5 |
Note : Les données relatives au Royaume Uni portent sur l’année 2019.
Source : EFT-UE 2006, 2019 et 2022; CPS ASEC 2006 et 2022; Australie, Characteristics of Employment 2014 et 2022; CASEN 2009 et 2022; GEIH 2022; ECE 2011 et 2022; ENOE 2006 et 2022; EPA Nouvelle‑Zélande 2021; EPA Israël 2020; Japon, recensement de la population 2020; SILCLF 2021 & EAPS 2021.
Tableau d’annexe 4.B.2. Part d’immigrés parmi les travailleurs indépendants, par secteur d’activité
Copier le lien de Tableau d’annexe 4.B.2. Part d’immigrés parmi les travailleurs indépendants, par secteur d’activitéPourcentages, 2022 (ou dernière année disponible)
|
AUS |
CAN |
UE‑AELE |
GBR |
LAC |
USA |
---|---|---|---|---|---|---|
Commerce de gros et de détail |
35.0 |
40.3 |
14.1 |
24.0 |
3.4 |
24.6 |
Construction |
27.9 |
29.9 |
16.8 |
16.3 |
4.0 |
32.5 |
Services d’hébergement et de restauration |
52.0 |
58.1 |
27.0 |
31.6 |
5.5 |
38.2 |
Activités professionnelles, scientifiques et techniques |
33.8 |
34.7 |
10.1 |
19.4 |
2.1 |
14.8 |
Autres activités de services |
27.2 |
26.0 |
11.3 |
21.5 |
4.9 |
17.4 |
Santé humaine et travail social |
42.6 |
30.1 |
8.8 |
18.3 |
3.6 |
18.4 |
Services administratifs et de soutien |
39.6 |
|
20.1 |
24.3 |
5.1 |
36.5 |
Transport et stockage |
56.9 |
68.2 |
21.5 |
52.0 |
4.8 |
42.1 |
Secteur manufacturier |
35.2 |
29.2 |
14.5 |
16.4 |
3.0 |
22.1 |
Information et communication |
25.3 |
22.3 |
14.5 |
21.1 |
7.1 |
8.3 |
Total |
35.5 |
35.3 |
14.6 |
22.3 |
4.1 |
24.9 |
Note : Dix premiers secteurs d’activité uniquement. Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur l’année 2019. Les pourcentages sont en gras si les immigrés sont surreprésentés dans le secteur, c’est-à-dire si la part d’immigrés parmi les travailleurs indépendants dans le secteur est plus forte que la part d’immigrés dans la population totale de travailleurs indépendants.
Source : EFT-UE 2019 et 2022; CPS ASEC 2022; Australie, Characteristics of Employment 2022; CASEN 2022; GEIH 2022; ECE 2022; ENOE 2022; EPA Canada 2022.
Tableau d’annexe 4.B.3. Déterminants du travail indépendant
Copier le lien de Tableau d’annexe 4.B.3. Déterminants du travail indépendantModèles de probabilité linéaires, 2021-22 (ou dernière année disponible)
Nées dans le pays et à l’étranger |
Nées à l’étranger |
|||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
UE‑AELE (1) |
Allemagne (2) |
France (3) |
Espagne (4) |
Royaume‑Uni (5) |
États-Unis (6) |
UE‑AELE (7) |
Allemagne (8) |
France (9) |
Espagne (10) |
Royaume‑Uni (11) |
États-Unis (12) |
|
Nées à l’étranger |
0.000 (0.001) |
0.005** (0.002) |
0.015*** (0.005) |
0.025*** (0.006) |
0.030*** (0.004) |
0.022*** (0.003) |
||||||
Âge 25‑34 |
0.036*** (0.001) |
0.006*** (0.002) |
0.059*** (0.004) |
0.052*** (0.006) |
0.051*** (0.004) |
0.031*** (0.002) |
0.034*** (0.004) |
0.014*** (0.005) |
0.061*** (0.014) |
0.050*** (0.016) |
0.071*** (0.011) |
0.036*** (0.008) |
Âge 35‑44 |
0.068*** (0.001) |
0.034*** (0.002) |
0.079*** (0.004) |
0.092*** (0.006) |
0.087*** (0.004) |
0.064*** (0.003) |
0.063*** (0.004) |
0.033*** (0.006) |
0.075*** (0.015) |
0.097*** (0.017) |
0.106*** (0.012) |
0.071*** (0.009) |
Âge 45‑54 |
0.088*** (0.001) |
0.067*** (0.002) |
0.078*** (0.004) |
0.128*** (0.006) |
0.120*** (0.004) |
0.084*** (0.003) |
0.083*** (0.004) |
0.055*** (0.006) |
0.081*** (0.014) |
0.144*** (0.017) |
0.133*** (0.013) |
0.089*** (0.009) |
Âge 55‑64 |
0.112*** (0.001) |
0.088*** (0.002) |
0.115*** (0.005) |
0.159*** (0.006) |
0.158*** (0.005) |
0.097*** (0.003) |
0.098*** (0.005) |
0.061*** (0.007) |
0.123*** (0.016) |
0.160*** (0.020) |
0.180*** (0.016) |
0.086*** (0.009) |
Femmes |
‑0.063*** (0.001) |
‑0.038*** (0.001) |
‑0.051*** (0.003) |
‑0.066*** (0.004) |
‑0.080*** (0.003) |
‑0.028*** (0.002) |
‑0.058*** (0.003) |
‑0.037*** (0.003) |
‑0.075*** (0.008) |
‑0.058*** (0.011) |
‑0.087*** (0.007) |
‑0.045*** (0.004) |
Niveau d’éducation moyen |
‑0.001 (0.001) |
0.001 (0.002) |
0.016*** (0.004) |
‑0.004 (0.005) |
0.002 (0.004) |
‑0.008** (0.003) |
‑0.004 (0.003) |
‑0.008** (0.004) |
0.017 (0.010) |
0.014 (0.014) |
0.004 (0.012) |
0.018*** (0.007) |
Niveau d’éducation élevé |
0.027*** (0.001) |
0.052*** (0.002) |
0.051*** (0.005) |
‑0.018*** (0.004) |
‑0.012*** (0.004) |
‑0.015*** (0.003) |
0.035*** (0.004) |
0.035*** (0.005) |
0.068*** (0.011) |
0.030** (0.014) |
‑0.031*** (0.011) |
‑0.006 (0.007) |
Nombre d’enfants dans le ménage |
0.008*** (0.001) |
0.008*** (0.001) |
0.004*** (0.002) |
0.020*** (0.003) |
0.015*** (0.002) |
0.006*** (0.001) |
0.008*** (0.001) |
0.007*** (0.002) |
0.011*** (0.004) |
0.024*** (0.007) |
0.023*** (0.004) |
0.005** (0.002) |
5‑9 ans de résidence |
0.011*** (0.004) |
0.012** (0.005) |
0.005 (0.016) |
0.021 (0.022) |
0.039*** (0.012) |
‑0.027** (0.012) |
||||||
10+ ans de résidence |
0.026*** (0.004) |
0.037*** (0.005) |
0.022 (0.014) |
0.011 (0.016) |
0.032*** (0.009) |
‑0.011 (0.011) |
||||||
Afrique |
‑0.054*** (0.004) |
‑0.033*** (0.006) |
‑0.088*** (0.010) |
‑0.059*** (0.020) |
‑0.057*** (0.011) |
‑0.079*** (0.013) |
||||||
Asie |
0.024*** (0.004) |
‑0.005 (0.004) |
‑0.033** (0.016) |
0.280*** (0.033) |
‑0.014 (0.009) |
‑0.070*** (0.011) |
||||||
Amérique latine |
‑0.062*** (0.006) |
0.003 (0.011) |
‑0.093*** (0.016) |
‑0.067*** (0.013) |
‑0.015 (0.020) |
‑0.049*** (0.011) |
||||||
États-Unis, Canada, Océanie |
0.052*** (0.012) |
0.065*** (0.022) |
‑0.043 (0.041) |
0.130* (0.070) |
‑0.016 (0.017) |
‑0.054*** (0.020) |
||||||
Constante |
0.035*** (0.002) |
0.025*** (0.002) |
0.021*** (0.005) |
0.064*** (0.006) |
0.076*** (0.005) |
0.044*** (0.003) |
0.012** (0.005) |
0.020*** (0.006) |
0.069*** (0.017) |
0.052** (0.024) |
0.080*** (0.015) |
0.120*** (0.016) |
R2 |
0.035 |
0.030 |
0.019 |
0.029 |
0.035 |
0.019 |
0.039 |
0.021 |
0.043 |
0.090 |
0.041 |
0.019 |
Observations |
1 604 316 |
180 535 |
51 331 |
66 703 |
72 191 |
141 975 |
171 772 |
29 633 |
6 129 |
7 268 |
11 941 |
24 713 |
Note : Les effets fixes par année sont inclus dans tous les modèles ; les effets fixes par pays sont inclus dans les modèles (1) et (7). Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur 2018‑19.
Source : EFT-UE 2018‑19 et 2021‑22; CPS ASEC 2021‑22.
Tableau d’annexe 4.B.4. Nombre d’emplois créés par le travail indépendant, par personne d’âge actif née dans le pays
Copier le lien de Tableau d’annexe 4.B.4. Nombre d’emplois créés par le travail indépendant, par personne d’âge actif née dans le pays2021‑22 (ou dernière année disponible)
|
Emplois créés par la population des travailleurs indépendants divisée par la population d’âge actif |
Population des travailleurs indépendants divisée par la population d’âge actif |
Nombre d’emplois créés par la population des travailleurs indépendants divisé par la population des travailleurs indépendants |
Part des travailleurs indépendants ayant des salariés |
Nombre moyen d’emplois créés par la population des travailleurs indépendants ayant des salariés |
---|---|---|---|---|---|
|
A |
B |
C |
C1 |
C2 |
AUS |
0.33 |
12.41 |
2.67 |
35.67 |
5.69 |
AUT |
0.19 |
6.40 |
2.91 |
45.24 |
5.23 |
BEL |
0.18 |
9.10 |
1.99 |
25.41 |
4.90 |
CHE |
0.28 |
9.81 |
2.82 |
40.04 |
5.54 |
CHL |
0.30 |
14.38 |
2.09 |
37.11 |
3.95 |
COL |
0.62 |
20.91 |
2.98 |
25.64 |
8.72 |
CRI |
0.18 |
12.61 |
1.45 |
22.23 |
3.03 |
CZE |
0.18 |
11.35 |
1.61 |
15.53 |
4.95 |
DEU |
0.20 |
5.76 |
3.46 |
50.83 |
5.84 |
DNK |
0.16 |
4.93 |
3.31 |
41.49 |
6.58 |
ESP |
0.18 |
8.79 |
2.05 |
34.48 |
4.05 |
FIN |
0.16 |
7.16 |
2.20 |
32.37 |
4.70 |
FRA |
0.18 |
7.18 |
2.52 |
38.87 |
4.92 |
GBR |
0.18 |
10.17 |
1.81 |
14.53 |
6.55 |
GRC |
0.21 |
11.96 |
1.75 |
33.85 |
3.21 |
HUN |
0.18 |
7.75 |
2.28 |
36.49 |
4.50 |
IRL |
0.20 |
7.60 |
2.58 |
37.70 |
5.19 |
ISL |
0.21 |
8.87 |
2.34 |
34.45 |
4.88 |
ITA |
0.22 |
11.49 |
1.92 |
29.31 |
4.15 |
LTU |
0.10 |
6.74 |
1.51 |
14.33 |
4.53 |
LUX |
0.20 |
4.55 |
4.49 |
45.92 |
8.60 |
NLD |
0.27 |
11.58 |
2.34 |
24.33 |
6.49 |
NOR |
0.03 |
2.44 |
1.42 |
15.80 |
3.66 |
PRT |
0.18 |
7.93 |
2.23 |
37.84 |
4.26 |
SVN |
0.15 |
7.30 |
2.04 |
34.83 |
3.99 |
SWE |
0.19 |
6.42 |
2.99 |
40.04 |
5.97 |
USA |
0.30 |
5.82 |
5.10 |
45.52 |
3.03 |
Moyenne |
0.21 |
8.94 |
2.48 |
32.96 |
5.08 |
Note : A = B*C = B* [1 C1)+C1*C2]. Pour les États‑Unis, il n’est pas possible de distinguer les travailleurs indépendants avec et sans salariés avec les données des enquêtes sur la population actuelle (CPS). Par conséquent, le nombre d’entreprises constituées en société est utilisé à la place du nombre de travailleurs indépendants ayant des salariés pour les colonnes C1 et C2. Les données relatives au Royaume‑Uni portent sur 2018‑19.
Source : EFT-UE 2018‑19 et 2021‑22 (sauf pour DNK, IRL, ISL, SVN, PRT, 2017‑19); CPS ASEC 2022‑23; Australie, Work-Related Training and Adult Learning 2020‑21; CASEN 2022; GEIH 2022; ECE 2022.
Tableau d’annexe 4.B.5. Les immigrés ont moins souvent des salariés et en ont moins lorsqu’ils en ont
Copier le lien de Tableau d’annexe 4.B.5. Les immigrés ont moins souvent des salariés et en ont moins lorsqu’ils en ontModèle de probabilité linéaire de la probabilité que les travailleurs indépendants n’aient aucun salarié et de la probabilité que les travailleurs indépendants avec salariés aient 10 salariés ou plus, UE‑AELE, 2017‑19
|
Pas de salariés |
Plus de dix salariés |
||||
---|---|---|---|---|---|---|
|
(1) |
(2) |
(3) |
(1) |
(2) |
(3) |
Nés à l’étranger |
0.054*** (0.004) |
0.073*** (0.004) |
0.067*** (0.004) |
‑0.054*** (0.005) |
‑0.043*** (0.005) |
‑0.037*** (0.005) |
Âge 25‑34 |
‑0.092*** (0.006) |
‑0.028* (0.016) |
||||
Âge 35‑44 |
‑0.165*** (0.006) |
0.010 (0.016) |
||||
Âge 45‑54 |
‑0.191*** (0.006) |
0.015 (0.016) |
||||
Âge 55‑64 |
‑0.177*** (0.006) |
0.009 (0.016) |
||||
Femmes |
0.086*** (0.003) |
‑0.053*** (0.003) |
||||
Niveau d’éducation moyen |
‑0.044*** (0.003) |
0.028*** (0.004) |
||||
Niveau d’éducation élevé |
‑0.109*** (0.004) |
0.115*** (0.005) |
||||
Effets fixes sectoriels |
No |
Yes |
Yes |
No |
Yes |
Yes |
Effets fixes pays |
Yes |
Yes |
Yes |
Yes |
Yes |
Yes |
Constante |
0.509*** (0.005) |
0.439*** (0.005) |
0.641*** (0.008) |
0.182*** (0.005) |
0.143*** (0.006) |
0.086*** (0.017) |
R2 |
0.022 |
0.073 |
0.091 |
0.036 |
0.056 |
0.071 |
Observations |
475 149 |
475 149 |
475 149 |
163 421 |
163 421 |
163 421 |
Note : Les estimations sont celles d’un modèle de probabilité linéaire. Dans les trois premières colonnes, la variable dépendante est une variable binaire égale à 1 si le travailleur indépendant n’a aucun salarié ; 0 s’il a des salariés. Dans les trois dernières colonnes, la variable dépendante est une variable binaire égale à 1 si le travailleur indépendant a 10 salariés ou plus ; 0 si le travailleur indépendant a moins de 10 salariés. Source : EFT-UE 2017‑19.
Notes
Copier le lien de Notes← 1. Selon le programme d’indicateurs de l’entrepreneuriat de l’OCDE‑Eurostat, un entrepreneur est une personne qui cherche à générer des revenus. Un entrepreneur est un individu qui cherche à générer de la valeur, par la création ou l’expansion d’une activité économique, en identifiant et en exploitant de nouveaux produits, processus ou marchés (Ahmad et Seymour, 2008[48]).
← 2. Voir par exemple Katz and Krueger (2019[47]) pour les États-Unis.
← 3. La définition OCDE/UE/OIT de l’emploi sur plateforme numérique fait référence aux activités associées à la production de biens ou de services achevés par l’intermédiaire d’une plateforme numérique ou sur celle‑ci, lorsque la plateforme numérique ou l’appli contrôle et/ou organise des aspects essentiels du travail, tels que le contrôle de l’accès aux clients ou la facilitation du paiement (OCDE/OIT/Union européenne, 2023[50]).
← 4. Le travail à la demande est une forme d’emploi caractérisée par des tâches ou des emplois de courte durée qui ne garantissent pas un travail stable et pour lesquels le travailleur doit prendre des mesures spécifiques pour rester employé. Selon la définition de la CEE‑ONU, les travailleurs à la demande sont des personnes qui acceptent des tâches, des projets ou des emplois à court terme ; ils sont payés par unité de travail fournie ; ils n’ont aucune garantie d’un emploi stable et doivent faire des efforts spécifiques pour obtenir chaque tâche, projet ou emploi (CEE-ONU, 2022[46]).
← 5. Le travail indépendant économiquement dépendant fait référence aux travailleurs indépendants qui dépendent, d’un point de vue opérationnel ou économique, d’une autre personne ou entreprise, telle qu’un client principal, un fournisseur ou une entreprise. Il n’existe pas de définition internationale du faux travail indépendant. Dans la plupart des pays, le travail indépendant sera considéré comme un faux travail indépendant si, en plus d’être dépendant d’un seul client (c’est-à-dire un travail indépendant économiquement dépendant), le travailleur a peu de liberté pour décider des heures de travail, de la manière dont le travail est effectué, du lieu de travail, etc (OCDE, 2019[49]).
← 6. Comme dans la majorité des publications, le secteur agricole est exclu de l’analyse.
← 7. Selon la définition du BIT, les emplois indépendants sont ceux dont la rémunération dépend directement des bénéfices, ou des possibilités de bénéfices, tirés des biens et services produits (l’autoconsommation étant considérée comme faisant partie des bénéfices).
← 8. Si les taux de travail indépendant des immigrés et des personnes nées dans le pays étaient restés les mêmes en 2022 qu’en 2006 dans chaque pays, la proportion d’immigrés parmi les travailleurs indépendants en 2022 aurait été de 16.1 % en moyenne dans les 27 pays pour lesquels on dispose de données pour 2006 et 2012, au lieu des 17 % enregistrés à l’heure actuelle. La proportion moyenne d’immigrés parmi les travailleurs indépendants dans ces pays était de 10.7 % en 2006.
← 9. Dans le cas de l’Italie, Brunetti et Zaiceva (2023[44]) constatent que les immigrés sont moins susceptibles d’être des travailleurs indépendants que les personnes nées dans le pays, et que cet écart demeure même une fois pris en compte divers facteurs comme l’accès au crédit, l’importance des réseaux d’immigrés, la facilité de faire des affaires et les dépenses en services aux immigrés.
← 10. Voir par exemple : www.bls.gov/spotlight/2016/self-employment-in-the-united-states/home.htm ; www.stlouisfed.org/on-the-economy/2022/jul/self-employment-returns-growth-path-pandemic ; Atalay, Kim et Whelan (2014[45]) ; Commission européenne (2015[10]).
← 11. www.ons.gov.uk/employmentandlabourmarket/peopleinwork/employmentandemployeetypes/articles/understandingchangesinselfemploymentintheuk/january2019tomarch2022.
← 12. En 2022, les proportions de travailleurs indépendants non constitués en société dans l’ensemble de la population occupée, née à l’étranger et née dans le pays, sont les suivantes : 6.7 % et 6 % au Canada, 15.4 % et 14.8 % au Chili, 21.3 % et 20.9 % au Costa Rica, 8.5 % et 5 % aux États‑Unis.
← 13. Selon cette taxonomie, les secteurs à forte intensité de R-D sont les produits pharmaceutiques ; les produits informatiques, électroniques et optiques ; la recherche et le développement scientifiques. Les secteurs à moyenne intensité de R-D sont les autres matériels de transport ; les véhicules automobiles, remorques et semi-remorques ; les machines et équipements n.c.a. ; les produits chimiques ; le matériel électrique ; les activités d’édition ; les activités informatiques et services d’information.
← 14. À titre de comparaison, environ 10 % des travailleurs étaient employés dans des secteurs à forte ou moyenne intensité de R‑D, en moyenne dans les pays européens de l’OCDE en 2022, soit le double du pourcentage de travailleurs indépendants.
← 15. L’EFT-UE n’opère pas de distinction entre les travailleurs indépendants constitués en société ou non. Pour la France, si l’on utilise une autre source de données, les ressortissants de pays tiers sont sous-représentés parmi les fondateurs de sociétés innovantes et à forte intensité de R‑D. Les différences entre les groupes demeurent peu importantes.
← 16. En s’appuyant sur les données d’enquêtes auprès des entreprises aux États‑Unis et sur une classification différente des secteurs d’innovation, Lee et al. (2023[11]) et Brown et al. (2019[21]) obtiennent des résultats similaires. Les entreprises d’immigrés sont aussi plus susceptibles d’opérer dans le secteur de la haute technologie (avec soit une importante main-d’œuvre qualifiée dans les disciplines STIM soit une forte intensité de R‑D) que les entreprises sans propriétaire né à l’étranger. La part d’entreprises dans le secteur de la haute technologie n’est pas très importante tant pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées dans le pays (6.4 % et 4.9 %).
← 17. Ces études reposent sur l’enquête annuelle sur les entrepreneurs (Annual Survey on Entrepreneurs) (Brown et al., 2019[21] ; Lee et al., 2023[11]) et l’enquête annuelle auprès des entreprises (Annual Business Survey) mises en correspondance avec la base de données sur la dynamique employeur-ménage (Linked Employer-Household Dynamics, LEHD) (Chodavadia et al., 2024[13]).
← 18. Cette étude repose sur l’Enquête sur le financement et la croissance des petites et moyennes entreprises (2011, 2014, 2017).
← 19. Les données disponibles sur le nombre de salariés correspondent à la taille de l’établissement et sont disponibles en fourchettes uniquement (moins de 10, 10 à 19, 20 à 49, 50 à 249, 250 et plus, par exemple pour les pays européens). Le calcul suppose que le nombre de salariés est le plus bas de la fourchette.
← 20. www.innpulsacolombia.com/portfolio/encuesta-revela-que-el-59-de-los-emprendimientos-liderados-por-migrantes-en-colombia-estan-generando-al-menos-1-empleo-a-poblacion-colombiana-o-venezolana/.
← 21. Sauf indication contraire, les données ont été recueillies par le biais d’un questionnaire sur l’entrepreneuriat immigré, à partir de novembre 2023.
← 22. Une aide spécifique est prévue pour les immigrés candidats au visa de séjour d’entrepreneur ou au visa de travail d’entrepreneur depuis l’étranger.
← 23. www.migrantacceleration.eu ; https://athenaproject.net/.
← 24. L’édition 2024 a été financée par Broadlake, investisseurs dans l’entrepreneuriat.