Les indicateurs relatifs à la mortalité évitable offrent un « point de départ » général pour évaluer l’efficacité des politiques de santé publique et des systèmes de soins de santé pour ce qui est de la réduction des décès provoqués par divers maladies et accidents. La mortalité évitable recouvre à la fois les décès évitables grâce à des interventions efficaces de santé publique et de prévention, et ceux évitables par traitement grâce à des soins de santé efficaces et prodigués à temps. Le COVID‑19 est classé parmi les maladies évitables par prévention, dans la catégorie des « maladies infectieuses », car la plupart des décès pourraient être évités grâce à des mesures telles que la vaccination et le port d’équipements de protection.
Dans les 26 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles pour 2020 ou 2021, plus de 3 millions de décès prématurés auraient pu être évités chez les moins de 75 ans par un effort de prévention et de soin. Cela représente près d’un tiers du nombre total de décès. On estime à 2.1 millions le nombre de décès qui auraient pu être évités grâce à une prévention primaire efficace et d’autres mesures de santé publique, et à près de 1 million celui des décès liés à des maladies qui auraient pu être traitées grâce à des interventions médicales plus efficaces en temps voulu.
Les maladies infectieuses étaient la principale cause de mortalité évitable par prévention en 2021 (22 % de l’ensemble des décès évitables). Sachant que cette catégorie ne représentait que 2 % des décès évitables en 2019, l’augmentation est étroitement liée au COVID‑19. Certains cancers qu’il est possible de prévenir au moyen de mesures de santé publique figuraient également parmi les premières causes de mortalité évitable par prévention en 2021. Parmi les autres causes importantes figuraient les blessures, comme les accidents de la route et le suicide (17%) ; les crises cardiaques, AVC et autres maladies du système circulatoire (16 %) ; l’alcoolisme et la toxicomanie (13%) ; et certaines maladies respiratoires comme la grippe et la BPCO (6 %) (Graphique 3.7).
Les maladies du système circulatoire (crises cardiaques et AVC essentiellement) étaient en 2021 la principale cause de mortalité évitable par traitement ; elles sont à l’origine de 37 % des décès prématurés qu’un traitement aurait permis d’éviter. Une prise en charge efficace et en temps voulu du cancer, comme le cancer colorectal ou le cancer du sein, aurait permis d’éviter 23 % des décès liés à des maladies pouvant être traitées. Les maladies respiratoires comme la pneumonie et l’asthme (11 %), ainsi que le diabète et d’autres maladies du système endocrinien (10 %) sont d’autres causes majeures de décès prématurés pouvant faire l’objet d’un traitement (Graphique 3.7).
S’agissant du taux de mortalité évitable par prévention standardisé par âge, il s’élevait en moyenne à 158 pour 100 000 habitants dans les pays de l’OCDE. Il s’échelonnait de moins de 100 pour 100 000 habitants en Israël, au Japon, en Italie, en Islande, en Suisse, en Suède, en Australie et en Corée, à plus de 300 au Mexique, en Lettonie et en Lituanie (Graphique 3.8). Le taux de mortalité évitable par prévention était également élevé dans les pays candidats à l’adhésion et les pays partenaires que sont l’Afrique du Sud et le Pérou. Les taux plus élevés de décès prématurés dans ces pays tenaient essentiellement au COVID-19, mais aussi à la mortalité plus élevée due aux cardiopathies ischémiques, aux accidents et à la consommation d’alcool, ainsi qu’aux maladies endocriniennes et métaboliques au Mexique.
Dans les pays de l’OCDE, le taux de mortalité évitable par traitement était bien inférieur, s’établissant à 79 pour 100 000 habitants, en moyenne. Ils s’échelonnaient entre moins de 50 décès pour 100 000 habitants en Suisse, au Luxembourg, en Corée, en Australie, aux Pays-Bas, au Japon et en Islande à plus de 150 au Mexique, en Lettonie et en Lituanie. Les cardiopathies ischémiques, l’AVC et certains types de cancers pouvant être traités (notamment le cancer colorectal, du col de l’utérus et du sein) constituaient les principaux facteurs déterminants dans les pays affichant les taux les plus élevés. Le taux de mortalité évitable était également élevé au Mexique (qui enregistrait des taux élevés de mortalité due au diabète en plus des autres facteurs principaux), et dans les pays candidats à l’adhésion et partenaires clés que sont l’Afrique du Sud, la Bulgarie et la Roumanie.