Une transformation de la santé numérique est en train de remodeler le fonctionnement des services de santé, la protection de la santé publique ainsi que la prévention et la gestion des maladies chroniques. Grâce à l’utilisation accrue d’outils numériques tels que la télémédecine et l’intelligence artificielle, ainsi qu’à l’utilisation d’informations sur la santé pour surveiller la santé de la population et gérer les performances du système, les pays investissent davantage dans les systèmes de santé numériques. La pandémie de COVID‑19 a montré que les pays les plus résilients étaient ceux qui disposaient de systèmes numériques solides pour collecter et communiquer des informations sur la santé. Les systèmes de santé dotés d’une infrastructure numérique solide et de la capacité d’utiliser des informations sanitaires de qualité ont pu éclairer l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes et réagir avec plus de souplesse et de rapidité face aux chocs systémiques (OCDE, 2023[1]). Par conséquent, l’utilisation d’outils numériques tels que la télémédecine et l’intelligence artificielle se développe. Ces interventions numériques ont la capacité de remodeler les soins aux patients, d’améliorer la productivité du personnel, de permettre un accès équitable aux services de santé et d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé.
Les pays de l’OCDE continuent de mettre en œuvre et d’étendre l’utilisation des dossiers médicaux électroniques (DME) dans les hôpitaux ou les cabinets médicaux pour leurs patients. En 2021, en moyenne, plus de 93 % des cabinets de soins primaires utilisaient les DME, soit une augmentation par rapport au taux de 70 % en 2012, dans les pays de l’OCDE disposant de données comparables. Dans 13 pays de l’OCDE, tous les cabinets de soins primaires utilisent des DME, alors que dans certains pays comme la Pologne, le Mexique, la Suisse et le Japon, environ 40 % ou moins des cabinets de soins primaires disposent de DME. (Graphique 5.14). Néanmoins, tous ces pays ont connu une forte augmentation de la disponibilité des DME depuis 2012, avec des hausses particulièrement importantes au Danemark, aux États-Unis et au Canada. Ces augmentations de l’adoption des DME sont également observées dans le secteur hospitalier pour les patients hospitalisés, avec une augmentation de près de 45 % entre 2012 et 2021, ce qui indique une adoption généralisée des systèmes de DME pour les soins primaires et secondaires dans les pays de l’OCDE.
Outre l’infrastructure et l’utilisation de systèmes numériques tels que les DME, une transformation numérique efficace nécessite également une bonne gouvernance afin de partager et d’utiliser les informations sanitaires pour les prestataires et les patients de manière sécurisée et en temps voulu. La majorité des pays de l’OCDE disposent d’une certaine capacité à générer et à partager des informations sur la santé à partir des DME. En 2021, dans 16 pays de l’OCDE sur 26, la plupart des patients peuvent avoir accès à un portail Internet leur permettant de consulter les informations figurant dans leur DME. En outre, 13 pays de l’OCDE sur 26 sont en mesure de mettre les patients en relation avec leurs prestataires de santé par l’intermédiaire d’un portail destiné aux patients (Oderkirk, 2021[2]).
L’amélioration des infrastructures et des connaissances en matière de santé permet aux patients d’utiliser davantage les services en ligne pour obtenir des informations et des conseils en matière de santé. En moyenne dans 32 pays de l’OCDE, en 2020, 60 % des personnes âgées de 16 à 74 ans ont utilisé l’Internet pour rechercher des informations sur la santé au cours des trois mois précédant l’enquête, contre 40 % en 2012 (Graphique 5.15). Lorsque les données et les informations sur la santé sont compréhensibles et valides pour un large éventail d’utilisations et d’utilisateurs, les nouveaux services et applications de santé numériques, tels que la télémédecine, peuvent permettre d’améliorer l’accès aux soins et d’accroître la satisfaction des patients, notamment de ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux services médicaux classiques en présentiel (p. ex., les patients vivant en milieu rural).
Pendant la pandémie de COVID‑19, le recours à la télémédecine a été essentiel pour dispenser des soins dans un contexte d’incertitude (OCDE, 2023[3]). En 2019, avant la pandémie, les consultations à distance par téléphone ou vidéo représentaient moins de 10 % de l’ensemble des consultations en Australie, en Finlande, en Lituanie, en Norvège et en Slovénie, avec une moyenne de 0.6 téléconsultation par patient et par an dans les pays de l’OCDE. Toutefois, en 2021, ce taux avait plus que doublé pour atteindre 1.4 téléconsultation par patient et par an, avec des augmentations significatives en Australie, en Lituanie et en Slovénie, pays qui affichaient auparavant les taux les plus bas mais qui, en 2021, se situaient près ou au-dessus de la moyenne de l’OCDE (Graphique 5.16). Après avoir pris conscience des avantages lors de la pandémie, les systèmes de santé ont élargi le recours aux consultations à distance, même si des obstacles financiers, juridiques et opérationnels subsistent.
Alors que les systèmes de santé exploitent de plus en plus les technologies numériques, il est également important de prendre en compte les facteurs essentiels de gouvernance et de mise en œuvre – notamment la transparence et la responsabilité – et de veiller à ce que les avantages profitent à tous.