La façon dont les individus évaluent leur propre santé donne un aperçu global de la santé physique et mentale. Ce point de vue sur la qualité de vie complète les indicateurs d’espérance de vie et de mortalité, qui mesurent uniquement le taux de survie. Par ailleurs, malgré son caractère subjectif, l’état de santé perçu est généralement un indicateur prévisionnel fiable de la mortalité et des besoins en matière de soins futurs (Palladino et al., 2016[1]).
La plupart des pays de l’OCDE mènent des enquêtes périodiques qui demandent notamment aux personnes interrogées d’évaluer leur état de santé général. Les différences socioculturelles entre pays compliquent les comparaisons internationales de l’état de santé perçu. Les différentes façons de formuler les questions, notamment en ce qui concerne l’échelle utilisée, peuvent aussi compromettre la comparabilité des réponses. Enfin, comme les personnes âgées déclarent généralement un état de santé moins satisfaisant et un plus grand nombre de maladies chroniques que les jeunes, les pays où elles représentent une proportion plus importante de la population sont susceptibles de compter moins de personnes se déclarant en bonne santé.
Ces réserves étant faites, environ 8 % des adultes s’estimaient en mauvaise santé, en moyenne, dans l’OCDE, en 2021 (Graphique 3.22), Ce pourcentage allait de plus de 13 % en Corée, au Japon et au Portugal, à moins de 3 % en Colombie, en Nouvelle-Zélande et au Canada. Toutefois, les catégories de réponse proposées dans les pays de l’OCDE autres qu’européens et asiatiques présentent une asymétrie positive, ce qui introduit un biais de comparaison rendant l’autoévaluation de la santé plus positive (voir l’encadré « Définition et comparabilité »). La Corée, le Japon et le Portugal présentent des taux d’espérance de vie particulièrement élevés, mais aussi une assez forte proportion de personnes se déclarant en mauvaise santé.
Au fil du temps, la proportion d’adultes se considérant en mauvaise santé a légèrement diminué dans les pays de l’OCDE. En moyenne, 8.3 % des adultes de 34 pays de l’OCDE disposant de données tendancielles comparables estimaient être en mauvaise ou très mauvaise santé en 2021, contre 10.1 % en 2011. Cette amélioration concerne 25 des 34 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données tendancielles comparables.
Dans tous les pays de l’OCDE, les personnes à faible revenu jugent en moyenne moins favorablement leur état de santé que les personnes à revenu élevé (Graphique 3.23). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, plus de 80 % des adultes du quintile supérieur de revenu se déclaraient en bonne ou très bonne santé, en 2021, contre 60 % de ceux du quintile inférieur. Les disparités socioéconomiques sont particulièrement notables en Estonie, en Lituanie et en Lettonie, avec un écart de revenu de 40 points de pourcentage minimum. Celles-ci tiennent probablement en grande partie à des différences de comportement (tabagisme, consommation nocive d’alcool, et autres facteurs de risques). Les disparités socioéconomiques sont relativement modérées en Nouvelle-Zélande, en Grèce, au Luxembourg, en Italie et en Türkiye, avec un écart de revenu inférieur à 8 points de pourcentage.
L’état de santé perçu tend à diminuer avec l’âge. Dans de nombreux pays, ce déclin est particulièrement marqué à compter de 45 ans, et s’accentue après l’âge de la retraite (voir la section intitulée « État de santé et incapacité autodéclarés à 65 ans » au chapitre 10). Les hommes sont par ailleurs plus susceptibles que les femmes de s’estimer en bonne santé.