Il est possible de conjuguer des indicateurs de la culture de la sécurité des patients du point de vue des soignants ainsi que du vécu en matière de sécurité tel qu’exprimé par les patients et des indicateurs classiques de sécurité des patients (voir la section « Sécurité des soins intensifs – complications chirurgicales et traumatismes obstétricaux ») pour obtenir une vision globale de la sécurité au sein des systèmes de santé.
L’adoption par les soignants d’une culture positive de la sécurité des patients se traduit par des perceptions communes de l’importance de la sécurité, une transparence et une confiance accrues, des niveaux plus élevés de responsabilité partagée, ainsi qu’une confiance accrue dans les initiatives de sécurité organisationnelles et nationales. Un nombre croissant d’études révèlent qu’une culture positive de la sécurité des patients est associée à l’amélioration des résultats sur le plan de la santé et du vécu des patients, ainsi que de la productivité organisationnelle et de la satisfaction du personnel. Les modèles améliorés de gouvernance de la sécurité des patients et les investissements dans l’amélioration de la culture de la sécurité des patients ont un impact non négligeable et durable sur les résultats (G20 Health & Development Partnership, 2021[1]).
Le Graphique 6.17 et le Graphique 6.18 illustrent deux domaines du questionnaire « Hospital Survey on Patient Safety Culture », dont l’objectif est que le personnel hospitalier fournisse des informations sur les aspects de leur environnement de travail et de savoir si ce dernier contribue à garantir la sécurité des patients. Le Graphique 6.17 illustre les perceptions du personnel quant à savoir si des informations importantes sur les soins prodigués aux patients sont communiquées d’une unité hospitalière à l’autre et lors des changements de quart. Les perceptions positives du personnel sur la sécurité des transferts et des transitions varient considérablement d’un pays à l’autre, avec un écart de plus de 20 points de pourcentage pour les deux versions du questionnaire HSPSC (version 1.0 et 2.0). Le Graphique 6.18 montre que le personnel estime que les effectifs et le rythme de travail sont adéquats. Pour tous les types de personnel, les perceptions positives sur les effectifs et le rythme de travail sont relativement élevées en Türkiye, aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Colombie (environ 50 % ou plus de perceptions positives pour différents types de personnel), mais faibles au Mexique, en Belgique et en Suisse. Dans la plupart des pays, il existe un décalage évident entre les perceptions de l’encadrement et celles du personnel de première ligne. En moyenne, 57 % des médecins et du personnel infirmier exerçant en milieu hospitalier estiment que la sécurité fait défaut s’agissant des effectifs et du rythme de travail, contre 51 % du personnel d’encadrement.
Le point de vue des patients est également essentiel pour rendre les systèmes de santé plus sûrs et davantage centrés sur la personne. Selon l’enquête internationale sur les politiques de santé 2020 du Fonds du Commonwealth, la proportion d’expériences d’erreurs médicales rapportées par les patients au cours des deux dernières années varie entre 6 % en France et en Nouvelle‑Zélande et plus de 10 % aux États-Unis, en Allemagne et en Norvège en 2020. Chez les patients hospitalisés, la proportion de patients adultes ayant subi des incidents liés à leur sécurité au cours de leur dernière hospitalisation oscille entre 4 % en Lettonie et 17 % en Belgique (Graphique 6.19). Il convient de noter qu’une plus grande proportion de patients peuvent avoir été victimes d’une erreur médicale parce qu’il est possible que les patients ne signalent pas de préjudice physique si ce dernier n’est pas immédiatement identifiable (contrairement à la douleur et à l’infection) et si un prestataire ne les informe pas de leur apparition. En Belgique, le taux élevé obtenu grâce à la collecte de données pilote pourrait être dû à un biais de sélection, car les patients ayant bénéficié de soins où leur sécurité était compromise répondent plus souvent que ceux ayant bénéficié de soins où leur sécurité était assurée, et la population est davantage sensibilisée à la sécurité des patients, car ceux-ci signalent de multiples incidents liés à leur sécurité, y compris des problèmes de comportement. Il convient donc d’être prudent dans l’interprétation des variations entre les pays en ce qui concerne le vécu des patients en matière de sécurité et de poursuivre les recherches afin d’améliorer la comparabilité des données.