La charge de la maladie mentale est considérable, touchant une personne sur deux à un moment de leur vie. Pendant la pandémie de COVID‑19, les niveaux de souffrance psychique ont augmenté (voir la section « Santé mentale » au chapitre 3), et la prévalence de l’anxiété et de la dépression a doublé dans certains pays (OCDE, 2021[1]). Selon les estimations, les coûts économiques associés aux troubles mentaux représentent plus de 4.2 % du produit intérieur brut (PIB) ; si certains découlent directement des traitements, d’autres sont liés indirectement à la baisse des taux d’emploi et de la productivité (OCDE, 2021[2]). Des soins de qualité prodigués à temps peuvent améliorer les résultats et faire diminuer le nombre de suicides et la surmortalité chez les personnes atteintes de troubles mentaux.
Les données sur la qualité et les résultats des soins mettent en évidence des insuffisances en matière de continuité des soins et des difficultés persistantes à améliorer les résultats, notamment en ce qui concerne les personnes atteintes de graves troubles mentaux. Les taux de suicide après la sortie d’hôpital peuvent servir d’indicateur de la qualité des soins dans le secteur extrahospitalier après l’hospitalisation, mais aussi de la coordination entre le milieu hospitalier et le milieu non hospitalier. Dans les pays de l’OCDE, les taux de suicide chez les patients hospitalisés au cours de l’année précédente allaient de 0.4 pour 1 000 en Islande à près de 10 pour 1 000 aux Pays-Bas en 2020‑21 (Graphique 6.30). Les écarts en matière de taux de suicide peuvent également refléter des différences quant à l’accès aux soins de santé mentale et à la gravité des troubles dont sont atteints les patients qui sont traités en milieu hospitalier, car les sorties d’hôpital varient considérablement d’un pays à l’autre. Entre 2011 et 2021, le taux moyen de suicide est resté stable dans les pays de l’OCDE, mais il a nettement diminué dans certains pays comme le Chili, la Finlande et la Suède. Après la mise en œuvre réussie du Programme de prévention du suicide en 1992‑96, la Finlande a mis en place la stratégie nationale de santé mentale et le programme de prévention du suicide 2020‑30 en 2020. La Corée a également enregistré une baisse du nombre de suicides après la sortie d’hôpital pendant la pandémie.
Les personnes atteintes d’une maladie psychiatrique affichent un taux de mortalité plus élevé que la population générale. Un taux de surmortalité supérieur à 1 signifie que les personnes souffrant de troubles psychiques présentent un risque de décès supérieur au reste de la population. Le Graphique 6.31 montre que les taux de mortalité des personnes atteintes de schizophrénie et de troubles bipolaires sont plus de deux fois supérieurs au taux de mortalité de la population générale dans la plupart des pays. En 2021, la surmortalité allait de 2.0 en Lituanie et en Suède à 5.5 en Islande, 4.6 en Corée, 4.2 au Danemark et 4.1 au Canada pour les personnes atteintes de schizophrénie, et de 1.1 au Chili à 4.2 en Corée pour les personnes souffrant de troubles bipolaires. Au cours de la dernière décennie, la surmortalité des personnes atteintes de graves troubles mentaux a augmenté dans la plupart des pays, à l’exception de la République tchèque et de la Suède. Les progrès sont notables en République tchèque, où l’on a commencé en 2017 à mettre en œuvre des stratégies de soins de santé mentale axées sur la fourniture de soins de santé pluridisciplinaires et de services sociaux aux personnes souffrant de troubles bipolaires et de schizophrénie dans des centres de soins de santé mentale extrahospitaliers.
Les mesures de l’expérience déclarées par les patients (PREM) peuvent aider à appréhender la qualité des soins prodigués aux personnes atteintes de troubles mentaux. Ces indicateurs sont de plus en plus utilisés dans le cadre des soins de santé mentale, l’objectif étant de comprendre la façon dont les personnes ont vécu les services de santé et de fournir des soins de santé mentale centrés sur la personne (de Bienassis et al., 2021[3]; OCDE, à paraître[4]). Le Graphique 6.32 indique si les usagers des services psychiatriques hospitaliers et extrahospitaliers ont l’impression que les soignants les ont traités avec courtoisie et respect. La proportion d’usagers des services psychiatriques hospitaliers et extrahospitalier déclarant avoir été traités avec courtoisie et respect dans ces services varie de 49 % en Nouvelle‑Zélande à 100 % au Portugal. En ce qui concerne les établissements psychiatriques extrahospitaliers, la Nouvelle‑Zélande continue d’enregistrer la part la plus faible (65 %) et la Belgique la plus élevée (98 %).