L’un des principes fondamentaux qui sous-tend tous les systèmes de santé des pays de l’OCDE est de permettre l’accès de toutes les populations à des soins de bonne qualité, quelle que soit leur situation socio‑économique. Pourtant, l’accès peut être limité pour plusieurs raisons, notamment la disponibilité ou la faisabilité financière limitées des services. Les politiques doivent donc garantir une offre et une distribution adéquates de professionnels de santé et de services de soins de santé sur l’ensemble du territoire, et permettre de surmonter tous les obstacles financiers aux soins (OCDE, 2019[1]; 2023[2]).
En moyenne, dans les 26 pays de l’OCDE disposant de données comparables, 2.3 % seulement des habitants ont déclaré, en 2021, avoir des besoins de soins de santé non satisfaits en raison du coût, de la distance ou des délais d’attente (Graphique 5.4). Cependant, plus de 5 % de la population a déclaré des besoins de soins de santé non satisfaits en Estonie (8.1 %) et en Grèce (6.4 %), tandis qu’en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche et en République tchèque, moins de 0.5 % de la population a déclaré des besoins de soins de santé non satisfaits. Les disparités socioéconomiques sont significatives : en moyenne, dans 26 pays de l’OCDE, les personnes appartenant au quintile de revenu le plus faible avaient trois fois plus de probabilité de déclarer des besoins de soins médicaux non satisfaits que celles du quintile le plus élevé en 2021. C’est en Grèce, en Lettonie et en Türkiye (ainsi qu’en Roumanie, pays candidat à l’adhésion) que ce gradient de revenu est le plus important, avec une différence de plus de 6 points de pourcentage en ce qui concerne la proportion de la population déclarant des besoins non satisfaits entre le quintile de revenu le plus faible et le quintile de revenu le plus élevé. En Grèce et en Estonie, plus d’une personne sur dix appartenant au quintile de revenu le plus faible a fait état de besoins de soins médicaux non satisfaits.
Les besoins déclarés non satisfaits sont généralement plus importants en matière de soins dentaires qu’en matière de soins médicaux (Graphique 5.5), Cela s’explique par le fait que les soins dentaires sont moins bien couverts par les régimes publics que les soins médicaux dans la plupart des pays de l’OCDE, de sorte que les personnes doivent souvent payer de leur poche ou souscrire une assurance maladie privée supplémentaire (voir la section « Étendue de la couverture de santé »). Plus de 7 % des habitants du Portugal, de la Lettonie, de l’Islande et de la Grèce ont déclaré des besoins non satisfaits en matière de soins dentaires en 2021, contre moins de 0.5 % aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche. Dans tous les pays analysés, la charge des besoins non satisfaits en soins dentaires pèse de manière disproportionnée sur les personnes à faible revenu. Cela est particulièrement évident au Portugal et en Lettonie, où plus de 16 % des personnes appartenant au quintile de revenu le plus bas ont déclaré avoir renoncé à des soins dentaires nécessaires en 2021, contre moins de 2 % dans le quintile le plus élevé. Récemment, le Portugal a cherché à améliorer l’accès aux soins dentaires en créant des cabinets dentaires au sein des établissements publics de soins de santé primaires.
La principale raison invoquée pour expliquer les besoins non satisfaits en matière de soins médicaux est généralement le délai d’attente, avec 1.4 % des personnes ayant signalé ce problème en 2021, en moyenne dans 26 pays de l’OCDE. (Graphique 5.6). En Estonie, en Slovénie et en Finlande, plus de 4 % de la population a déclaré que les délais d’attente constituaient un obstacle. Le coût a également été cité comme un obstacle important à l’accès, et a été la principale raison des besoins non satisfaits en Grèce, en Islande, en Türkiye, en Lettonie et en Roumanie, pays en voie d’adhésion. La distance à parcourir a également été mentionnée comme un obstacle, mais moins souvent que les délais d’attente ou le coût.
Les besoins de soins médicaux non satisfaits en raison du coût ont généralement diminué dans la plupart des pays depuis 2011 (sauf au Portugal, au Luxembourg et au Danemark). En revanche, les besoins de soins médicaux non satisfaits en raison des délais d’attente ont souvent augmenté depuis 2011, en particulier en Slovénie, en Estonie, en Irlande et en République slovaque. Certains de ces pays ont mis en place des initiatives visant à raccourcir les délais d’attente. En Estonie, par exemple, le système national de prise de rendez-vous en ligne comporte désormais une fonction qui permet aux patients de sélectionner un service de traitement et au système de rechercher automatiquement une heure de rendez-vous qui corresponde à leurs préférences. Ce système devrait aider le gouvernement à repérer les services de santé dont les listes d’attente sont les plus longues et à en analyser les raisons. (OCDE/Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, à paraître[3]).