Le niveau de rémunération des médecins est un facteur important de l’attractivité de la profession, et la façon dont celle‑ci varie selon les catégories peut influencer les décisions quant au choix de poursuivre une carrière dans la médecine générale ou l’une des nombreuses spécialités médicales. Les différences entre les niveaux de rémunération des médecins d’un pays à l’autre peuvent également exercer un pouvoir d’attraction ou de répulsion en termes de migration des médecins (OCDE, 2019[1]). Dans de nombreux pays, l’État peut déterminer ou agir sur la rémunération moyennant la réglementation des honoraires ou la fixation des salaires lorsque les médecins sont employés dans le secteur public.
Dans tous les pays de l’OCDE, la rémunération des médecins (généralistes et spécialistes) est nettement supérieure au salaire moyen des employés à temps plein dans l’ensemble de l’économie. En 2021, les médecins généralistes gagnaient entre deux à cinq fois plus que le salaire moyen, tandis que le revenu des spécialistes était au moins deux fois supérieur, mais parfois jusqu’à six fois supérieur, au salaire moyen (Graphique 8.11).
Dans la plupart des pays, la rémunération des spécialistes était supérieure à celle des généralistes. En Australie, en Belgique et en Corée, les revenus des spécialistes étaient au moins deux fois supérieurs à ceux des généralistes dans le secteur libéral. En Allemagne, l’écart entre ces deux catégories était nettement moindre (12 % environ).
Depuis 2011, la rémunération des médecins a progressé en valeur réelle (en tenant compte de l’inflation) dans la plupart des pays, mais à des rythmes différents selon les pays ainsi qu’entre médecins généralistes et spécialistes (Graphique 8.12). La hausse de la rémunération des spécialistes et des généralistes a été particulièrement forte au Chili et en Hongrie. En Hongrie, le gouvernement a fortement augmenté la rémunération des spécialistes et des généralistes au cours des 10 dernières années dans le but de remédier à l’émigration et à la pénurie de médecins dans le pays. Les fortes augmentations constatées au Chili sont dues essentiellement aux hausses successives des honoraires des spécialistes et des généralistes entre 2012 et 2016.
Dans environ la moitié des pays, la rémunération des spécialistes a augmenté plus vite que celle des généralistes depuis 2011, creusant ainsi l’écart de rémunération entre les deux catégories. C’est notamment le cas au Chili, et dans une moindre mesure en Hongrie et en Israël. Toutefois, en Pologne, en Autriche, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, l’écart s’est réduit, le revenu des généralistes ayant augmenté davantage que celui des spécialistes.
Dans certains pays, notamment le Portugal, le Costa Rica et le Royaume‑Uni, la rémunération des généralistes et des spécialistes a diminué en valeur réelle entre 2011 et 2021. Au Portugal, une forte baisse a été observée entre 2011 et 2012 ; depuis lors, la rémunération des médecins a de nouveau augmenté, mais en 2021, elle restait inférieure à celle de 2011 en tenant compte de l’inflation. Au Royaume‑Uni, la rémunération des médecins a diminué légèrement en valeur réelle au cours des 10 dernières années. Ce fut également le cas pour le personnel infirmier et les autres membres du personnel du NHS (The Health Foundation, 2021[2]).
Lorsque l’on compare les revenus des médecins, il ne faut pas oublier que le niveau de rémunération des différentes catégories de spécialités chirurgicales ou médicales peut fortement varier au sein de chaque pays. En France, par exemple, les chirurgiens, les anesthésistes et les radiologues gagnaient au moins deux fois plus que les pédiatres et les psychiatres en 2020 (DREES, 2022[3]). De même, au Canada, les ophtalmologues et de nombreux spécialistes chirurgicaux gagnaient au moins deux fois plus que les pédiatres et les psychiatres en 2018/19 (ICIS, 2020[4]). Dans de nombreux pays, la rémunération des pédiatres est proche de celle des généralistes, ce qui témoigne des similitudes dans leur pratique.