Les ressources que consacre un pays aux soins de santé par rapport à la taille de son économie globale varient au fil du temps en raison de différences au niveau à la fois de la progression des dépenses de santé et de la croissance économique globale. Au cours des années 1990 et 2000, on a constaté que la part des dépenses de santé dépassait généralement celle des autres dépenses dans l’économie des pays de l’OCDE, entraînant une hausse quasiment constante des dépenses de santé exprimées en pourcentage du PIB. Après les incertitudes liées à la crise économique et financière de 2008, la part des dépenses de santé est restée relativement stable, leur croissance étant à la mesure des performances économiques globales des pays de l’OCDE. La survenue de la pandémie de COVID‑19 en 2020, conjuguée à un ralentissement marqué de l’activité économique et à une augmentation rapide des dépenses de santé, a entraîné un ajustement sensible du rapport des dépenses de santé au PIB.
En 2019, avant la pandémie, les pays de l’OCDE consacraient, en moyenne, 8.8 % environ de leur PIB aux soins de santé, un chiffre relativement stable depuis 2013. En 2021, cette proportion était passée à 9.7 %. Toutefois, les estimations préliminaires pour 2022 laissent entrevoir une baisse non négligeable du ratio, qui s’établirait à 9.2 %, sous l’effet à la fois de la diminution des dépenses nécessaires pour lutter contre la pandémie et de l’inflation qui affaiblit la valeur des dépenses de santé (OCDE, 2023[1]). Les États-Unis ont encore, et de loin, dépensé le plus, soit 16.6 % de leur PIB, devançant largement l’Allemagne, qui occupait la deuxième place avec 12.7 % (Graphique 7.1). Après les États-Unis et l’Allemagne, 15 pays à revenu élevé, dont la France, le Canada et le Japon, ont consacré plus de 10 % de leur PIB aux soins de santé. Dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale membres de l’OCDE, ainsi que dans les membres plus récents d’Amérique latine, les dépenses de santé ont représenté entre 6 % et 9 % de leur PIB. Enfin, le Luxembourg et la Türkiye ont consacré moins de 6 % de leur PIB aux soins de santé.
Une analyse de l’évolution des dépenses de santé et du PIB par habitant au cours des 15 dernières années met en évidence deux chocs : la crise économique et financière de 2008 et l’impact récent de la pandémie de COVID‑19 en 2020 (Graphique 7.2). Si les économies de l’OCDE se sont fortement contractées en 2008 et 2009, la croissance des dépenses de santé s’est maintenue à court terme avant de flotter légèrement au-dessus de zéro, différentes mesures ayant été prises entre 2010 et 2012 pour maîtriser les dépenses publiques de santé. Cette évolution a été suivie d’un retour à une croissance un peu plus vigoureuse, tant des dépenses de santé que du PIB jusqu’à la pandémie. En 2020, avec les mesures généralisées de confinement et les autres mesures de santé publique qui restreignaient fortement l’activité économique et les dépenses de consommation, de nombreuses économies de l’OCDE ont été en chute libre. Un rebond a été observé en 2021, avec une hausse du PIB par habitant de 5.8 % en moyenne. Parallèlement, les dépenses réelles de santé par habitant se sont accélérées, passant d’à peine plus de 4 % en 2020 à 8 % en 2021, les pays ayant alloué des financements supplémentaires à la lutte contre la pandémie. Au sortir de la phase aiguë de la pandémie, en 2022, les dépenses de santé des pays par habitant auraient diminué en moyenne de près de 1.5 % en termes réels.
L’évolution du rapport des dépenses de santé au PIB au cours de cette période se traduite par une courbe distincte avec des hausses brutales en 2009 et 2020, et une période de stabilité entre les deux (Graphique 7.3). L’Italie et le Royaume‑Uni, par exemple, ont suivi cette évolution de près, le Royaume‑Uni affichant une hausse encore plus prononcée en 2021. L’Allemagne a connu une augmentation plutôt continue de la part de ses dépenses de santé en proportion du PIB au fil du temps. Malgré les chocs, les dépenses de santé en pourcentage du PIB en Corée ont enregistré une hausse continue et régulière au cours des 15 dernières années, passant de 4.8 % en 2006 à 9.7 % en 2022.