La pandémie de COVID‑19 a mis en évidence la nécessité de disposer d’un nombre suffisant de lits d’hôpital et de faire preuve d’une capacité d’adaptation s’agissant de leur utilisation afin de faire face à la hausse inattendue de la demande de soins intensifs. Pourtant, le manque de personnel constituait un problème plus grave que le nombre de lits (OCDE, 2023[1]). En outre, un excédent de lits d’hôpitaux peut entraîner une surutilisation et donc des coûts, de nombreux patients étant efficacement traités en ambulatoire dans les hôpitaux ou dans les établissements de soins primaires. Il convient donc de trouver un équilibre entre une capacité d’accueil suffisante et des impératifs d’optimisation des ressources.
En 2021, on recensait en moyenne 4.3 lits d’hôpital pour 1 000 personnes dans les pays de l’OCDE (Graphique 5.17). Au Japon et en Corée, ce chiffre était nettement supérieur (12.8 et 12.6 pour 1 000 habitants respectivement). Plus de la moitié des pays de l’OCDE déclaraient entre trois et huit lits pour 1 000 habitants, les taux les plus bas étant observés au Mexique, au Costa Rica et en Colombie.
Depuis 2011, le nombre de lits par habitant a diminué dans presque tous les pays de l’OCDE, en raison notamment d’un recours accru aux soins de jour et d’une réduction de la durée moyenne de séjour. La réduction la plus importante a été observée en Finlande, avec une chute de plus de 50 % touchant essentiellement les lits de soins de longue durée et les lits de soins psychiatriques. La Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Norvège et les Pays-Bas ont réduit leur capacité d’un lit ou plus pour 1 000 habitants. En revanche, le nombre de lits a fortement augmenté en Corée, où ils sont pour une part substantielle affectés aux soins de longue durée.
Les taux d’occupation des lits d’hôpital constituent des informations complémentaires permettant d’évaluer la capacité des hôpitaux. Un taux d’occupation élevé des lits de soins curatifs (de court séjour) peut être symptomatique d’un système de santé sous pression. Une certaine capacité de lits excédentaire est nécessaire pour absorber les hausses inattendues du nombre de patients ayant besoin d’une hospitalisation. Bien qu’il n’existe pas de consensus sur le taux d’occupation « optimal », un taux d’occupation d’environ 85 % est souvent considéré comme un maximum pour réduire le risque de pénurie de lits (NICE, 2018[2]). En 2021, le taux moyen d’occupation des lits était de 69.8 %, mais il était supérieur à 85 % dans 3 des 28 pays de l’OCDE disposant de données comparables : Irlande, Israël et Canada (Graphique 5.18). Les taux d’occupation étaient comparativement faibles en Türkiye, au Mexique et dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale. Par rapport à 2019, les taux d’occupation ont baissé dans presque tous les pays de l’OCDE en 2021. Cette situation s’explique en partie par le report ou le rationnement des soins hospitaliers non urgents pendant la pandémie (OCDE/Union européenne, 2022[3]).
Si la capacité en lits des hôpitaux de médecine générale est importante, celle des unités de soins intensifs (USI) a été une ressource essentielle pendant la pandémie de COVID‑19, permettant de soigner les patients gravement malades.‑ En dépit des différences de définition, on comptait en moyenne dans 29 pays de l’OCDE 16.9 lits de court séjour pour 100 000 habitants en 2021 (Graphique 5.19). Les chiffres varient considérablement, allant d’environ 40 lits ou plus pour 100 000 habitants en République tchèque, en Estonie et en Türkiye à moins de 5 lits pour 100 000 habitants en Islande et en Suède. Par rapport à la situation qui prévalait avant la pandémie, tous les pays ont augmenté la capacité des USI, à l’exception du Luxembourg (où le nombre absolu de lits d’USI est resté inchangé). Ces chiffres reflètent les efforts déployés par les pays pour renforcer leur capacité d’intervention, comme la transformation temporaire d’autres services cliniques en unités de soins intensifs et la création d’hôpitaux de campagne dotés d’unités de soins intensifs.