Le tabagisme est la première cause de nombreuses maladies, notamment de certains cancers, de crises cardiaques, d’AVC et de maladies respiratoires comme les bronchopneumopathies chroniques obstructives. Chez les femmes, il augmente le risque de faible poids à la naissance du nouveau-né et d’accouchement prématuré. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il tue chaque année 8 millions de personnes dans le monde, dont plus de 1.2 million de fumeurs passifs et 65 000 enfants (OMS, 2020[1]).
Dans les pays de l’OCDE, 15.9 % des personnes âgées de 15 ans et plus fumaient quotidiennement en 2021 (Graphique 4.1). Les taux de tabagisme s’y échelonnaient de plus de 25 % en France et en Türkiye, à moins de 10 % en Islande, au Costa Rica, en Norvège, au Mexique, au Canada, aux États-Unis, en Nouvelle‑Zélande et en Suède. Dans les pays candidats à l’adhésion et les partenaires clés, on relevait des taux supérieurs à 25 % en Chine, en Bulgarie et en Indonésie, et inférieurs à 10 % en Inde, au Pérou et au Brésil. Les hommes fumaient davantage que les femmes dans tous les pays à l’exception de la Norvège – en moyenne, dans l’OCDE, 19.9 % des hommes étaient des fumeurs quotidiens, contre 12.3 % des femmes. L’écart était relativement prononcé en Corée, en Türkiye et en Lettonie, de même qu’en Indonésie, en Chine, en Afrique du Sud et en Roumanie. Chez les hommes, le tabagisme atteignait son plus haut niveau en Indonésie, en Chine et en Türkiye (plus de 40 %), et le plus bas en Norvège, en Islande, au Canada, en Nouvelle‑Zélande et aux États-Unis (inférieur à 10 %). Quant aux femmes, c’est en Bulgarie, en Hongrie et en France que la proportion de fumeuses était la plus élevée (plus de 20 %), et en Inde, en Chine, en Indonésie, au Pérou, au Costa Rica, au Mexique et en Corée qu’elle était la plus faible (moins de 5 %).
Au cours des dix dernières années, la part de fumeurs quotidiens parmi la population a régressé dans 31 des 35 pays de l’OCDE pour lesquels des données tendancielles sont disponibles, passant en moyenne de 20.6 % en 2011 à 15.9 % en 2021 (Graphique 4.2). C’est en Norvège, en Estonie et en Irlande que son recul est le plus prononcé (plus de 8 points de pourcentage), alors qu’il est plus modeste au Mexique, en Hongrie et en Slovénie (moins de 2 points). Le tabagisme a légèrement augmenté en République slovaque, au Luxembourg et en Türkiye (de 2 points de pourcentage). Parmi les pays candidats à l’adhésion et les partenaires clés, le tabagisme a nettement reculé au Pérou, mais il a progressé en Indonésie. La tendance à la baisse observée avant la pandémie de COVID‑19 s’est globalement poursuivie pendant cette période dans la plupart des pays, Toutefois, le pourcentage de fumeurs quotidiens est resté stable en France, en Italie et au Mexique, et a légèrement augmenté en Irlande et au Luxembourg (de 2 points de pourcentage) en 2021 par rapport au niveau d’avant la pandémie.
Les mesures globales de lutte contre le tabagisme, qui consistent à augmenter les taxes sur le tabac, à faire figurer des avertissements sanitaires sur les paquets de tabac, à interdire la diffusion d’informations promotionnelles ou trompeuses, à donner moins de visibilité aux marques, à sensibiliser et soutenir les fumeurs (y compris subventions pour les thérapies de substitution nicotinique et conseils de sevrage tabagique) – permettent de réduire la consommation de tabac et sont efficaces par rapport à leur coût. En France, par exemple, le train de mesures récemment mis en œuvre pour lutter contre le tabagisme devrait rapporter 4 EUR pour chaque Euro investi (Devaux et al., 2023[2]). Parmi les initiatives nationales récentes, le Canada a élargi la portée des mises en garde en les imprimant directement sur chaque cigarette, afin d’atteindre les jeunes et les nouveaux fumeurs qui se procurent des cigarettes à l’unité (revendues ou données) et ne sont pas nécessairement confrontés aux avertissements sur les paquets. La Nouvelle‑Zélande a adopté une loi unique au monde qui interdit la vente de tabac aux personnes nées après le 1er janvier 2009, de sorte que la limite d’âge augmente au fil du temps, et qui vise à réduire la nicotine contenue dans le tabac à zéro ou à un niveau le moins addictif possible.
Si le tabagisme est en recul dans la plupart des pays, la consommation régulière de cigarettes électroniques (vapotage) est en hausse, même si les taux de vapotage restent faibles. En 2021, dans 32 pays de l’OCDE, 3.2 % des personnes âgées de 15 ans et plus étaient des usagers réguliers de produits de vapotage. C’est en Estonie et en Nouvelle‑Zélande que ce pourcentage était le plus élevé (plus de 8 %), et en Suède, au Chili et en Autriche qu’il était le plus faible (moins de 1 %). Entre 2016 et 2021, l’usage régulier de produits de vapotage a augmenté dans 11 des 16 pays de l’OCDE pour lesquels des données tendancielles sont disponibles (Graphique 4.3). Les hausses les plus fortes concernent la Nouvelle‑Zélande et l’Estonie (plus de 6 points de pourcentage). Dans le même temps, le vapotage régulier a reculé dans cinq pays de l’OCDE, la plus forte réduction étant observée en Finlande (4.8 points). Le vapotage est plus répandu chez les jeunes : en 2021, 6.1 % en moyenne des 15‑24 ans utilisaient des produits de vapotage dans l’OCDE, et ce pourcentage était particulièrement élevé en Estonie et en Nouvelle‑Zélande (plus de 20 % en 2022). Si le vapotage peut être utilisé comme une aide au sevrage tabagique, il est également considéré comme une initiation au tabagisme (O’Brien et al., 2021[3]).
Parmi les mesures visant à encadrer ces pratiques, on peut citer les restrictions liées à l’âge, les taxes sur les nouveaux produits électroniques contenant de la nicotine, l’interdiction de vapoter dans les lieux clos, la réglementation sur les ventes et celle sur la publicité. À titre d’exemple, l’Australie a récemment annoncé l’interdiction des cigarettes électroniques jetables et à usage unique et des restrictions sur les saveurs et les couleurs des cigarettes électroniques, tout en rendant les cigarettes électroniques contenant de la nicotine uniquement disponibles sur ordonnance médicale en tant qu’aide au sevrage tabagique.