En 2019, avant la pandémie, les pays de l’OCDE consacraient, en moyenne, 8.8 % de leur PIB à la santé, un chiffre relativement stable depuis 2013. En 2021, cette proportion était passée à 9.7 %. Toutefois, les estimations pour 2022 laissent entrevoir une baisse non négligeable du ratio, qui s’établirait à 9.2 %, sous l’effet d’une réduction des dépenses nécessaires pour lutter contre la pandémie mais aussi de l’inflation.
Les dépenses de santé par habitant étaient légèrement inférieures à 5 000 USD en moyenne, allant de 12 555 USD aux États-Unis à 1 181 USD au Mexique (après ajustement pour tenir compte des différences de pouvoir d’achat).
Bien que les effectifs dans le secteur médico-social continuent de croître, les craintes de pénurie s’accentuent. Le vieillissement de la population (18 % de la population était âgée de 65 ans et plus en moyenne en 2021) est l’une des raisons pour lesquelles la demande de professionnels de santé et de soins de longue durée semble dépasser l’offre.
Depuis peu, une forte inflation érode les salaires du secteur de la santé dans certains pays, ce qui complique le recrutement et le maintien en poste des effectifs. Si l’on analyse les tendances à plus long terme, la progression des salaires réels des professionnels de santé est très variable, avec de fortes hausses dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale depuis 2011, tandis que la Finlande, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et le Royaume‑Uni ont vu les salaires réels stagner ou baisser.
Panorama de la santé 2023
Résumé
Des pressions financières s’exercent sur les systèmes de santé, en raison d’un climat économique difficile et de priorités concurrentes qui compriment les fonds publics disponibles pour le secteur de la santé
Les principaux indicateurs de la santé montrent que les pays ne se sont pas encore totalement remis de la pandémie et que de nombreuses personnes continuent d’éprouver des difficultés psychiques et physiques
L’espérance de vie a diminué de 0.7 an en moyenne dans les pays de l’OCDE entre 2019 et 2021. Si les données provisoires pour 2022 laissent entrevoir une amélioration dans certains pays, l’espérance de vie reste inférieure à son niveau d’avant la pandémie dans 28 pays.
En 2021, les crises cardiaques, AVC et autres maladies circulatoires ont causé plus d’un décès sur quatre, un décès sur cinq étant dû au cancer, tandis que le COVID‑19 a été à l’origine de 7 % de l’ensemble des décès (décès enregistrés). Près d’un tiers de l’ensemble des décès auraient pu être évités grâce à des actions de prévention et des interventions plus efficaces et plus rapides.
Plus d’un tiers en moyenne des personnes âgées de 16 ans et plus ont déclaré souffrir depuis longtemps d’une maladie ou d’un problème de santé. Les disparités socioéconomiques sont importantes : en moyenne, 43 % des personnes appartenant au quintile de revenu le plus bas ont signalé un problème ancien, contre 27 % des individus du quintile de revenu le plus élevé.
Les indicateurs mettent en évidence une légère amélioration de l’état de santé mentale de la population à mesure que nous nous remettons de la pandémie, mais les troubles psychiques restent répandus : en 2022, la part de la population faisant état de symptômes dépressifs restait supérieure d’au moins 20 % à son niveau d’avant la pandémie.
Les modes de vie néfastes pour la santé et les mauvaises conditions environnementales entraînent la mort prématurée de millions de personnes. Le tabagisme, la consommation nocive d’alcool, la sédentarité et l’obésité sont à l’origine de nombreuses maladies chroniques
Les taux d’obésité continuent d’augmenter dans la plupart des pays de l’OCDE, 54 % en moyenne des adultes étant en surpoids ou, pour 18 % d’entre eux, obèses. Une alimentation saine et une activité physique sont essentielles, mais en moyenne, seuls 15 % des adultes consomment cinq portions ou plus de fruits et légumes par jour, et seulement 40 % pratiquent au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée à soutenue par semaine.
Si le taux de tabagisme quotidien continue de diminuer dans la plupart des pays de l’OCDE, 16 % en moyenne des personnes de 15 ans et plus fument toujours quotidiennement et l’usage régulier des cigarettes électroniques (vapotage) est en hausse. Le taux de tabagisme dépasse 25 % en France et en Türkiye, ainsi qu’en Chine, en Bulgarie et en Indonésie.
Près d’un adulte sur cinq (19 %) en moyenne signale un épisode d’alcoolisation aiguë au moins une fois par mois, mais ce taux dépasse 30 % en Allemagne, au Luxembourg, au Royaume‑Uni et au Danemark.
Les décès prématurés imputables à la pollution de l’air (extérieur) ont reculé de 31 % en moyenne entre 2000 et 2019, mais on estime que celle‑ci est encore à l’origine de 29 décès pour 100 000 habitants en moyenne.
Malgré une couverture santé universelle dans la plupart des pays de l’OCDE, des obstacles à l’accès persistent. Il est important, pour améliorer à la fois l’accessibilité et l’efficience, de remettre l’accent sur les soins primaires et la prévention
Les lacunes des systèmes de protection financière rendent les soins moins abordables. Les paiements directs des ménages représentent en moyenne un peu plus d’un cinquième de l’ensemble des dépenses de santé, et plus de 40 % au Mexique. Les individus les moins privilégiés sont en moyenne trois fois plus susceptibles que ceux appartenant au quintile de revenu supérieur de reporter des soins ou d’y renoncer.
Les soins primaires représentaient 13 % des dépenses en moyenne en 2021, pourcentage analogue à celui de 2019. Si l’on a observé de fortes hausses des dépenses de prévention au cours de la même période, celles-ci s’expliquent en grande partie par des mesures d’urgence liées à la gestion du COVID‑19 plutôt qu’à des investissements planifiés de longue date en faveur de la santé des populations.
Les délais d’attente, déjà problématiques depuis longtemps dans de nombreux pays, ont été aggravés par le COVID‑19. Les délais pour une arthroplastie de la hanche ou du genou, deux interventions chirurgicales courantes non urgentes, se sont généralement raccourcis depuis le pic de la pandémie, mais restent plus longs qu’avant dans la plupart des pays.
Les téléconsultations peuvent améliorer l’accès, en particulier dans les zones isolées. Elles ont nettement augmenté depuis la pandémie, et représentaient en moyenne 19 % de l’ensemble des consultations médicales en 2021.
La qualité des soins s’améliore en termes de sécurité et d’efficacité, et l’on cherche davantage à placer la personne au cœur du système
Les indicateurs de la sécurité des patients donnent des résultats encourageants : par exemple, la sécurité des prescriptions dans le cadre des soins primaires s’est améliorée dans la plupart des pays au fil du temps, avec une réduction du volume moyen d’antibiotiques, d’opioïdes et de prescriptions à long terme d’anticoagulants. Néanmoins, la sécurité des patients reste un sujet de préoccupation, 57 % des médecins et infirmiers hospitaliers estimant que le niveau des effectifs et les rythmes de travail conduisent à des situations dangereuses.
Les hospitalisations évitables ont diminué dans la plupart des pays de l’OCDE au cours des dix dernières années, notamment en Lituanie, au Mexique, en Pologne et en République slovaque, ce qui montre que les systèmes de soins primaires contribuent à garder les individus en bonne santé et permettent de traiter les cas simples.
Les services de soins intensifs parviennent de mieux en mieux à assurer leur mission principale qui est de maintenir les patients en vie. Dans presque tous les pays de l’OCDE, la mortalité à 30 jours après une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral est plus faible qu’il y a dix ans. Toutefois, ces taux de mortalité ont en moyenne légèrement augmenté entre 2019 et 2021, en raison des retards de traitement pendant la pandémie.
Pour mieux comprendre la qualité des soins, il convient d’évaluer les dimensions qui comptent vraiment pour les patients. Les résultats tels que les perçoivent les patients montrent, par exemple, une amélioration de la qualité de vie moyenne 6 à 12 mois après une arthroplastie de la hanche dans tous les pays, jusqu’à atteindre un score équivalant à 80 % ou plus, contre 35 à 50 % avant l’intervention (sur la base de l’Oxford Hip Score).
La santé numérique recèle un potentiel considérable de transformation des systèmes de santé. Toutefois, de nombreux pays sont mal préparés au passage de la santé au numérique
Le degré de préparation d’un pays à la transformation numérique dépend de la solidité de ses mécanismes de gouvernance des données de santé, de la cohérence de ses stratégies de sécurité numérique et de sa capacité à utiliser les outils numériques (dont l’intelligence artificielle) de manière responsable, au service de l’intérêt général.
Si 90 % des pays de l’OCDE ont mis en place un portail électronique dans le domaine de la santé, seuls 42 % précisent que chacun peut à la fois accéder à l’ensemble de ses données et interagir avec elles via le portail.
Environ un tiers (38 %) des pays ne disposent pas de normes cliniques ou de dispositif de certification des fournisseurs de systèmes de dossiers médicaux électroniques, ce qui limite l’interopérabilité des données de santé.