Le personnel infirmier occupe un rôle central dans la prestation des soins et est au cœur de tous les systèmes de santé axés sur les patients. Les infirmiers constituent généralement la catégorie de soignants la plus nombreuse dans la plupart des pays de l’OCDE. La plupart sont employés à l’hôpital, mais ils sont également nombreux dans les établissements de soins de longue durée et dans le secteur extrahospitalier.
En 2021, on comptait 9.2 infirmiers en exercice pour 1 000 habitants en moyenne dans les pays membres de l’OCDE, contre 8.2 en 2011. Leur densité en 2021 allait de moins de 3 pour 1 000 habitants en Colombie, en Türkiye et au Mexique, à plus de 18 pour 1 000 en Finlande, en Suisse et en Norvège (Graphique 8.13). Parmi les pays partenaires clés, l’Afrique du Sud, l’Inde et l’Indonésie comptent relativement peu d’infirmiers (moins de 2 pour 1 000 habitants en 2021). Leur nombre est plus élevé en Chine, où il a augmenté rapidement au cours de la dernière décennie, passant de 1.7 pour 1 000 habitants en 2011 à 2.9 en 2021.
Le nombre d’infirmiers pour 1 000 habitants s’est accru dans presque tous les pays de l’OCDE au cours des dix dernières années, à l’exception de la Lettonie, de la République slovaque et de la Suède où il a légèrement baissé entre 2011 et 2021. La Suisse, la Norvège, l’Australie et la Corée font partie des pays qui sont parvenus à augmenter considérablement leur effectif infirmier sur cette période. Cette hausse est en grande partie le fruit d’une augmentation du nombre d’étudiants dans les formations en soins infirmiers (voir la section « Personnel infirmier nouvellement diplômé »). Il n’est cependant pas suffisant de former davantage d’infirmiers, il est aussi indispensable de les retenir dans la profession une fois qu’ils sont diplômés, ce qui nécessite d’améliorer leurs conditions de travail. En Norvège, le gouvernement a adopté en 2016 un plan d’action sur cinq ans, le Competence Lift 2020, qui visait à améliorer les compétences, la rémunération et le taux de maintien en poste des infirmiers. Ce plan d’action a été prolongé de cinq années supplémentaires sous le nom de Competence Lift 2025. Même si le nombre d’infirmiers a augmenté, le taux d’abandon reste élevé, en particulier dans le secteur des soins de longue durée.
En Suisse, l’augmentation du nombre d’infirmiers est principalement due à une hausse du nombre d’« infirmiers de niveau intermédiaire » dont les qualifications sont inférieures à celles des « infirmiers professionnels » (ou « infirmiers diplômés »). Entre 2011 et 2021, le nombre d’infirmiers de niveau intermédiaire a progressé presque trois fois plus vite que celui des infirmiers professionnels, et leur part est ainsi passée de 30 % en 2011 à 36 % en 2021. Malgré la progression dans ces deux catégories, les hôpitaux et autres établissements de santé et de soins de longue durée peinent toujours à recruter des infirmiers et une pénurie est à craindre dans les années à venir.
Dans certains pays, le recrutement de personnel infirmier formé à l’étranger a joué un rôle important dans la hausse des effectifs. Près de la moitié des infirmiers en Irlande ont été formés à l’étranger, et en Nouvelle‑Zélande et en Suisse, plus d’un quart des infirmiers en exercice ont obtenu leur premier diplôme d’infirmier dans un autre pays (voir la section « Migrations internationales de médecins et de personnel infirmier »). En Suisse, la plupart des infirmiers formés à l’étranger viennent de France et d’Allemagne, et dans une moindre mesure d’Italie, et leur nombre a fortement augmenté ces dernières années.
Dans plusieurs pays, de nombreux infirmiers ont ressenti une dégradation de leurs conditions de travail, et ils ont été plus nombreux à envisager de quitter leur emploi pendant et après la pandémie de COVID‑19 (OCDE, 2023[1]). Des inquiétudes concernant une « grande démission » des infirmiers ont vu le jour début 2021 aux États-Unis, et un peu plus tard en 2021 et en 2022 au Royaume‑Uni.Au Royaume‑Uni , le nombre d’infirmiers ayant quitté le NHS England a atteint un sommet historique en 2021/22, et plus de la moitié de ces démissionnaires étaient âgés de moins de 40 ans, et donc très loin de l’âge de la retraite (King's Fund, 2022[2]). Dans le même temps, un nombre record d’infirmiers ont rejoint le NHS en Angleterre en 2021/22, en grande partie grâce au recrutement international, ce qui fait que le nombre global de personnel infirmier a continué d’augmenter au moins légèrement (OCDE, 2023[1]).
Les infirmiers sont plus nombreux que les médecins dans la plupart des pays de l’OCDE. En moyenne, on compte 2.5 infirmiers pour un médecin. Le ratio du personnel infirmier par rapport au nombre de médecins va d’environ un en Colombie, au Mexique et en Lettonie, à plus de quatre au Finlande, au Japon, aux États-Unis et en Suisse (Graphique 8.14).