Le nombre et la composition des personnes travaillant dans les hôpitaux des pays de l’OCDE dépendent des rôles et fonctions que jouent les hôpitaux dans les systèmes de santé, ainsi que de la manière dont sont fournis et comptabilisés les différents types de services de soutien dans les hôpitaux. Les rôles et fonctions des hôpitaux diffèrent sensiblement selon que les services spécialisés ambulatoires sont fournis dans les hôpitaux ou en dehors. Dans la plupart des pays dotés d’une couverture sanitaire universelle financée par l’impôt (systèmes de type service national de santé britannique), les services spécialisés ambulatoires sont généralement dispensés dans les hôpitaux publics. C’est le cas par exemple au Royaume‑Uni, dans les pays nordiques, au Portugal et en Espagne. Dans d’autres pays, comme en Allemagne, en Australie, en Autriche, en Belgique, au Canada, aux États-Unis, en France et en Suisse, la plupart des services ambulatoires sont dispensés en dehors des hôpitaux. Dans certains pays d’Europe centrale et orientale comme l’Estonie et la Slovénie, la plupart des services spécialisés ambulatoires sont assurés dans des hôpitaux publics, alors que dans d’autres pays, ils sont fournis dans des polycliniques publiques (par exemple en Pologne) ou dans des cabinets privés (comme en République tchèque).
En 2021, le nombre de personnes travaillant dans les hôpitaux rapporté à la population totale était au moins deux fois plus important en Suisse, au Royaume‑Uni, en Norvège, au Danemark, aux États-Unis, en Islande et en France qu’au Mexique, au Chili, en Corée et en Hongrie (Graphique 8.18). Cependant, il convient de ne pas oublier qu’aux États-Unis, 45 % des personnes travaillant à l’hôpital appartiennent aux personnels non cliniques (dont le personnel administratif et les autres personnels d’appui), et ce pourcentage est supérieur à 30 % en Suisse, en France et en Islande.
Dans tous les pays, le personnel infirmier constitue la principale catégorie de prestataires de soins à l’hôpital. Les infirmiers et les sages-femmes représentent 37 % de l’ensemble des emplois hospitaliers en moyenne dans les pays de l’OCDE. Dans certains pays, notamment la France, le Portugal et l’Espagne, les aides-soignants (ou auxiliaires de soins) constituent également une catégorie non négligeable de personnels hospitaliers. Les médecins représentent un travailleur hospitalier sur sept (14 %) en moyenne dans les pays de l’OCDE, même si dans plusieurs pays, ce chiffre sous-estime le nombre de médecins qui travaillent au moins à temps partiel à l’hôpital, car les médecins indépendants qui exercent à la fois à l’hôpital et en dehors ne sont pas comptabilisés.
Le nombre d’infirmiers en équivalents temps plein (ETP) dans les hôpitaux est inférieur aux effectifs bruts, car une proportion significative d’infirmiers travaille à temps partiel. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le nombre d’infirmiers ETP à l’hôpital est inférieur de 13 % aux effectifs. Cet écart est plus important dans certains pays comme l’Allemagne, l’Islande et la République tchèque (25 % environ). Lorsqu’on examine les tendances dans le temps, le rapport entre le nombre d’infirmiers ETP et les effectifs est resté relativement stable dans de nombreux pays entre 2011 et 2021 (par exemple en France, Lituanie, Nouvelle‑Zélande et États-Unis), mais a baissé dans d’autres (par exemple en Estonie, Islande, Israël et République tchèque), ce qui indique que le temps de travail moyen du personnel infirmier hospitalier a diminué. En revanche, ce rapport a progressé dans certains pays comme l’Irlande, la Norvège et les Pays-Bas – ce qui signifie que le temps de travail moyen des infirmiers a augmenté – même s’il reste bien inférieur à 100 %.
Dans des pays comme le Canada, l’Allemagne et les États-Unis, le nombre d’infirmiers travaillant dans les hôpitaux a augmenté de manière régulière entre 2011 et 2021, tant avant qu’après la pandémie. Cette hausse a débuté quelques années plus tard au Portugal et en Espagne, mais s’est accélérée à la fois avant et pendant la pandémie. Elle a cependant été plus modeste en France avant la pandémie, et aucune augmentation du nombre d’infirmiers hospitaliers n’a été enregistrée durant la pandémie. En Italie et au Royaume‑Uni, le nombre d’infirmiers exerçant à l’hôpital n’a pas augmenté entre 2011 et 2019, mais a commencé à croître au moins légèrement en 2020 et 2021 (Graphique 8.19).
La pandémie a favorisé l’élaboration de nouveaux plans visant à accroître le recrutement de personnel hospitalier et à améliorer ses conditions de travail afin de retenir le personnel. Par exemple, le gouvernement français a instauré, en juillet 2020, un nouveau plan pluriannuel visant à renforcer les hôpitaux publics et prévoyant d’importantes hausses de salaire afin d’améliorer le recrutement et la fidélisation des personnels hospitaliers, en particulier des infirmiers (OCDE/Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, 2021[1]).