La consommation de produits pharmaceutiques augmente depuis plusieurs décennies, à la fois sous l’effet de la demande croissante de médicaments destinés à traiter les maladies liées à l’âge et les affections chroniques, et sous celui de l’évolution de la pratique clinique. La présente section examine la consommation de quatre catégories de produits pharmaceutiques utilisés pour certaines affections chroniques : les antihypertenseurs, les agents modifiants les lipides (comme les hypocholestérolémiants), les agents antidiabétiques et les antidépresseurs (Graphique 9.6). Ces médicaments soignent des pathologies dont la prévalence a sensiblement augmenté dans les pays de l’OCDE ces dernières décennies.
La consommation d’antihypertenseurs dans les pays de l’OCDE a augmenté en moyenne de 8 % entre 2011 et 2021, mais elle a pratiquement triplé au Chili. Elle restait particulièrement élevée en Allemagne, où elle représentait pratiquement cinq fois celle de la Corée. Ces variations reflètent vraisemblablement des différences à la fois dans la prévalence de l’hypertension et dans les pratiques cliniques.
Bien plus importante a été la croissance de la consommation d’agents réduisant les lipides sériques, qui a progressé de près de 60 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, entre 2011 et 2021. Ce sont le Danemark, le Royaume‑Uni et la Norvège qui ont fait état de la plus forte consommation par habitant en 2021, laquelle varie du simple au quintuple à travers la zone OCDE.
L’utilisation de médicaments antidiabétiques elle aussi a considérablement augmenté, de 30 %, sur la même période et a même plus que doublé au Canada et au Chili. La hausse observée dans les pays peut s’expliquer en partie par la prévalence croissante du diabète, elle‑même liée dans une large mesure à l’augmentation de celle de l’obésité, qui est un facteur de risque majeur pour le développement du diabète de type 2. En 2021, la consommation de médicaments antidiabétiques allait du simple au double entre l’Autriche et la Lettonie, où elle était la plus basse, et le Canada, où elle était la plus élevée.
La consommation d’antidépresseur a augmenté de près de 50 %, dans les pays de l’OCDE, entre 2011 et 2021 ; elle a fait plus que tripler au Chili et plus que doubler en Corée, en Lettonie et en Estonie. Autant elle peut dénoter une progression des troubles de santé mentale, autant elle peut aussi témoigner d’une meilleure prise en considération de ces troubles, d’une évolution des directives cliniques et d’une meilleure disponibilité des traitements, ainsi que d’une prise en charge sur la durée (Bogowicz et al., 2021[1]; Madeira, Queiroz and Henriques, 2023[2]). Les variations entre pays sont très nettes : ainsi le niveau de consommation communiqué par l’Islande, pays où il était le plus élevé en 2021, représentait huit fois celui de la Lettonie.
Plus récemment, la consommation de produits pharmaceutiques relevant de l’une de ces quatre catégories a augmenté de 10 % environ, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, entre 2019 et 2021, exception faite de celle des antihypertenseurs, qui est restée relativement stable, voire a baissé dans quelques pays. Les plus fortes progressions ont été enregistrées au Chili et au Canada, dans le cas des antidiabétiques, en Lituanie et en Türkiye, pour les agents réduisant les lipides sériques, et au Chili et en Corée, pour les antidépresseurs. L’évolution des habitudes de consommation peut refléter en partie celle de la charge de morbidité depuis la pandémie de COVID‑19, avec par exemple une prévalence plus importante de l’anxiété et de la dépression (voir l’indicateur « Santé mentale » au chapitre 3).