Le rendement privé de l’investissement dans l’enseignement tertiaire est considérable : les diplômés de l’enseignement tertiaire sont plus susceptibles que ceux qui ne sont pas diplômés de ce niveau d’enseignement de travailler et d’être mieux rémunérés.
L’éducation est rentable non seulement pour les individus, mais aussi pour les comptes publics qui profitent des niveaux plus élevés de recettes fiscales et de cotisations sociales versés par les diplômés de l’enseignement tertiaire.
Dans les pays de l’OCDE, les hommes investissent de l’ordre de 45 100 USD (coûts directs et manque à gagner) en moyenne dans l’obtention d’un diplôme tertiaire, et les femmes, de l’ordre de 34 800 USD. Car les hommes tendent à afficher des rémunérations et des taux d’emploi supérieurs, leur bénéfice total est également plus élevé pendant leur carrière : ils touchent 341 000 USD, contre 262 400 USD pour les femmes.
Regards sur l'éducation 2019
Indicateur A5. Quels sont les facteurs financiers qui incitent à investir dans l’éducation ?
Faits marquants
Contexte
Consacrer du temps et de l’argent aux études, c’est investir dans le capital humain. L’amélioration des débouchés sur le marché du travail (voir l’indicateur A3) et la perspective de revenus plus élevés (voir l’indicateur A4) sont des facteurs qui incitent fortement les individus à investir dans l’éducation et à retarder leur entrée dans la vie active. Le niveau de formation est plus élevé chez les femmes que chez les hommes (voir l’indicateur A1), mais ces derniers tirent un plus grand profit de leur investissement dans la poursuite de leurs études, sous la forme de meilleurs débouchés et de salaires plus élevés dans l’ensemble.
Les pays bénéficient également de l’élévation du niveau de formation de leur population au travers de l’augmentation des recettes fiscales et des cotisations sociales dès l’entrée des individus dans la vie active. Comme l’élévation du niveau de formation profite aux individus et aux pouvoirs publics, il est important d’analyser le rendement financier de l’éducation à la lumière d’autres indicateurs tels que les taux d’accès et de réussite des niveaux supérieurs d’enseignement (voir l’indicateur B5).
Cet indicateur n’aborde pas d’autres facteurs qui influent sur le rendement de l’éducation. Le rendement financier de l’éducation peut par exemple être affecté par le domaine d’études, la situation économique particulière des pays, le marché du travail et le cadre institutionnel ainsi que par des facteurs culturels et sociaux. En outre, les retombées de l’éducation ne sont pas uniquement financières, elles sont aussi économiques, comme l'accroissement de la productivité de la population, et sociales, comme la participation accrue des individus à des activités culturelles ou sportives (voir l’indicateur A6).
Autres faits marquants
Dans la plupart des pays de l’OCDE, le principal coût lié aux études tertiaires est le manque à gagner des étudiants et non les coûts directs tels que les frais de scolarité et de subsistance, et ce, même en prenant en considération les revenus des étudiants qui travaillent pendant leurs études supérieures.
Le rendement privé de l’investissement dans l’éducation dépend du régime fiscal et du système de cotisations sociales des pays. À titre d’exemple, les impôts sur le revenu et les cotisations sociales représentent moins d’un quart du salaire brut d’un homme diplômé de l’enseignement tertiaire au Chili, en Corée et en Estonie, mais en représentent plus de la moitié en Belgique et aux Pays-Bas.
Dans la quasi-totalité des pays dont les données sont disponibles, le rendement financier net, tant public que privé, d’une licence, d’un master ou d’un doctorat est supérieur au rendement d’une formation tertiaire de cycle court.
Remarque
Cet indicateur fournit des informations sur les incitations à investir dans la poursuite des études compte tenu des coûts et des bénéfices, y compris le rendement financier net et le taux de rendement interne. Il analyse le choix entre deux options, à savoir poursuivre des études ou entrer dans la vie active. Cet indicateur porte sur deux scénarios : 1) investir dans l'obtention d'un diplôme de l'enseignement tertiaire au lieu d'entrer dans la vie active dès l'obtention d'un diplôme du deuxième cycle de l'enseignement secondaire ; et 2) investir dans l’obtention d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire au lieu d’entrer dans la vie active sans ce diplôme (disponible en ligne).
Il prend en considération deux types d’investisseurs : 1) les individus qui décident de poursuivre leurs études compte tenu des coûts et de l’avantage salarial net que cela implique (le rendement « privé ») ; et 2) les pouvoirs publics qui décident d’investir dans l’éducation compte tenu des coûts et de l’augmentation de leurs recettes (fiscales) que cela implique (le rendement « public »).
Comme cet indicateur n’estime le rendement financier de l’investissement dans l’éducation que jusqu’à 64 ans, l’âge théorique du départ à la retraite, il ne tient pas compte des pensions de retraite. Les coûts directs de l’éducation présentés dans cet indicateur ne prennent pas en considération les prêts d’études.
Précisons que les valeurs indiquées dans cette édition de Regards sur l’éducation ne sont pas nécessairement comparables à celles publiées dans des éditions antérieures, car la méthodologie de cet indicateur est constamment affinée.
Analyse
Facteurs financiers incitant les individus à investir dans l’enseignement tertiaire
Dans les pays de l’OCDE, investir dans l’éducation est dans l’ensemble payant à long terme, tant pour les hommes que pour les femmes. Le gain sur lequel les individus peuvent tabler pendant toute leur carrière s’ils élèvent leur niveau de formation est supérieur au coût de leurs études à leur charge. Ce constat vaut pour l’enseignement tertiaire ainsi que pour le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir le graphique A5.1, les tableaux A5.1a et b et les tableaux A5.4a et b, disponibles en ligne).
Dans les pays de l’OCDE, le rendement privé de l’obtention, par un homme, d’un diplôme tertiaire s’élève en moyenne à 295 900 USD. Chez les jeunes, les femmes tendent à être plus nombreuses que les hommes à suivre des études supérieures (voir l’indicateur A1), mais elles tendent aussi à ne pas bénéficier d’un rendement net aussi élevé à l’obtention d’un diplôme tertiaire. En moyenne, l’obtention d’un diplôme tertiaire procure aux femmes un rendement net de 227 600 USD, soit environ trois quarts du rendement que ce diplôme procure aux hommes (voir le graphique A5 1).
Le rendement financier privé de l’enseignement tertiaire est plus élevé chez les hommes que chez les femmes dans la plupart des pays de l’OCDE dont les données sont disponibles. La Belgique, l'Espagne, la Lettonie, la Norvège, les Pays-Bas et la Turquie sont les seuls pays où le rendement financier privé est plus élevé chez femmes que chez les hommes (voir les tableaux A5.1a et b). Dans ces pays, les femmes accusent toujours une rémunération et un taux d’emploi moins élevés que les hommes selon les chiffres de 2016 (voir la base de données de Regards sur l’éducation), mais elles retirent un plus grand avantage qu’eux de l’obtention d’un diplôme tertiaire, par comparaison avec un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. En d’autres termes, l’écart entre la rémunération et le taux d’emploi par niveau de formation est plus important chez les femmes que chez les hommes dans ces pays.
Le rendement généralement inférieur chez les femmes peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment leur rémunération moins élevée, leur taux de chômage plus élevé, leur plus grande propension moyenne à travailler à temps partiel et leur domaine d’études différent de celui des hommes. L’offre de structures d’accueil et d’éducation de la petite enfance de qualité peut aussi influer sur le taux d’emploi des femmes.
Le taux de rendement interne permet d’analyser le rendement de l’éducation sous un autre angle, car il évalue le taux d’intérêt réel auquel les coûts et bénéfices sont équivalents, c’est-à-dire le taux auquel un seul de rentabilité est atteint. Il peut être interprété comme le taux d’intérêt que l’investissement dans l’élévation du niveau de formation devrait rapporter aux individus chaque année durant leur carrière. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le taux de rendement interne de l’obtention d’un diplôme tertiaire s’établit à 17 % chez les hommes et à 21 % chez les femmes. Le taux de rendement interne supérieur chez les femmes reflète le fait que leur investissement initial dans l’élévation de leur niveau de formation est moins élevé (en termes de manque à gagner) (voir les tableaux A5.1a et b).
Coûts et bénéfices privés de l’enseignement tertiaire
Le rendement financier privé net des individus correspond à la différence entre les coûts et les bénéfices associés à l’élévation de leur niveau de formation. Dans cette analyse, les coûts comprennent les coûts directs de l’investissement dans la poursuite des études et le manque à gagner durant les études ; et les bénéfices correspondent aux revenus du travail. Pour montrer l’impact de la fiscalité sur le bénéfice total, l’effet de l’impôt sur le revenu et l’effet des cotisations sociales sont également analysés (voir la section « Définitions »).
Les coûts privés totaux, qui sont composés des coûts directs et du manque à gagner, augmentent généralement avec l’élévation du niveau de formation. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le coût direct de l’investissement dans une formation tertiaire s’élève au total à 8 400 USD chez les hommes et chez les femmes. Toutefois, dans la plupart des pays, le manque à gagner, c’est-à-dire la rémunération que les individus auraient pu percevoir s’ils n’avaient pas décidé de faire des études supérieures, est le poste de dépense le plus important. Il varie fortement entre les pays selon la durée de la formation, le niveau de salaire et les différentiels salariaux entre les niveaux de formation. Le modèle d’analyse tient également compte du fait que dans de nombreux pays, il est courant que les étudiants travaillent pendant leurs études, ce qui réduit leur manque à gagner et le coût total de l’investissement dans l’élévation du niveau de formation. L’indicateur A6 publié dans l’édition de 2017 de Regards sur l’éducation (OCDE, 2017[1]) indique le taux d’emploi des étudiants et leur niveau de rémunération dans les pays membres et partenaires de l’OCDE.
Chez les hommes, le manque à gagner associé à l’obtention d’un diplôme tertiaire va de moins de 10 000 USD en Israël et en Turquie, à près de 70 000 USD en Suisse. Parmi tous les pays de l'OCDE dont les données sont disponibles, c’est en Suisse que les coûts privés totaux, c’est-à-dire la somme des coûts directs et du manque à gagner, sont les plus élevés, et en Turquie qu'ils sont les plus bas. Le coût privé total de l’obtention d’un diplôme tertiaire est plus de sept fois plus élevé en Suisse qu’en Turquie, tant chez les hommes que chez les femmes (voir les tableaux A5.1a et b).
Le graphique A5.2 montre que l’élévation du niveau de formation procure des bénéfices considérables aux individus, qui peuvent toutefois varier entre les hommes et les femmes selon la situation du marché du travail dans leur pays. En moyenne, l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire procure un bénéfice total de 341 000 USD aux hommes, mais de 262 400 USD aux femmes. En d’autres termes, les hommes diplômés de l’enseignement tertiaire gagneront environ 2 000 USD de plus par an (par comparaison avec les hommes diplômés au plus du deuxième cycle de l’enseignement secondaire) que leurs homologues féminines en 40 ans de carrière. Cette différence s’explique essentiellement par la variation des rémunérations entre les sexes (voir l’indicateur A4), mais elle est également imputable aux taux d’inactivité et de chômage plus élevés des femmes (voir l’indicateur A3) (voir les tableaux A5.1a et b).
L’élévation du niveau de formation accroît certes les revenus du travail des individus tout au long de leur carrière, mais les bénéfices privés qu’elle leur procure dépendent aussi de la fiscalité et du système de cotisations sociales des pays (Brys and Torres, 2013[2]). À titre d’exemple, les impôts sur le revenu et les cotisations sociales représentent moins d’un quart du salaire brut d’un homme diplômé de l’enseignement tertiaire au Chili, en Corée et en Estonie, mais en représentent plus de la moitié en Belgique et aux Pays-Bas. Comme les femmes tendent à gagner moins, elles se situent souvent dans des tranches inférieures d’imposition. En Irlande et en Israël par exemple, les impôts sur le revenu et les cotisations sociales dus par les diplômés de l’enseignement tertiaire en fonction de leur salaire brut sont moins élevés de 10 points de pourcentage environ chez les femmes que chez les hommes (voir les tableaux A5.1a et b). Les impôts et les cotisations sociales sont également en rapport avec les régimes et les programmes de retraite, qui ne sont pas abordés dans cet indicateur.
Facteurs financiers incitant les pouvoirs publics à investir dans l’enseignement tertiaire
Les pouvoirs publics investissent massivement dans l’éducation (voir l’indicateur C3). D’un point de vue budgétaire, il est important de déterminer s’ils récupéreront les montants engagés, en particulier en temps d’austérité. Comme l’élévation du niveau de formation tend à se traduire par une augmentation des revenus (voir l’indicateur A4), les investissements dans l’éducation produisent un rendement public, puisque les diplômés de l’enseignement tertiaire paient plus de cotisations sociales et d’impôts sur le revenu. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le rendement public net de l’investissement pour chaque diplômé de l'enseignement tertiaire s’élève à 148 200 USD environ pour un homme, et à 77 300 USD pour une femme (voir le graphique A5.3).
Le rendement public net de l’investissement est étroitement lié au rendement privé. Les pays où le rendement de l’enseignement tertiaire est le plus élevé pour les individus sont aussi ceux où il est le plus élevé pour les pouvoirs publics (voir les graphiques A5.1 et A5.3). C’est le cas aux États-Unis, en Irlande et au Luxembourg, où le rendement financier net est très élevé, tant pour les individus que pour les pouvoirs publics.
Toutefois, les régimes fiscaux différents peuvent influer sensiblement sur la mesure dans laquelle le rendement public suit le rendement privé. Au Chili par exemple, le rendement masculin privé de l’obtention d’un diplôme tertiaire est l'un des plus élevés mais le rendement public y est le deuxième le moins élevé, car le régime fiscal est tel que les impôts et les cotisations sociales dus sur les tranches supérieures de rémunération sont proportionnellement moins élevés (voir les tableaux A5.1a et A5.2a).
Coûts et bénéfices publics de l’enseignement tertiaire
Le rendement financier net est évalué sur la base de la différence entre les coûts et bénéfices associés à l’élévation du niveau de formation des individus. Dans cette analyse, les coûts comprennent les dépenses publiques directes au titre de l’éducation et le manque à gagner fiscal. Les bénéfices sont calculés compte tenu des recettes fiscales et des cotisations sociales.
Pour les pouvoirs publics, les coûts directs (y compris les bourses versées aux étudiants) représentent la plus grande partie du coût public total de l’enseignement tertiaire, même si les prêts d’études ne sont pas pris en considération dans cet indicateur. Ce constat vaut particulièrement pour des pays comme le Danemark, la Finlande et la Norvège, où les étudiants s’acquittent de frais de scolarité minimes, voire nuls, et où ils bénéficient d’aides publiques généreuses s’ils font des études supérieures (voir l’indicateur C5). Les pays où les coûts directs sont élevés sont aussi ceux où le coût public total est le plus élevé ; le coût public total est par exemple supérieur à 100 000 USD pour les hommes au Danemark, au Luxembourg, en Norvège et en Suisse. Par contraste, c’est au Chili que le coût public total est le moins élevé de tous les pays de l’OCDE (environ 10 000 USD pour les hommes et les femmes). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le coût public de l’obtention par un individu d’un diplôme tertiaire s’élève au total à 58 100 USD pour un homme, et à 54 100 USD pour une femme (voir les tableaux A5.2a et b).
Les pouvoirs publics compensent le coût direct de l’investissement et le manque à gagner fiscal associés à l’élévation du niveau de formation par les recettes fiscales et les cotisations sociales plus élevées des travailleurs qui sont souvent mieux rémunérés puisqu’ils sont plus instruits. En moyenne, le bénéfice public de l’obtention d’un diplôme tertiaire s’élève au total à 206 300 USD pour un homme, et à 131 400 USD pour une femme (voir les tableaux A5.2a et b).
Le bénéfice public total varie entre les sexes, essentiellement car hommes et femmes ne sont pas logés à la même enseigne sur le marché du travail. Ce constat donne à penser que les gouvernements pourraient prendre des mesures en vue de favoriser l’entrée des femmes sur le marché du travail et d’accroître leur taux d’emploi. En moyenne, le bénéfice public total de l’investissement dans l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire est environ 57 % plus élevé pour un homme que pour une femme. Parmi les pays de l’OCDE, c’est en Irlande, au Luxembourg et aux Pays-Bas que le rendement public total de l’investissement dans l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire est le plus élevé pour les hommes (plus de 400 000 USD), et en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas qu'il est le plus élevé pour les femmes (plus de 250 000 USD) (voir les tableaux A5.2a et b).
Pour les pouvoirs publics, le taux de rendement interne de l’investissement dans l’obtention d'un diplôme tertiaire est plus élevé chez les hommes (9 %) que chez les femmes (7 %). Cette différence entre les sexes s’explique par le fait que le coût public (c’est-à-dire l’investissement public) est très similaire chez les hommes et chez les femmes, mais que le bénéfice public est plus élevé chez les hommes que chez les femmes (voir les tableaux A5.2a et b et les tableaux A5.5a et b, disponibles en ligne).
En moyenne, le bénéfice public total de l’obtention, par un homme, d’un diplôme tertiaire (206 300 USD) se décompose comme suit : l’effet des recettes fiscales (148 100 USD) et l’effet des cotisations sociales (58 200 USD). Quant au bénéfice public total de l’obtention, par une femme, d’un diplôme tertiaire, il est moins élevé (131 400 USD) et se décompose selon les effets suivants : 87 300 USD de recettes fiscales et 44 100 USD de cotisations sociales (voir les tableaux A5.2a et b).
Coûts et bénéfices publics et privés par niveau de l’enseignement tertiaire
Le rendement de l’enseignement tertiaire peut être analysé par niveau d'enseignement, d’une part, dans les formations de cycle court (niveau 5 de la CITE) et, d’autre part, en licence, en master et en doctorat ou formations équivalentes (niveaux 6, 7 et 8 de la CITE). La composition de l’effectif diplômé de chaque niveau de l’enseignement tertiaire varie entre les pays (voir l’indicateur A1), et la répartition des diplômés entre les niveaux peut grandement influencer le rendement financier global de l’enseignement tertiaire (voir le graphique A5.4).
Dans la quasi-totalité des pays dont les données sont disponibles, une licence, un master ou un doctorat procure un rendement privé et public net plus élevé qu’une formation tertiaire de cycle court. Le coût total d’une licence, d’un master ou d’un doctorat tend à être supérieur à celui d’une formation tertiaire de cycle court, mais le bénéfice total que les individus retirent de leurs études pendant leur carrière compense le coût initial plus élevé de leurs études (voir les tableaux A5.3a et b).
La Turquie est le seul pays où le rendement public et privé de l'obtention, par un homme, d'un diplôme tertiaire de cycle court est supérieur à celui de l'obtention d'une licence, d'un master ou d'un doctorat. C'est également le pays de l'OCDE qui affiche le pourcentage le plus élevé (48 %) de l’effectif de nouveaux inscrits en formation tertiaire de cycle court (voir l'indicateur B4). En Corée et au Danemark, le rendement public de l'obtention, par une femme, d'un diplôme tertiaire de cycle court est supérieur à celui de l'obtention d'une licence, d'un master ou d'un doctorat.
Encadré A5.1. L’effet du taux d’actualisation sur le rendement net de l’éducation
Calculer le rendement financier, ou la valeur actuelle nette, de l’élévation du niveau de formation revient à analyser les coûts et bénéfices de l’investissement et, à cet effet, de convertir les flux futurs en flux actuels à l’aide d’un taux d’actualisation. Le taux d’actualisation permet de tenir compte de l’inflation et de convertir les montants futurs en montants actuels. Le taux d’actualisation est difficile à choisir, car il influe fortement sur l’évaluation des investissements qui ont des effets à long terme, comme ceux dans l’éducation.
Les montants indiqués dans les tableaux et graphiques de cet indicateur sont calculés sur la base d’un taux d’actualisation de 2 %, choisi en fonction de la moyenne des taux d’intérêt réel des obligations d’État dans les pays de l’OCDE. On aurait toutefois pu choisir un taux d’actualisation plus élevé au motif qu’investir dans l’éducation n’est pas sans risque. Les pays de l’OCDE qui se livrent à des analyses similaires de coûts et de bénéfices ont choisi un taux d’actualisation supérieur à 2 %, mais le taux utilisé varie entre eux (OCDE, 2018[3]).
Afin d'évaluer l'importance de l'impact du taux d'actualisation, il est utile d'effectuer une analyse de sensibilité. Le tableau A5.a indique la variation du rendement financier net de l’obtention, par un homme, d’un diplôme tertiaire, en fonction de trois taux d’actualisation différents. Passer d’un taux d’actualisation de 2 % à un taux de 3.75 % réduit la valeur actuelle nette de plus de 30 % dans tous les pays dont les données sont disponibles. Si un taux d’actualisation de 8 % est utilisé, la valeur actuelle nette chute d'au moins 70 % dans tous les pays. Ces comparaisons montrent à quel point la valeur actuelle nette est sensible à la variation du taux d’actualisation.
Définitions
Le terme « adultes » désigne la population âgée de 15 à 64 ans.
Les coûts directs correspondent aux dépenses directes d’éducation par élève/étudiant durant la durée des études. Les coûts directs de l’éducation n’incluent pas les prêts d’études.
Les coûts privés directs correspondent aux dépenses totales des ménages au titre de l’éducation. Ils comprennent les montants nets que les ménages versent aux établissements d’enseignement, ainsi que les sommes qu’ils consacrent à l’achat de biens et services d’éducation en dehors des établissements (fournitures scolaires, tutorat, etc.).
Les coûts publics directs correspondent aux dépenses publiques d’éducation par élève/étudiant. Ils comprennent les dépenses publiques directes au titre des établissements d’enseignement, les bourses et autres prestations versées aux élèves/étudiants et aux ménages ainsi que les transferts publics à d’autres entités privées au titre de l’éducation. Ils ne comprennent pas les prêts d’études.
Le manque à gagner privé correspond aux revenus nets qu’un individu non scolarisé (qui n'est pas en formation) pourrait percevoir s’il avait trouvé du travail au lieu de décider de poursuivre ses études.
Le manque à gagner fiscal correspond aux recettes fiscales supplémentaires que les pouvoirs publics auraient perçues si un individu était entré dans la vie active et avait trouvé du travail au lieu de décider de poursuivre ses études.
Les avantages salariaux bruts correspondent à la somme actualisée des avantages salariaux que perçoit un individu pendant sa vie active grâce à l’élévation de son niveau de formation.
L’effet de l’impôt sur le revenu correspond à la somme actualisée du supplément d’impôt sur le revenu versé aux pouvoirs publics par un individu au cours de sa carrière en raison de l’élévation de son niveau de formation.
Le taux de rendement interne est le taux d’intérêt (hypothétique) calculé sur la base des coûts et bénéfices de l’investissement dans l’éducation. Il indique en quelque sorte les intérêts qu’un individu peut retirer chaque année durant sa carrière de l’investissement dans l’élévation de son niveau de formation.
Niveaux de formation : les niveaux de la CITE 2011 sont tous décrits dans le Guide du lecteur, au début du présent rapport.
Le rendement financier net est la valeur actuelle nette de l’investissement financier dans l’éducation. Le rendement financier net correspond à la différence entre les coûts et bénéfices financiers actualisés de l’investissement dans l’éducation, soit la plus-value de l’éducation en plus du taux d’intérêt réel de 2 % ajouté à ces flux de trésorerie.
Méthodologie
Cet indicateur estime le rendement financier de l’investissement dans l’éducation entre l'âge de 15 ans et un âge théorique de départ à la retraite (64 ans). Le rendement de l’éducation est étudié sous l’angle d’un investissement financier.
Deux périodes sont examinées (voir le diagramme 1) :
1) Le temps passé en formation, c’est-à-dire la période durant laquelle les individus et les pouvoirs publics paient le coût de l’éducation ;
2) Le temps passé après avoir quitté l'enseignement formel (soit lorsque les individus « ne sont plus scolarisés »), c’est-à-dire la période pendant laquelle l’individu et les pouvoirs publics bénéficient des retombées financières de l’élévation du niveau de formation.
La méthode retenue ici pour calculer le rendement de l’éducation est celle dite de la valeur actuelle nette de l’investissement. Elle consiste à exprimer les flux financiers qui interviennent à différents moments sous la forme d’une valeur actuelle nette pour que les coûts et bénéfices soient directement comparables. Dans ce cadre, les coûts et avantages enregistrés durant toute la carrière sont rapportés au début de l’investissement. Cela consiste à actualiser tous les flux financiers depuis le début de l’investissement au moyen d’un taux d’intérêt fixe (le taux d’actualisation).
Ce sont les obligations d’État à long terme qui ont été utilisées comme référence pour choisir le taux d’actualisation. Le taux d’actualisation est difficile à choisir, car il doit refléter non seulement le terme de l’investissement, mais également le coût de l’emprunt ou le risque perçu de l’investissement (voir l’encadré A5.1). Pour permettre les comparaisons et faciliter l’interprétation des résultats, le même taux d’actualisation (2 %) a été appliqué dans tous les pays de l’OCDE. Tous les montants présentés dans les tableaux de cet indicateur sont des valeurs actuelles nettes, converties en équivalents USD sur la base des parités de pouvoir d’achat (PPA).
Changements de méthodologie entre les éditions de 2018 et de 2019 de Regards sur l’éducation
Le présent modèle porte essentiellement sur les revenus du travail. Les allocations de chômage et les transferts sociaux, mentionnés dans l'édition 2018 de Regards sur l'éducation, ne sont pas inclus dans l'édition 2019. Les principaux changements effectués par rapport aux éditions précédentes ont été l'utilisation du taux d'emploi (au lieu d'un ratio basé sur la population active) comme probabilité pour un individu de percevoir des revenus et la prise en compte des revenus effectifs des étudiants pour calculer le manque à gagner. Voir le Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation 2018 (OCDE, 2019[4]) pour de plus amples informations. Voir les notes spécifiques aux pays à l’annexe 3 (https://doi.org/10.1787/f8d7880d-en).
Source
Les coûts directs de l’éducation proviennent de l’exercice UOE de collecte de données financières et se rapportent à l’année 2016 (sauf mention contraire dans les tableaux).
Les données sur les revenus proviennent d’une collecte de données réalisée par le réseau LSO de l’OCDE (Network on Labour Market and Social Outcomes, réseau chargé d’élaborer les données relatives aux retombées de l’éducation sur l’économie, le marché du travail et la société), qui compile les données des enquêtes nationales sur la population active, des Statistiques communautaires sur le revenu et les conditions de vie (SILC) de l’Union européenne ainsi que d'autres banques de données et enquêtes nationales. Les revenus sont ventilés par âge, sexe et niveau de formation. Les rémunérations sont agrégées pendant trois années différentes (2014 à 2016).
Les calculs relatifs à l’impôt sur le revenu ont été effectués sur la base du modèle de l’OCDE présenté dans Les impôts sur les salaires, qui détermine l’impôt dû par niveau de revenu. Ce modèle permet de calculer le niveau de la fiscalité sur le travail dans plusieurs scénarios, selon la composition des ménages. Le scénario retenu dans cet indicateur est celui d’un travailleur célibataire et sans enfants. Voir les détails spécifiques à chaque pays concernant le modèle relatif à l’impôt sur le revenu dans Les impôts sur les salaires 2018 (OCDE, 2018[5]).
Les cotisations sociales des salariés sont calculées à l’aide du modèle de l’OCDE présenté dans Les impôts sur les salaires, le scénario retenu étant celui d’un travailleur âgé de 40 ans, célibataire et sans enfants. Voir les détails spécifiques à chaque pays concernant le modèle relatif aux cotisations sociales dans Les impôts sur les salaires 2018 (OCDE, 2018[5]).
Note concernant les données d’Israël
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Références
[2] Brys, B. and C. Torres (2013), “Effective personal tax rates on marginal skills investments in OECD countries: A new methodology”, Documents de travail de l’OCDE sur la fiscalité, No. 16, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5k425747xbr6-en.
[4] OCDE (2019), Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation 2018: Concepts, normes, définitions et classifications, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264305380-fr.
[5] OCDE (2018), Les impôts sur les salaires 2018, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/tax_wages-2018-fr.
[3] OCDE (2018), Regards sur l’éducation 2018 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/eag-2018-fr.
[1] OCDE (2017), Regards sur l’éducation 2017 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/eag-2017-fr.
Tableaux de l’indicateur A5
Tableau A5.1a Coûts et bénéfices privés de l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire chez les individus de sexe masculin (2016)
Tableau A5.1b Coûts et bénéfices privés de l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire chez les individus de sexe féminin (2016)
Tableau A5.2a Coûts et bénéfices publics de l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire chez les individus de sexe masculin (2016)
Tableau A5.2b Coûts et bénéfices publics de l'obtention d'un diplôme de l'enseignement tertiaire chez les individus de sexe féminin (2016)
Tableau A5.3a Coûts et bénéfices privés/publics de l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire chez les individus de sexe masculin, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2016)
Tableau A5.3b Coûts et bénéfices privés/publics de l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire chez les individus de sexe féminin, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2016)
WEB Tableau A5.4a. Coûts et bénéfices privés de l’obtention d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire chez les hommes (2016)
WEB Tableau A5.4b. Coûts et bénéfices privés de l’obtention d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire chez les femmes (2016)
WEB Tableau A5.5a. Coûts et bénéfices publics de l’obtention d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire chez les hommes (2016)
WEB Tableau A5.5b. Coûts et bénéfices publics de l’obtention d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire chez les hommes (2016)
Date butoir pour les données : 19 juillet 2019. Les mises à jour peuvent être consultées en ligne à l’adresse : http://dx.doi.org/10.1787/eag-data-fr. D’autres données désagrégées sont également disponibles dans la Base de données de Regards sur l’éducation (http://stats.oecd.org/).
StatLink : https://doi.org/10.1787/888933980868