L’aide publique au développement (APD) comprend l’ensemble des ressources financières consacrées par les membres du Comité d’aide au développement (CAD) à la promotion du développement économique et l’amélioration des conditions de vie dans les pays en développement. Les membres du CAD demandent souvent à bénéficier d’exonérations d’impôts indirects (droits de douane, taxes sur la valeur ajoutée, etc.) ou d’impôts sur le revenu (impôt sur le revenu des personnes physiques et impôt sur les bénéfices des sociétés, notamment) sur les biens et services financés par l’APD. Il n’est cependant pas toujours facile de déterminer quels biens et services financés par l’APD sont exonérés d’impôt, ni, dans certains cas, quel fondement juridique précis justifie ces exonérations. Tous les acteurs impliqués ont intérêt à d’avantage de transparence.
Le traitement fiscal de l'aide publique au développement
Lancée en janvier 2022, la plateforme numérique pour la transparence du traitement fiscal de l'aide est la première ressource publique de ce type à améliorer la transparence autour de la fiscalité de l'aide au développement. Elle présente les approches adoptées par les pays donateurs participants pour demander des exonérations fiscales sur les biens et services financés par l'aide publique au développement (APD) et propose des liens vers des ressources supplémentaires.
Pourquoi promouvoir la transparence du traitement fiscal de l'ADP?
Tout comme les exonérations fiscales et les mesures incitatives pour l’investissement, le traitement fiscal de l’APD fait l’objet d’une attention accrue : soucieux d’accroître leurs marges budgétaires pour financer le programme 2030, les pays en développement ont besoin d’en connaitre l’impact sur leur système fiscal, l’administration de l’impôt et leurs marchés. Alors que la pandémie de COVID-19 érode les marges budgétaires et réduit les flux d’investissement en provenance de l’étranger, l’APD est une ressource d’autant plus précieuse. Dans ce contexte, il est plus important que jamais que les politiques et les pratiques en matière de traitement fiscal de l’APD soient claires et transparentes, et n’induisent ni distorsions en termes de financement, ni charges administrative superflues. D’où l’importance de jeter un éclairage sur ces exonérations, et leur base juridique.
Les cadres juridiques qui régissent le traitement fiscal de l’APD manquent souvent de transparence. C’est particulièrement évident dans le contexte des financements mixtes : la stratégie guidant l’octroi d’exonérations fiscales aux entreprises privées qui mettent en œuvre des projets pour le compte des bailleurs et de leurs sous-traitants n’est souvent pas claire. Pour les entreprises elles-mêmes, cela peut se traduire par des pertes de recettes potentiellement importantes, des risques de double imposition (ou de double non-imposition), et/ou des différends potentiellement longs et coûteux avec l’administration fiscale. D’avantage de transparence sur les politiques mises en place et leurs bénéficiaires présumés améliore la lisibilité pour l’ensemble des parties, rend la gestion administration plus fluide et réduit le nombre de différends.
L’édition 2019 des Perspectives mondiales de l’OCDE sur le financement du développement durable a révélé qu’un certain nombre de pays membres du CAD ont tantôt changé de politique en matière de traitement fiscal de l’APD, tantôt fait connaître leur volonté d’étudier la question plus avant. Jusqu’à présent, toutefois, le manque de données comparables les empêchait de tirer les leçons des politiques et des pratiques suivies par leurs pairs.
Le Programme d’action d’Addis-Abeba appelle les États membres à (ré)évaluer leurs politiques relatives au traitement fiscal de l’APD. Les signataires affirment en effet : « Nous envisagerons aussi de ne pas exiger des exonérations d’impôt sur les biens et services fournis de gouvernement à gouvernement, en commençant par renoncer au remboursement des taxes sur la valeur ajoutée et des taxes sur les importations ».
En 2017, le Comité d’experts des Nations Unies sur la coopération internationale en matière fiscale a mis sur pied un sous-comité chargé d’étudier la question du traitement fiscal des projets d'APD, sous-comité aux travaux duquel a participé l’OCDE. Pour aider les pays à revoir leurs politiques et, en cas d’accord, à négocier les exonérations, le sous-comité a adopté en octobre 2020 les Lignes directrices de l’ONU sur le traitement fiscal de l’APD.
Lors de la réunion à haut niveau du CAD en 2020, les membres se sont à nouveau engagés à aligner leur soutien pour renforcer la mobilisation des ressources intérieures et honorer le Programme d’action d’Addis-Abeba.
La question a également été abordée dans le cadre de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba (ATI) sachant qu’elle fait partie intégrante de l’engagement des signataires d'œuvrer à la cohérence des politiques publiques au service de la mobilisation des ressources domestiques et du développement.
Aperçu du traitement fiscal de l'ADP par donateur
Le tableau ci-dessous donne un aperçu des règles d’exonération fiscale suivies par les membres du CAD participants, ainsi que des fiches détaillées pour 12 des membres du CAD ayant participé à l’enquête.
Les donneurs d’APD qui ne figurent pas encore sur la liste sont encouragés à participer à l’enquête en envoyant un message à : TaxandDevelopment@oecd.org et DAC.Contact@oecd.org
Quel rôle pour l'OCDE
Depuis plus de 60 ans, l’OCDE veille sur la qualité et l’actualité des données d’aide publique au développement notifiées par les membres du CAD. Elle détient ainsi les outils, les données et l’information sur les politiques publiques nécessaires à l’amélioration de la transparence du traitement fiscal de l’APD, et à l’atteinte des engagements fixés à Addis.
L’Organisation est aussi un centre d’expertise sur les questions de fiscalité de portée mondiale puisqu’elle assure le secrétariat du Projet sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) – initiative qui réunit plus de 140 pays et juridictions membres œuvrant en collaboration pour mettre fin aux stratégies d’évasion fiscale qui consistent à exploiter les lacunes et les disparités des règles d’imposition pour échapper à l’impôt – et du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales, le premier organisme international, fort de plus de 160 membres, œuvrant à la mise en œuvre dans le monde entier des normes internationales de transparence et d’échange de renseignement.
Informations complémentaires
Les liens ci-dessous vers des rapports, documents et présentations concernant le traitement fiscal des biens et services financés par l'APD sont proposés pour faciliter la recherche et la compréhension du sujet. L'OCDE n'assume pas la responsabilité du contenu des liens extérieurs.
- OECD Global Outlook on Financing for Sustainable Development 2019: Time to Face the Challenge
- UN Guidelines on the Tax Treatment of Government-to-Government Aid Projects
- UN Committee of Experts on International Cooperation in Tax Matters recommendation on public disclosure
- Presentation by Elfrieda Stewart Tamba, Former Commissioner General, Liberia Revenue Authority, member of UN committee of experts sub-committee on the Tax Treatment of ODA Projects
- PCT commissioned report on tax treatment of aid in recipient countries (Benin, Cameroon, Kenya)
- The paradox of tax exemptions of Official Development Assistance in developing countries, Caldeira, É., A. Geourjon and G. Rota-Graziosi (2018), Ferdi.
- The Taxation of Foreign Aid: Don’t Ask, Don’t Tell, Don’t Know, Steel, I. et al. (2018), Overseas Development Institute and African Tax Administration Forum.
Plus d'informations sur les pays
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