Un diagnostic précoce et un mode de vie sain (voir le chapitre 4 « Facteurs de risque pour la santé ») sont essentiels dans la lutte contre le cancer. Le dépistage est considéré comme un moyen efficient de réduire la charge que représentent le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus et le cancer colorectal. La plupart des pays de l’OCDE disposent de programmes de dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus ainsi que du cancer colorectal pour les populations cibles, mais pour chaque type de cancer, la population cible, la fréquence et les méthodes de dépistage peuvent varier d’un pays à l’autre.
Dans le cas du cancer du sein, l’OMS recommande l’organisation de programmes de dépistage par mammographie au sein de la population et souligne l’importance d’aider les femmes à décider en connaissance de cause si elles souhaitent participer à ces programmes, en tenant compte à la fois des avantages et des risques de la mammographie (OMS, 2014[1]). Les pays de l’OCDE proposent généralement un dépistage tous les deux ans aux femmes âgées de 50 à‑69 ans.
Le Graphique 6.3 illustre la proportion de femmes âgées de 50‑69 ans ayant fait une mammographie au cours des deux années précédant 2011, 2019 et 2021. Le taux de dépistage varie considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autre ; ainsi, sur la période la plus récente, le taux le plus élevé est observé au Danemark (83 % de la population cible) et le taux le plus bas au Mexique et en Türkiye, où moins de 25 % des femmes de la tranche d’âge cible a fait une mammographie au cours des deux dernières années.
Alors que les taux de dépistage du cancer étaient généralement en hausse avant la pandémie de COVID‑19, ils ont chuté à son début. Les programmes de dépistage du cancer ont souvent été interrompus, l’objectif étant de couvrir en priorité les besoins médicaux urgents ; de nombreuses personnes ont également reporté leurs démarches médicales, y compris le dépistage du cancer, afin de réduire le risque de transmission du COVID‑19 (OCDE, 2021[2]). Dans la plupart des pays de l’OCDE, les taux de dépistage du cancer en 2021 restent inférieurs à ceux de 2019.
Ainsi, en ce qui concerne le dépistage du cancer du sein, le taux moyen de dépistage en 2021 est inférieur de 5 points à celui de 2019 (Graphique 6.3), même si cet écart masque des variations dans le temps des taux de dépistage d’un pays à l’autre. Alors que la plupart des pays de l’OCDE ont constaté une augmentation du recours au dépistage après la phase initiale de la pandémie, et que certains pays comme le Costa Rica, l’Estonie, la Finlande et la Slovénie ont enregistré des taux plus élevés en 2021 qu’en 2019, environ un tiers des pays de l’OCDE ont continué à observer une baisse des taux de dépistage en 2021.
Dans les pays de l’OCDE, le dépistage du cancer du col de l’utérus est souvent proposé tous les trois ans aux femmes âgées de 20 à 69 ans, bien que la population cible et la fréquence du dépistage puissent évoluer avec l’intégration des programmes de vaccination contre le papillomavirus (HPV) dans la plupart des pays. L’OMS recommande aux pays de s’efforcer d’atteindre un taux d’incidence inférieur à quatre nouveaux cas de cancer du col de l’utérus pour 100 000 femmes chaque année. Pour atteindre cet objectif, l’OMS recommande un taux de couverture vaccinale contre le HPV de 90 % chez les filles de moins de 15 ans, une couverture de 70 % du dépistage du cancer du col de l’utérus à 35 et 45 ans et une amélioration de la prise en charge (c’est-à-dire le traitement de 90 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses et de 90 % des femmes atteintes d’un cancer invasif) (OMS, 2022[3]).
Le Graphique 6.4 montre que la proportion de femmes âgées de 20 à 69 ans ayant fait l’objet d’un dépistage du cancer du col de l’utérus au cours des trois années précédentes varie considérablement d’un pays à l’autre. En 2021, le taux le plus élevé de dépistage du cancer du col de l’utérus était de 79 % en Suède, puis de 75 % en République tchèque, tandis que le taux le plus bas était de 3 % au Costa Rica.
Comparé aux cancers du sein et du col de l’utérus, les pays de l’OCDE sont moins nombreux à disposer de programmes nationaux de dépistage du cancer colorectal. Une recherche biennale de sang occulte dans les selles est généralement recommandée pour les personnes âgées de 50 à 60 ans, mais certains pays utilisent d’autres méthodes, notamment la coloscopie, ce qui engendre des différences en ce qui concerne les fréquences de dépistage recommandées et complique les comparaisons des taux de dépistage entre les pays.
Le Graphique 6.5 illustre les taux de couverture des programmes de dépistage du cancer colorectal établis à partir de protocoles des programmes nationaux de dépistage. La proportion est variable, le taux le plus élevé étant enregistré en Finlande (79 %), puis aux États-Unis (73 %) et aux Pays-Bas (71 %), et le taux le moins élevé (moins de 3 %) en Hongrie.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus et du cancer colorectal a également été affecté par la pandémie de COVID‑19, mais le report du dépistage, puis le diagnostic et le traitement tardifs, peuvent entraîner de moins bons résultats pour les patients. Pour en atténuer le plus possible les conséquences, de nombreux pays de l’OCDE se sont efforcés d’accroître le recours au dépistage et de réduire les retards de diagnostic du cancer. Les tendances en matière de recours au dépistage depuis la pandémie ne sont pas nécessairement cohérentes selon les différents types de dépistage du cancer au sein d’un même pays, ce qui tend à montrer la nécessité d’adopter des stratégies spécifiques pour l’amélioration de la couverture de chaque dépistage du cancer.