Le nombre de nouveaux diplômés en médecine est un indicateur important permettant d’évaluer le nombre de nouveaux entrants dans le métier qui pourront remplacer les médecins partant à la retraite et combler toute pénurie actuelle ou future. Le nombre de diplômés en médecine pour une année donnée est le résultat de décisions prises quelques années plus tôt concernant l’admission des étudiants, soit par le biais de politiques explicites de numerus clausus (fixation de quotas pour l’admission des étudiants), soit par d’autres processus décisionnels.
Dans les pays de l’OCDE, le nombre de médecins nouvellement diplômés est globalement passé de 93 000 en 2000 à 114 000 en 2010 et à 160 000 en 2021. En 2021, des pays comme Israël, le Japon et la Corée en comptaient environ 7 pour 100 000 habitants, contre plus de 20 pour 100 000 en Lettonie, en Irlande, au Danemark et en Lituanie (Graphique 8.20).
En Irlande, le nombre élevé de médecins nouvellement diplômés s’explique par la forte proportion d’étudiants étrangers qui, ces dernières années, représentaient environ la moitié des étudiants en médecine. Un bon nombre de ces étudiants étrangers sont originaires du Canada, des États-Unis et du Royaume‑Uni. Dans la plupart des cas, ces derniers quittent l’Irlande après avoir obtenu leur diplôme – soit parce qu’ils préfèrent terminer leurs études et faire leur stage dans leur pays d’origine, soit parce qu’ils ont du mal à trouver une place en internat en Irlande. D’où la nécessité, paradoxale, pour l’Irlande, de pallier la pénurie de médecins en faisant venir des praticiens formés à l’étranger (OCDE, 2019[1]).
Dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, cette internationalisation des études de médecine se traduit également par un nombre croissant d’étudiants et de diplômés étrangers. De nombreuses facultés de médecine en Roumanie, Bulgarie, République slovaque, République tchèque, Hongrie et Pologne accueillent un nombre croissant d’étudiants étrangers, souvent en proposant un enseignement en anglais. Dans la plupart des cas, ces étudiants étrangers ne restent pas dans le pays après l’obtention de leur diplôme (OCDE, 2019[1]).
En Israël, le faible effectif de nouveaux diplômés nationaux est compensé par le nombre élevé de médecins (60 % environ) formés à l’étranger. Une grande partie de ces médecins formés à l’étranger sont en fait nés en Israël et sont revenus exercer en Israël après des études à l’étranger en raison du faible nombre de places dans les écoles de médecine israéliennes (OCDE, 2023[2]).
Face à la crainte d’une pénurie actuelle ou future de médecins, le nombre de jeunes diplômés pour 100 000 habitants a progressé dans tous les pays de l’OCDE depuis 2000, mais à des rythmes différents. Abstraction faite de l’Irlande où une grande partie de la croissance était due aux inscriptions toujours plus nombreuses d’étudiants étrangers, le nombre de jeunes diplômés a presque doublé dans des pays comme l’Italie et le Canada, et la hausse a atteint plus de 50 % en Espagne, aux États-Unis, aux Pays-Bas et au Royaume‑Uni. L’évolution a été plus modeste au Japon, même si le nombre d’étudiants admis en faculté de médecine augmente depuis 2008, entraînant une hausse des diplômés depuis 2014 (Graphique 8.21).
Suite à la pandémie, la plupart des pays de l’OCDE qui ont répondu à un questionnaire adressé aux ministères de la Santé début 2022 ont déclaré qu’ils avaient récemment augmenté le nombre de places de formation en médecine en réponse aux préoccupations concernant les pénuries actuelles ou futures de médecins. La plupart des pays ont en outre déclaré qu’ils mettaient en place des mesures incitatives visant à encourager davantage d’étudiants à choisir la médecine générale pour leur internat afin de répondre plus particulièrement aux pénuries de médecins généralistes (OCDE, 2023[3]).