L’évolution de la mortalité toutes causes confondues indique dans quelle mesure le nombre total de décès toutes causes confondues est supérieur aux chiffres auxquels on pourrait normalement s’attendre pour une période donnée. Le nombre de décès enregistrés en 2022 est comparé à la moyenne des cinq années ayant précédé le début de la pandémie de COVID-19 (2015 à 2019). L’objectif est de créer un indicateur annuel permettant de comparer l’évolution de la mortalité toutes causes confondues par rapport à la situation antérieure à la pandémie de COVID-19 afin de dégager les éventuels effets directs ou indirects sur le taux de mortalité et de déterminer si d’autres facteurs maintiennent ce dernier à un niveau élevé dans les pays de l’OCDE. Si l’évolution de la mortalité toutes causes confondues et de la surmortalité s’est révélée particulièrement utile pour mieux comprendre l’impact du COVID-19 dans les différents pays (Morgan et al., 2020[1]), elle demeure aussi un indicateur judicieux pour mesurer l’évolution globale de la mortalité après la crise du COVID‑19.
Entre 2020 et 2022, les pays de l’OCDE ont enregistré 6 millions de décès supplémentaires par rapport aux années antérieures à la pandémie et, dans tous les pays de l’OCDE sauf neuf, davantage de personnes sont mortes en 2022 par comparaison à la moyenne des cinq années précédentes.
L’utilisation de chiffres portant sur la mortalité toutes causes confondues ajustés en fonction de la croissance démographique nationale tient compte du fait que de nombreux pays, du fait du vieillissement de la population et des migrations, ont connu, en ce qui concerne la taille et la structure de leur population, des changements majeurs susceptibles d’avoir une incidence significative sur la mortalité globale. Presque tous les pays de l’OCDE sont concernés par ces évolutions rapides : en moyenne, la population âgée de 65 ans et plus a augmenté de 19 % entre 2015 et 2022 (Morgan, à paraître[2]). Par conséquent, lorsque l’on se fonde sur des taux de mortalité non ajustés, il en résulte une nette surestimation des taux pour tous les pays pour lesquels on dispose de données comparables sur la mortalité toutes causes confondues. Ainsi, la variation moyenne du nombre total de décès dans la zone OCDE en 2022 par rapport à 2015-19 était une augmentation de 2.9 % si l’on tient compte du nombre de décès ajustés en fonction de la croissance démographique, et une augmentation de 13.2 % si l’on se fonde sur les taux de mortalité non corrigés (Graphique 3.3).
C’est en Grèce que la variation du nombre total de décès ajusté pour tenir compte de la croissance démographique a été la plus forte en 2022, avec une hausse de plus de 12.2 % de la mortalité globale par rapport à la moyenne de la période 2015-19. Cette évolution s’explique par le nombre élevé de décès dus au COVID-19 enregistrés au cours de la première partie de l’année, mais aussi par un pic observé pendant l’été, peut-être en raison de la canicule estivale. À l’inverse, le taux de mortalité ajusté pour tenir compte de la croissance de la population nationale a été inférieur à la moyenne des cinq années au Luxembourg, en Suède, en Hongrie, en Irlande, en République slovaque, en Belgique, en Roumanie, en Israël, en Slovénie et en République tchèque.
Le fait de ventiler le nombre total de décès selon l’âge permet de déterminer dans quelle mesure le nombre de décès survenus parmi différents groupes d’âge était plus élevé que les années précédentes. Étant donné que la plupart des décès surviennent naturellement dans les tranches d’âge plus élevées, ce sont des pays comme la Grèce et l’Allemagne, où la mortalité a augmenté dans le groupe d’âge des 65 ans et plus et où une proportion importante de la population a plus de 65 ans, qui ont enregistré la plus forte évolution globale de la mortalité toutes causes confondues. Dans les pays de l’OCDE en 2022, le groupe d’âge des 65 ans et plus a enregistré la plus forte hausse du taux de mortalité moyen ajusté pour tenir compte de la croissance de la population nationale (+ 3.4 % par rapport à 2015-19). Le taux de mortalité du groupe des 0‑44 ans a augmenté de 1 %, mais il a connu une hausse de 20 % ou plus dans des pays comme les États-Unis et le Canada, peut-être en raison de la conjonction du COVID-19 et des décès dus à la toxicomanie. Cette situation contraste avec la diminution de près de 20 % observée en Lituanie, où s’est poursuivie, en ce qui concerne ce groupe d’âge, une forte tendance à la baisse amorcée avant la pandémie. En revanche, le groupe des 45-64 ans a enregistré un recul de 0.6 % en 2022, à rebours de la tendance à la hausse observée au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19. Cette diminution peut être attribuée à une réduction du taux de mortalité de 10 % ou plus, après ajustement pour tenir compte de l’évolution démographique de ce groupe d’âge dans des pays comme la Hongrie et le Danemark (Graphique 3.4).