Lorsque les patients atteints de maladie chronique doivent être soignés par plusieurs prestataires dans différents établissements médicaux, le morcèlement des soins peut produire des résultats médiocres sur le plan de la santé, des besoins non satisfaits ainsi qu’une utilisation et un coût excessifs des services. Les pays, conscients de la nécessité d’intégrer les services, élaborent de nouveaux modèles de soins visant à améliorer la santé de la population et le vécu des patients, à réduire les coûts des services de santé, à favoriser le bien-être des professionnels de santé et à promouvoir l’équité en matière de santé (OCDE, 2023[1]).
L’intégration optimale des différents niveaux de soins en ce qui concerne les patients atteints d’AVC et d’insuffisance cardiaque congestive (ICC) limite les réadmissions inutiles à l’hôpital et réduit la mortalité tout en optimisant les prescriptions médicales adaptées (Barrenho et al., 2022[2]). S’agissant des patients victimes d’AVC ou d’ICC qui sortent de l’hôpital, des résultats tels que les réadmissions, la mortalité et le respect des directives en matière de prescription permettent de déterminer dans quelle mesure les systèmes de santé parviennent à proposer des soins intégrés.
Le Graphique 6.33 illustre la proportion de patients ayant présenté des résultats médiocres dans l’année ayant suivi leur sortie de l’hôpital pour AVC ischémique ou ICC en 2021. En moyenne, 16 % des patients sortis de l’hôpital après un AVC sont décédés, tandis que 22 % ont été réadmis. L’Islande (30 %) et les Pays-Bas (32 %) enregistrent le moins de résultats médiocres – à la fois la mortalité et les réadmissions – ainsi que le nombre le plus bas pour chaque résultat médiocre. La République tchèque enregistre le plus grand nombre de résultats médiocres (53 %). En ce qui concerne l’ICC, la Lituanie affiche le taux le plus bas de résultats médiocres globaux (46 %), ce qui peut s’expliquer par l’accent mis récemment par les pouvoirs publics sur la santé numérique, qui facilite les échanges de dossiers médicaux et la coordination des soins et la prévention au stade des soins primaires (OCDE, 2018[3]) bien que l’intégration des soins reste perfectible. Dans le même temps, en Israël, 70 % des patients atteints d’ICC ont été victimes d’un événement indésirable, avec des taux également supérieurs à la moyenne de l’OCDE concernant la mortalité comme les réadmissions.
Le Graphique 6.34 montre que dans tous les pays disposant de données, la proportion de patients victimes d’un AVC ou d’une ICC décédés ou réadmis dans l’année ayant suivi leur sortie a diminué ces dernières années. Entre 2013 et 2021, le taux moyen a baissé de 7 % pour l’AVC et de 4 % environ pour l’ICC dans les pays de l’OCDE. Les baisses les plus importantes au cours de cette période ont été observées en Lituanie (18 %) pour l’AVC et au Japon (20 %) pour l’ICC. Dans la plupart des pays, la proportion de patients présentant des résultats médiocres est restée stable pendant la pandémie.
Les patients ayant été victimes d’un AVC ischémique devraient se voir prescrire des antihypertenseurs et des antithrombotiques pour la prévention secondaire après leur sortie d’hôpital. La prescription d’au moins un de ces médicaments dans les 18 mois qui suivent la sortie d’hôpital donne un aperçu de la qualité de l’intégration entre les soins hospitaliers et les soins extrahospitaliers (Barrenho et al., 2022[2]). Le Graphique 6.35 montre que le taux de prescription d’antihypertenseurs varie de 63 % en Autriche à 82 % en Suède, tandis que le taux de prescription d’antithrombotiques varie de 33 % en Lettonie à 94 % en Suède. Les excellentes performances de la Suède peuvent s’expliquer par des transferts d’informations adéquats entre les niveaux de soins et l’enregistrement des diagnostics (Dahlgren et al., 2017[4]).