Le nombre de nouveaux diplômés en soins infirmiers est un indicateur clé permettant d’évaluer le nombre de nouveaux entrants dans la profession susceptibles de remplacer les infirmiers qui prendront leur retraite et de combler toute pénurie actuelle ou future. Le nombre de diplômés en soins infirmiers pour une année donnée est le résultat de décisions prises quelques années plus tôt (environ trois ans) concernant l’admission des étudiants, même si le taux de diplômés dépend également du taux d’abandon des étudiants.
Globalement, le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés dans les pays de l’OCDE est passé d’environ 350 000 en 2000 à 520 000 en 2010 et à 640 000 en 2021. En 2021, on comptait moins de 20 infirmiers nouvellement diplômés pour 100 000 habitants en Colombie, au Luxembourg, au Mexique, en Italie et en Türkiye, contre plus de 100 pour 100 000 en Australie, en Suisse et en Corée (Graphique 8.22). En Colombie, au Mexique et en Türkiye, ce chiffre tient au faible nombre d’infirmiers travaillant dans le système de santé (voir la section « Infirmiers »). Au Luxembourg, le faible nombre d’infirmiers nouvellement diplômés est compensé par le nombre élevé d’étudiants luxembourgeois qui obtiennent leur diplôme d’infirmier dans un pays voisin, ainsi que par la capacité de ce pays à attirer des infirmiers étrangers grâce à de meilleures conditions de rémunération et de travail (voir la section « Rémunération du personnel infirmier »).
Le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés pour 100 000 habitants a progressé dans tous les pays de l’OCDE depuis 2000, mais à des rythmes différents. En Italie, le nombre de jeunes diplômés a augmenté assez rapidement dans les années 2000, mais il recule depuis 2013 (Graphique 8.23). Toutefois, suite à la pandémie, le nombre de candidats a augmenté parallèlement au nombre d’étudiants admis, ce qui devrait conduire à une hausse des diplômés si ces étudiants terminent leurs études (OCDE, 2023[1]). En Espagne, le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés a également chuté dans les années précédant la pandémie, mais il a commencé à remonter au moins légèrement en 2020 et 2021. Au lendemain de la pandémie, le nombre de candidatures aux formations d’infirmiers a fortement augmenté en Espagne (de plus de 50 % entre 2019 et 2021), mais le nombre de candidats admis dans ces formations n’a progressé que faiblement (de 6 %) en raison de contraintes de capacité persistantes (OCDE, 2023[1]).
Aux États-Unis, le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés a doublé entre 2000 et 2010, passant d’environ 100 000 à 200 000. S’en est suivie une période de stabilité, mais leur nombre est reparti à la hausse ces dernières années. En Suisse, le nombre de jeunes diplômés a progressé fortement au cours des 15 dernières années, dans une large mesure en raison d’une hausse du nombre d’« infirmiers de niveau intermédiaire » diplômés. En Norvège, le nombre d’étudiants admis dans des programmes de formation en soins infirmiers et diplômés a également progressé au cours de la dernière décennie, mais à un rythme plus modéré qu’en Suisse. Un problème persistant en Norvège comme dans d’autres pays de l’OCDE est de retenir les nouveaux diplômés dans la profession. En Israël, les effectifs d’infirmiers nouvellement diplômés ont triplé entre 2011 et 2021, mais ils restent inférieurs à la moyenne de l’OCDE au regard de la population du pays.
Tous les pays de l’OCDE sont confrontés au défi d’attirer davantage d’étudiants de sexe masculin vers la profession d’infirmier. L’idée persiste que les soins infirmiers sont un « travail de femme », et que le métier offre un faible statut professionnel, peu d’autonomie et peu de perspectives de carrière (Mann and Denis, 2020[2]). Dans la plupart des pays, au moins 80 % des candidats admis dans les filières de formation sont toujours des femmes, ce qui reflète la composition par genre traditionnelle du personnel infirmier.