Tous les pays de l’OCDE proposent un certain niveau de soins de longue durée formels pour accompagner les personnes ayant besoin d’aide dans leurs activités du quotidien. Les soins sont dispensés par les travailleurs du secteur des soins de longue durée qui sont définis comme le personnel rémunéré, généralement infirmiers et auxiliaires de vie, qui dispense des soins et/ou une aide aux personnes qui sont limitées dans leurs activités quotidiennes, à domicile ou dans des établissements (non hospitaliers).
En 2021, on comptait en moyenne 5.7 travailleurs du secteur des soins de longue durée pour 100 personnes âgées de 65 ans et plus dans les 23 pays de l’OCDE pour lesquels les données étaient disponibles (de 12 en Norvège à 0.8 au Portugal) Graphique 10.18(). La plupart des pays ont enregistré une hausse des effectifs, pourtant le nombre de travailleurs pour 100 personnes âgées de 65 ans et plus a en moyenne légèrement baissé au fil du temps, passant de 5.9 pour 100 en 2011 à 5.7 pour 100 en 2021. Cette tendance a été observée dans un peu moins de la moitié des pays disposant de données tendancielles, avec une chute de plus de 20 % aux Pays-Bas, en Estonie, aux États-Unis, en Hongrie et en Irlande. Cet état de fait indique que l’augmentation du nombre de personnel ne suit pas le rythme de la demande engendrée par le vieillissement rapide de la population. En revanche, 13 des pays de l’OCDE disposant de données ont enregistré une hausse du nombre de travailleurs pour 100 personnes de plus de 65 ans, notamment le Portugal et la Corée.
La demande de travailleurs dans le secteur des soins de longue durée augmentera dans les années à venir, du fait du vieillissement de la population et de l’évolution de la structure des soins informels. Dans le même temps, ce secteur peine depuis longtemps à recruter, et la pandémie de COVID‑19 a même renforcé les pénuries . Le secteur des soins de longue durée se caractérise par de mauvaises conditions de travail : les salaires sont bas, les risques pour la santé physique et mentale sont élevés, les formes d’emploi atypiques et la reconnaissance est faible (OCDE, 2023[1]).
Les femmes constituent 80 % ou plus de la main-d’œuvre du secteur, et gagnent en moyenne 20 % de moins que le salaire moyen de l’ensemble des travailleurs (OCDE, 2023[1]). Les formes atypiques d’emploi sont courantes dans ce secteur. Dans 31 pays de l’OCDE qui ont fourni des données, la part des travailleurs du secteur en temps partiel s’élevait à 37 % en moyenne, mais ils étaient 66 % en Corée, en Islande, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Australie. En outre, un travailleur sur huit dans ces 31 pays disposait d’un contrat à durée déterminée (Graphique 10.19). Cette situation est particulièrement fréquente en Australie, en Espagne et en Suède, où plus d’un quart des travailleurs du secteur des soins de longue durée travaillent dans le cadre de contrats à durée déterminée.
Les faibles salaires proposés dans le secteur constituent depuis longtemps un problème majeur pour ce qui est du recrutement et de la fidélisation du personnel. Dans 28 pays de l’OCDE en 2018, les travailleurs du secteur étaient nettement en dessous du salaire moyen – ceux en établissement gagnaient juste 71 % du salaire horaire brut moyen, et ceux travaillant à domicile seulement 67 % (Graphique 10.20). Les salaires étaient les plus élevés aux Pays-Bas, où ils atteignaient plus de 90 % du salaire horaire brut moyen, quel que soit le lieu de travail, et les plus bas aux États-Unis, où ils dépassaient à peine la moitié (51 %) du salaire horaire brut moyen du pays.
Les exigences en matière d’études et de formation sont particulièrement basses pour les auxiliaires de vie, alors qu’une inadéquation entre la qualification et les compétences nécessaires (comme une formation en gériatrie, la capacité d’effectuer le suivi médical et la coordination des soins) peut nuire à la qualité des soins dispensés. Au-delà des bas salaires et de l’instabilité de l’emploi, l’accès limité à la formation et les faibles perspectives de carrière contribuent surement à réduire l’attractivité de la profession. Pour remédier à cela, plusieurs pays ont mis en place des politiques visant à améliorer l’adéquation des compétences entre les travailleurs du secteur des soins de longue durée et les tâches qu’ils effectuent (OCDE, 2020[2]).