La mondialisation, les progrès technologiques et l’évolution démographique ont des conséquences profondes sur le monde du travail. Ces mégatendances influent sur le nombre et la qualité des emplois disponibles, ainsi que sur la manière dont ils sont exercés et sur les compétences dont les travailleurs auront besoin à l’avenir pour tirer leur épingle du jeu face à une concurrence de plus en plus vive.
En moyenne dans les pays de l’OCDE figurant dans la base de données sur les compétences pour l’emploi, plus de cinq emplois en tension (c’est-à-dire en pénurie de main-d’œuvre) sur dix concernent des professions hautement qualifiées ( 5.7). Il s’agit par exemple de postes de direction ou de professions hautement qualifiées dans les secteurs de la santé, de l’enseignement ou des TIC. Une proportion relativement importante des pénuries de main-d’œuvre (39 % du total des emplois en tension dans la zone OCDE) concerne aussi les professions moyennement qualifiées, notamment dans les secteurs des services à la personne, de l’électricité ou de l’électronique. En revanche, dans les pays de l’OCDE, moins d’un emploi en tension sur dix concerne des professions peu qualifiées. Pour autant, la gravité des pénuries de main-d’œuvre varie sensiblement d’un pays à l’autre dans la zone OCDE et dans les pays en développement. En Finlande, plus de neuf emplois en tension sur dix correspondent à des professions hautement qualifiées. Au Mexique et au Chili, la demande de professionnels hautement qualifiés est largement inférieure : moins de deux emplois en tension sur dix correspondent à des professions hautement qualifiées et la majorité des métiers en tension sont plutôt des métiers peu à moyennement qualifiés.
Les mégatendances qui se font jour influent de plus en plus sur la demande de certains types de compétences. En moyenne dans les pays de l’OCDE entre 2004 et 2014, la pénurie de compétences cognitives de haut niveau s’est accentuée, tandis que la demande d’aptitudes physiques et de compétences nécessaires à la réalisation de tâches répétitives a diminué par rapport à l’offre ( 5.8). Ainsi, les aptitudes cognitives liées à la lecture, à la compréhension et au traitement d’informations et de concepts (compréhension ou expression écrites par exemple) ou d’autres liées à la capacité d’appliquer des règles générales à des problèmes spécifiques (raisonnement déductif) figurent parmi les dimensions cognitives pour lesquelles les pénuries se sont accrues entre 2004 et 2014. Au cours des dix dernières années, c’est la demande de capacités physiques comme la force du tronc, l’énergie ou la coordination bras-main (utilisées généralement dans de nombreux métiers aujourd’hui exposés au risque d’automatisation au moyen de machines plus précises) qui a accusé le plus fort repli.
La mauvaise affectation des compétences sur le marché du travail débouche sur l’inadéquation des qualifications, c’est-à-dire sur des travailleurs trop ou pas assez qualifiés par rapport à l’emploi qu’ils occupent. En moyenne dans la zone OCDE, 36 % environ des travailleurs sont concernés par ce décalage entre leurs compétences et leur emploi, avec des proportions relativement équivalentes de travailleurs pas assez qualifiés et trop qualifiés (19 % et 17 % respectivement) ( 5.9). L’incidence de ces deux types de décalage traduit à la fois une offre de compétences insuffisante (qui conduit à une pénurie de compétences sur certains segments du marché du travail) et une faible demande de compétences (avec à la clé l’apparition d’un phénomène de surqualification). Tous les pays ne sont pas touchés de la même manière par ce problème. Ainsi, un travailleur sur deux environ au Mexique et au Chili a un niveau de compétence qui ne correspond pas à l’emploi qu’il occupe, avec une forte proportion de travailleurs trop qualifiés par rapport à leur emploi. À l’inverse, en République tchèque, moins de deux travailleurs sur dix sont concernés par ce décalage entre compétences et emploi, et 8 % seulement d’entre eux sont trop qualifiés par rapport à leur emploi.