Les transferts monétaires aux personnes d’âge actif forment une garantie de ressources de première importance en période de chômage. La plupart des pays offrent deux niveaux de prestation distincts : une prestation principale destinée aux personnes sans emploi et une prestation annexe (assistance-chômage ou revenu minimum garanti) destinée aux personnes n’ayant pas, ou plus, droit aux prestations d’assurance. Le revenu minimum garanti (RMG) assure aux familles modestes le soutien financier nécessaire pour mener une vie décente et constitue un ultime filet de protection sociale pour les chômeurs de longue durée.
En 2016, c’est aux États-Unis, en France, en Finlande et en Irlande que la proportion d’individus bénéficiant de prestations hors emploi parmi la population d’âge actif était la plus élevée, avec plus de 10 % de l’ensemble ( 6.7). À l’autre extrémité du spectre, au Chili, en Corée, en Israël, au Japon et en Turquie, ils étaient moins de 4 % à percevoir l’une au moins de ces prestations. Ces disparités dans la proportion de bénéficiaires sont la résultante d’autres disparités encore qui ont à voir non seulement avec le taux d’emploi mais aussi avec les conditions d’octroi des prestations. Les pays où le pourcentage de bénéficiaires est le plus élevé sont ceux où le RMG peut aussi être accordé aux familles d’actifs modestes. Quelques-uns (notamment la France et l’Irlande) autorisent, sous certaines conditions, à cumuler revenu d’activité et prestations d’assurance-chômage.
En moyenne, 5.8 % de la population d’âge actif percevait des prestations hors emploi dans la zone OCDE en 2016. Ce pourcentage demeurait supérieur à son niveau d’avant la crise dans bien des pays, à commencer par ceux où le chômage lui aussi restait élevé (comme l’Espagne, l’Irlande et la Lituanie) et ceux dont une partie importante de la population recevait des prestations octroyées sur critère de ressources (États-Unis, Finlande, France et Pays-Bas). Ailleurs (en Hongrie, en Nouvelle-Zélande, en République slovaque et en République tchèque), le nombre de bénéficiaires était en baisse. Cette baisse s’explique en partie par une moindre couverture des prestations parmi les chômeurs : soit que des réformes aient durci les critères d’admissibilité, soit que la composition du groupe ait changé, ils sont moins nombreux qu’avant à satisfaire aux conditions requises (OCDE, 2018).
Dans la plupart des pays de l’OCDE, le montant de la prestation principale servie au titre de l’assurance-chômage excède en règle générale très sensiblement celui du revenu minimum garanti ( 6.8). En moyenne, à l’échelle de la zone OCDE, une personne sans enfant rémunérée au salaire moyen percevra, à son entrée au chômage, 58 % de son revenu net d’activité antérieur, puis 31 % une fois qu’elle fera partie de la catégorie des chômeurs de longue durée.
Le montant du RMG se situe parfois bien en-deçà des seuils de pauvreté les plus courants ( 6.9). Dans quelques pays, du reste, un célibataire sans enfant en fin de droits à l’assurance-chômage ne recevra même plus aucune aide en espèces : la Turquie ne propose pas de RMG tandis qu’aux États-Unis ce sont les « coupons d’alimentation » du Supplementary Nutrition Assistance Programme qui prendront le relais. Les allocations logement apportent parfois aux locataires une aide au revenu substantielle dans la mesure où elles permettent d’avoir un niveau de ressources global proche du seuil de pauvreté, voire légèrement supérieur (c’est le cas au Danemark, en Finlande, en Irlande, en Islande, au Japon, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni). Dans aucun pays cependant le RMG peut à lui seul mettre à l’abri de la pauvreté. Le revenu des ménages concernés est en grande partie fonction du type de logement et de la situation familiale.