En 2018, les dépenses sociales publiques représentaient un peu plus de 20 % du PIB, en moyenne, dans les 36 pays de l’OCDE (graphique 6.10). C’est en France que le rapport était le plus élevé, légèrement supérieur à 30 %, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, l’Italie et la Suède consacrant de leur côté plus du quart de leur PIB à ces dépenses. On trouve à l’opposé des pays pour la plupart non européens, comme le Chili, la Corée, le Mexique et la Turquie, qui employaient moins de 13 % de leur richesse nationale au même effet. Au début des années 2010, les dépenses sociales des pays émergents étaient inférieures à la moyenne de l’OCDE, se situant dans une fourchette comprise entre 3 % du PIB environ en Inde et 17 % au Brésil.
Battant leur plein lors de la Grande Récession, les dépenses sociales publiques s’élevaient à 22 % du PIB en moyenne dans la zone OCDE, avant d’amorcer un lent recul à partir de 2009. Le graphique 6.10 donne à penser qu’il faut un certain temps à un système de protection sociale pour se muer en un État-providence au sens le plus complet du terme. Quoiqu’il demeure faible en comparaison d’autres pays, le rapport des dépenses sociales publiques sur le PIB a plus que triplé, depuis 1990, en Corée et en Turquie. Dans quelques pays de l’OCDE (Canada, Israël, Nouvelle-Zélande, République slovaque, Slovénie et Suède) ce même rapport est aujourd’hui identique à ce qu’il était en 1990, sinon moindre. C’est aux Pays-Bas qu’un tel fléchissement est le plus sensible : une réforme du système de santé, en 2006, s’y est traduite par un désengagement financier de l’État avec la privatisation de l’assurance-maladie de base obligatoire.
En moyenne dans la zone OCDE, les retraites et les services de santé représentent deux tiers des dépenses totales. Dans la majorité de ces pays, les pensions de retraite constituent le principal poste de dépenses (graphique 6.11). Dans les pays anglophones et la plupart des pays non européens, c’est la santé qui s’inscrit au premier rang des dépenses sociales publiques. Dans quelques pays comme le Danemark et l’Irlande, la plus grosse part est consacrée à l’aide au revenu ciblée sur la population d’âge actif.
Lorsque l’on prend en compte l’impôt et les prestations sociales privées, on observe une convergence du rapport des dépenses au PIB entre les différents pays (graphique 6.11). Dans près de la moitié des pays, le total net des dépenses sociales représente de 20 % à 27 % du PIB. Il est encore plus élevé aux États-Unis (30 % du PIB), où le montant des dépenses sociales privées et des incitations fiscales est nettement plus important que dans d’autres pays. La première place reste à la France, avec 32 % du PIB.
Les prestations sociales en espèces ne sont pas toujours exclusivement destinées aux plus pauvres. En 2016, seuls 23 % en moyenne des transferts publics en espèces au bénéfice des personnes d’âge actif sont allés aux ménages appartenant aux deux déciles inférieurs de la distribution des revenus contre 19 % à ceux des deux déciles supérieurs (graphique 6.12). Les proportions varient selon les pays. C’est ainsi que plus de 40 % des transferts en espèces vont aux 20 % de ménages les plus modestes en Australie, en Finlande et en Nouvelle-Zélande, où il existe différentes prestations soumises à conditions de ressources. À l’inverse, moins de 15 % de ces transferts bénéficient à ces mêmes ménages en Europe méridionale (Grèce, Espagne, Italie et Portugal) ainsi qu’au Luxembourg, où les assurances sociales jouent un rôle important et où la plupart des prestations sont fonction des revenus d’activité antérieurs.