Le financement de la R‑D (recherche‑développement) pharmaceutique est le fruit d’une combinaison de sources publiques et privées. Les pouvoirs publics financent généralement la recherche fondamentale et les travaux de recherche préliminaires par l’intermédiaire de dotations budgétaires, de subventions de recherche et par le financement d’établissements de recherche et d’établissements d’enseignement supérieur. L’industrie pharmaceutique finance toutes les phases de R‑D et la plupart des essais cliniques préalables à l’enregistrement, mais c’est avant tout elle qui exploite et applique le savoir acquis pour développer des produits, ce pour quoi elle reçoit une aide sous forme de subventions à la R‑D ou de crédits d’impôt. En 2021, les gouvernements de 35 pays de l’OCDE pour lesquels il existe des données ont alloué ensemble environ 69 milliards USD à la R‑D dans le domaine de la santé. Ce montant ne concerne pas uniquement les produits pharmaceutiques, et reste une sous-estimation du soutien total des pouvoirs publics, car il exclut la plupart des incitations fiscales et des fonds alloués à l’enseignement supérieur et aux entreprises publiques. Les deux tiers environ de cette somme (soit 45 milliards USD) ont été dépensés aux États-Unis, pays qui dépense aussi le plus en pourcentage du PIB (Graphique 9.9). Depuis 2010, les fonds publics consacrés à la R‑D en santé ont augmenté de 45 %.
L’industrie pharmaceutique a dépensé 129 milliards USD pour la R‑D en 2021, aux États-Unis pour la majeure partie. Les dépenses intérieures de R‑D pharmaceutique des entreprises (DIRDE) ont augmenté de 39 %, en termes réels, depuis 2010. Cette croissance est portée principalement par les pays de l’OCDE, et en particulier par les États-Unis (69 % du total OCDE). Néanmoins, la part des pays hors OCDE augmente. Les dépenses de R‑D de la Chine, notamment, sont passées de 4.9 milliards USD (à prix constant de 2015 à PPA) à 14.2 milliards en 2019 (+189 %) – ce qui représente un taux de croissance supérieur à celui de n’importe quel pays de l’OCDE (OCDE, 2021[1]).
L’intensité de R‑D est plus élevée dans l’industrie pharmaceutique que dans d’autres secteurs comparables. Dans les pays de l’OCDE, le secteur consacre plus de 30 % de sa valeur ajoutée brute à la R‑D – davantage que le secteur des produits électroniques et optiques (23.5 %), l’industrie aéronautique et spatiale (14.7 %) et le secteur manufacturier dans son ensemble (8.4 %) (Graphique 9.10). La progression est notable par rapport à 2018, où son intensité de R‑D n’atteignait que 13.3 %, soit moins que le secteur des produits électroniques et optiques (16 %) et sensiblement autant que l’industrie aéronautique et spatiale (13.1 %).
L’activité effective de R‑D peut s’observer à travers le nombre de produits ou de médicaments en phase de développement pour chaque classe et indication thérapeutiques. Entre 2011 et 2020, le nombre total de couples produit/indication thérapeutique en phase de développement actif à l’échelle mondiale a pratiquement doublé, pour atteindre 28 643 (Graphique 9.11), quoique cette augmentation soit due en partie au développement de produits ayant plusieurs indications. Quelle que soit l’année, la majorité des projets en phase de développement actif sont des projets antérieurs qui se poursuivent. Néanmoins, le nombre de nouveaux projets entrant en phase préclinique ou clinique a lui aussi augmenté, puisqu’il est passé de 2 077, en 2012, à 8 227, en 2020. En ce qui concerne les maladies visées, les priorités n’ont guère évolué depuis 2011. Ainsi, le cancer représente chaque année le plus grand nombre de couples produit/indication en phase de développement et sa part dans le total suit une progression soutenue qui l’a fait passer de 27 %, en 2011, à 38 %, en 2020.