En 2017, l’Espagne a accueilli 324 000 nouveaux immigrés pour un séjour de longue durée ou à titre permanent (y compris dans le cadre d’un changement de statut et de la libre circulation), soit 8.3 % de plus qu’en 2016. Ce chiffre comprend 43.8 % d’immigrés admis au titre de la libre circulation, 9.4 % de travailleurs immigrés, 36 % de membres de la famille (y compris les accompagnants) et 1.3 % de migrants humanitaires.
Environ 38 000 permis ont été délivrés à des étudiants en mobilité internationale inscrits dans l’enseignement supérieur et 11 000 à des travailleurs immigrés temporaires ou saisonniers (à l’exclusion des migrations intra-UE). En outre, 60 000 détachements intra-UE ont été enregistrés en 2017, soit une augmentation de 16% par rapport à 2016. Ces travailleurs détachés étaient généralement titulaires de contrats de courte durée.
Le Maroc, la Colombie et le Venezuela comptaient parmi les trois premières nationalités des nouveaux arrivants en 2017. Parmi les 15 premiers pays d’origine, le Venezuela a enregistré la plus forte hausse (13 000) des flux d’entrées en Espagne par rapport à l’année précédente.
En 2018, le nombre de personnes ayant déposé une demande d’asile initiale a augmenté de 73.2 %, pour s’établir à 53 000 environ. La majorité des demandeurs viennent du Venezuela (19 000), de la Colombie (8 500) et de la Syrie (2 700). La plus forte hausse depuis 2017 concerne les ressortissants du Venezuela (8 700) et le recul le plus marqué les ressortissants de la Syrie (‑1 400). Sur les 12 000 décisions prises en 2018, 24.3 % étaient positives.
L’émigration des ressortissants espagnols vers les pays de l’OCDE a diminué de 3% pour s’établir à 85 000 personnes. Environ 22.1 % d’entre elles ont émigré en Allemagne, 21.5 % au Royaume-Uni et 12.9 % en France.
Le nouveau gouvernement qui a été constitué en juin 2018 a créé un secrétariat d’État pour l’immigration, qui comprend deux divisions administratives, l’une chargée de l’immigration, l’autre, de l’intégration et de l’aide humanitaire. Un organe interministériel regroupe par ailleurs les ministères traitant des questions de l’immigration, permettant de coordonner leur action et disposer d’une vue d’ensemble sur le phénomène migratoire.
Le développement d’une immigration organisée, légale et sûre grâce à la mise en place de voies d’entrée légales constitue l’un des piliers de la nouvelle politique d’immigration de l’Espagne. De nouveaux programmes sont actuellement élaborés, pour élargir par exemple la possibilité d’embaucher des travailleurs immigrés à d’autres secteurs que l’agriculture ou accorder des visas de recherche d’emploi à des descendants étrangers (enfants ou petits-enfants) d’Espagnols. Un programme pilote de ce type est testé en Argentine.
Les réglementations encadrant l’entrée et le séjour en Espagne des étudiants et chercheurs en mobilité internationale ont été modifiées en 2018 lors de la transposition de la directive européenne relative aux étudiants et aux chercheurs. Celle-ci a amélioré et simplifié les procédures administratives et renforcé les droits, dans l’optique de davantage attirer et retenir les talents immigrés. Il a par exemple été créé un nouveau permis de résidence d’une durée maximale de 12 mois pour les jeunes diplômés universitaires, pour leur permettre de chercher un emploi ou de créer une entreprise. Ils doivent trouver un emploi répondant à leurs qualifications s’ils veulent pouvoir obtenir un permis de travail classique après leur permis de recherche d’emploi. Les chercheurs peuvent aussi prolonger leur séjour en Espagne de la même façon une fois leurs recherches terminées.
L’intégration est un autre pilier de la politique migratoire. Le nouveau gouvernement a annoncé le lancement d’un plan stratégique pour la citoyenneté et l’intégration reposant sur les principes d’égalité, de citoyenneté, d’interculturalité et d’inclusion. Il s’appuie sur l’expérience dégagée des plans précédents en l’adaptant aux nouveaux défis et à la nouvelle réalité migratoire du pays, qui se caractérise par une plus grande hétérogénéité des migrants et une augmentation du nombre de demandeurs d’asile et de réfugiés.
Le système d’accueil des demandeurs et des bénéficiaires de la protection internationale est en cours de restructuration afin de l’adapter à l’évolution des besoins. À l’été 2018, un plan d’urgence a été adopté pour renforcer les programmes de soin et d’accueil des personnes arrivant en situation de vulnérabilité sur les côtes espagnoles et dans les villes de Ceuta et Melilla. Il a permis d’accroître la capacité d’accueil des centres de soin, passée de 2 800 places à environ 5 000.
La lutte contre l’immigration clandestine demeure l’une des priorités de la politique migratoire du pays. Elle se traduit par la mise en œuvre en parallèle d’actions de surveillance et de contrôle aux frontières, et d’une coopération avec les pays tiers.
Enfin, un plan de retour en Espagne a été lancé pour les émigrés. Il implique plusieurs départements ministériels, des communautés autonomes, des universités, des acteurs sociaux et les émigrés eux-mêmes. Le secteur des entreprises y participe également pour définir ses besoins de main-d’œuvre. Le plan s’attache essentiellement à analyser la situation, les besoins et les attentes des Espagnols à l’étranger afin de bâtir les conditions de leur retour éventuel.
Pour de plus amples informations :
extranjeros.mitramiss.gob.es
http://www.mitramiss.gob.es/es/sec_emi/
www.ine.es