Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2022 Numéro 1

Costa Rica

Le PIB augmentera de 3.2 % en 2022 et de 2.6 % en 2023. La demande intérieure se raffermira modérément en 2022 et les exportations profiteront du redémarrage du secteur du tourisme au dernier trimestre de 2022 et en 2023. Les tensions géopolitiques se traduiront au Costa Rica par une baisse de la demande extérieure et un accroissement des tensions inflationnistes liées à la hausse des prix des matières premières (denrées alimentaires, énergie et transports). L’inflation atteindra 5.7 % en 2022 et 5.6 % en 2023 sous l’effet de la persistance des tensions inflationnistes extérieures et de la baisse des capacités inutilisées intérieures.

L’approbation, en mars, du projet de loi sur l’emploi public ainsi que les résultats budgétaires meilleurs que prévu en 2021 ont amélioré les perspectives budgétaires du Costa Rica. L’orientation de la politique budgétaire restera restrictive au cours de la période considérée, la règle budgétaire ayant pour effet de contenir les dépenses publiques. Le processus de normalisation de la politique monétaire se poursuivra alors que les tensions inflationnistes persisteront et que l’amélioration de l’activité économique réduira l’écart de production. Un renforcement du réseau de services de garde d’enfants soutiendrait le taux d’activité des femmes et diminuerait les inégalités en matière d’éducation. Un transfert d’une partie de la charge fiscale des cotisations de sécurité sociale vers la fiscalité générale, et notamment la fiscalité du patrimoine, conjuguée à une réduction des coûts de la création d’entreprise stimulerait la création d’emplois dans le secteur formel.

Costa Rica : Indicateurs sur le marché du travail et sur l’inflation

1. La ligne horizontale noire en pointillés indique l’objectif d’inflation de la politique monétaire. La zone grisée représente la fourchette retenue comme objectif d’inflation (comprise entre +2 % et +4 %). L’inflation globale et l’inflation sous-jacente sont mesurées, respectivement, à l’aide de l’indice global des prix à la consommation et de l’indice des prix à la consommation sous-jacent. L’indice des prix à la consommation sous‑jacent mesure l’évolution des prix à la consommation hors énergie et alimentation.

Source : Banque centrale du Costa Rica (Banco Central de Costa Rica).

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Costa Rica : Demande, production et prix

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La reprise s’est poursuivie sur fond de fortes tensions inflationnistes

L’activité économique a continué de progresser durant les premiers mois de 2022, mais à un rythme plus lent, l’ensemble des secteurs tournant à un régime supérieur au niveau d’avant la pandémie, sauf ceux liés au tourisme (hôtellerie et restauration). En avril, la plupart des restrictions d’activité ont été assouplies. La campagne vaccinale a été déployée avec succès : 81 % de la population totale avaient reçu au moins une deuxième dose de vaccin en mai.

La guerre en Ukraine a accentué les tensions inflationnistes provenant des coûts logistiques et des prix des matières premières importées, en particulier de l’énergie et des denrées alimentaires, qui s’inscrivaient déjà en hausse en 2021. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente annuelles ont atteint respectivement 7.1 % et 4.7 % en avril, et le salaire moyen dans le secteur formel a progressé de 5.7 % en mars. Les anticipations d’inflation à un an, établies à partir d’une enquête ont grimpé à 5.3 %, dépassant la limite supérieure de la fourchette cible comprise entre 2 % et 4 %. Si le pays entretient très peu de liens commerciaux avec la Russie et l’Ukraine, le recours à d’autres fournisseurs pour les importations de métaux (construction) et d’engrais pourrait entraîner une augmentation des coûts à court terme. Des mesures budgétaires visant à diminuer l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les carburants vendus au détail sont envisagées, mais n’ont pas encore été adoptées.

La prudence budgétaire et la normalisation de la politique monétaire resteront à l’ordre du jour

Les projections budgétaires reposent sur l’hypothèse que les dépenses publiques actuelles seront contenues par la règle budgétaire et que les objectifs budgétaires du gouvernement seront atteints en 2022 et 2023. La capacité de financement des administrations publiques devrait se dégrader pour atteindre 4.4 % en 2022 et 3.3 % en 2023. Selon ces hypothèses, la dette publique culminera à environ 69 % en 2022 avant d’entamer un recul. Une mise en œuvre rapide et complète du projet de loi sur l’emploi public renforçerait encore la viabilité budgétaire du Costa Rica grâce à la réalisation d’importantes économies dans les dépenses publiques. Face à l’augmentation des tensions inflationnistes et à l’amélioration des conditions intérieures, la banque centrale a commencé à normaliser sa politique monétaire en décembre 2021 afin d’éviter un désancrage des anticipations d’inflation et l’appréciation du taux de change. Depuis, le taux d’intérêt de référence est passé de 0.75 %, son plus bas niveau historique, à 4 % en avril 2022. Il devrait augmenter de 50 points de base au troisième et au quatrième trimestre de 2022, puis de 25 points de base chaque trimestre à partir du deuxième trimestre de 2023, pour atteindre 6.25 % d’ici à la fin de 2023.

La demande intérieure diminuera mais restera vigoureuse

La croissance devrait refluer à 3.2 % en 2022 et à 2.6 % en 2023. La suppression des dernières restrictions d’activité au premier semestre de 2022 et le succès de la campagne de vaccination soutiendront la demande intérieure malgré l’impact négatif que le niveau élevé d’inflation et l’accélération du resserrement de la politique monétaire auront sur la consommation privée et l’investissement. Le redémarrage progressif du tourisme renforcera la reprise des secteurs à forte intensité de main‑d’œuvre et améliorera l’emploi. Les exportations marqueront le pas en 2022 sous l’effet du ralentissement de la croissance mondiale, en particulier aux États‑Unis. Le flux d’investissements directs étrangers se maintiendra au cours de la période considérée. L’inflation devrait s’établir à 5.7 % en 2022, amputant le revenu disponible réel des ménages, et se maintiendra à un niveau élevé de 5.6 % en 2023, sur fond de tensions inflationnistes extérieures persistantes. La hausse des taux d’intérêt contiendra les tensions inflationnistes d’origine intérieure. Le degré élevé de dollarisation de l’économie du Costa Rica expose le pays aux risques liés à des fluctuations brutales du taux de change que pourrait entraîner un durcissement inattendu des conditions financières mondiales. Un redémarrage plus vigoureux que prévu du secteur du tourisme stimulerait les exportations et favoriserait le redressement du marché de l’emploi.

La poursuite des réformes structurelles renforcerait la croissance et la résilience économique

Une poursuite de la mise en œuvre des réformes structurelles lancée durant le processus d’adhésion à l’OCDE renforcerait la croissance et la résilience économique, et réduirait les fortes inégalités de revenu. Améliorer la gouvernance et les performances des entreprises publiques profiterait à l’économie dans son ensemble, ces entités occupant une place dominante dans de nombreux secteurs de premier plan comme l’électricité ou les banques. Le poids des formalités administratives liées à la création d’entreprise pourrait être allégé par l’instauration de guichets uniques en ligne. La suppression progressive des dérogations restantes au droit de la concurrence permettrait d’accroître la productivité et de faire baisser les prix. Le Costa Rica poursuit la mise en œuvre du Plan national de décarbonation visant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, en prenant des mesures telles que l’augmentation de la part des véhicules zéro émission dans la flotte de transport public et le maintien de la production de 100 % de son électricité à partir de sources renouvelables à un tarif compétitif.