Les politiques budgétaire et monétaire ont soutenu l’activité tout au long de la crise liée au COVID‑19, et devraient maintenant se normaliser progressivement parallèlement à la reprise économique. La Banque d’Indonésie devrait porter son taux directeur à 4 ½ pour cent d’ici à la fin de 2022, de sorte que l’orientation accommodante de la politique monétaire devrait devenir neutre avant que l’accélération des anticipations d’inflation ne s’installe durablement. Le système financier est en meilleur état que lors des précédents épisodes de turbulences et d’incertitude mondiales : l’exposition de la dette souveraine et de la dette des entreprises aux financements extérieurs est aujourd’hui relativement faible, le déficit des paiements courants est limité et gérable, les fluctuations de la roupie sont relativement réduites et les réserves de change sont abondantes. L’Indonésie a interdit les exportations de matières premières dont elle est l’un des principaux producteurs mondiaux, notamment d’huile de palme. Cette approche devrait être très limitée dans le temps comme dans sa portée, car ses avantages potentiels à court terme (garantir l’approvisionnement du marché intérieur et limiter la hausse des prix) seront probablement contrebalancés par les coûts avérés des distorsions en résultant à moyen terme. Ceux-ci incluent une baisse des recettes en devises fortes, une dépréciation de la monnaie et, par conséquent, une augmentation du coût des importations, une dégradation de la réputation de l’Indonésie sur les marchés mondiaux et des effets de contre-incitation exercés sur les agriculteurs.
Les résultats budgétaires de 2021 ont été soutenus par l’amélioration des recettes fiscales, favorisée par le niveau élevé des prix des matières premières et les réformes des impôts. Dans ce contexte, les autorités disposent de marges de manœuvre pour préserver le pouvoir d’achat des catégories les plus vulnérables en leur accordant des aides directes aux revenus sans compromettre les projets d’assainissement budgétaire. Les résultats se sont aussi améliorés en matière de dépenses, principalement dans les domaines des soins de santé et des programmes sociaux. La taxe carbone, prévue initialement en avril 2022 et reportée au mois de juillet, est assortie d’un taux plancher de 30 000 IDR (1.9 EUR) par tonne, qui s’appliquera d’abord aux centrales électriques au charbon. Il s’agira d’une avancée importante vers la limitation des émissions de gaz à effet de serre de l’Indonésie, qui sont actuellement les plus élevées du Groupe des Vingt (G20) en proportion du PIB après prise en compte de l’utilisation des sols.