Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2022 Numéro 1

Portugal

La croissance du PIB devrait s’établir à 5.4 % en 2022, puis à 1.7 % en 2022. Le dynamisme de l’investissement public, étayé par les fonds reçus de l’Union européenne (UE), et le redémarrage des exportations touristiques devraient soutenir la reprise. Cela étant, la guerre en Ukraine, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie et des matières premières pèseront sur l’activité, entamant la confiance et le pouvoir d’achat. Malgré la persistance de capacités inutilisées dans l’économie, le renchérissement de l’énergie et des produits alimentaires devrait porter l’inflation à 6.3 % en 2022 et à 4 % en 2023. La croissance des salaires s’accélèrera tandis que le nombre d’heures travaillées remontera au niveau d’avant la pandémie, mais pas suffisamment pour préserver le pouvoir d’achat des ménages face à l’accentuation de l’inflation.

Compte tenu du niveau élevé de la dette publique, il sera essentiel de conserver une politique budgétaire prudente et de définir un plan d’assainissement à moyen terme crédible pour que le Portugal bénéficie de conditions de financement favorables. Afin de limiter les effets de la forte inflation à un coût minimal, il faudrait que les mesures budgétaires de soutien soient temporaires et ciblées sur les plus vulnérables. En accélérant l’investissement vert, le Portugal peut soutenir la reprise tout en réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles. Promouvoir l’adoption des technologies numériques, en facilitant l’accès aux formations et aux services de conseils dans le domaine du numérique, permettrait de renforcer la compétitivité des entreprises et la productivité.

Portugal : Indicateurs sur l’activité économique et sur l’inflation

1. Les dépenses courantes recouvrent la consommation finale des administrations publiques, les prestations de sécurité sociale, les revenus de la propriété versés et d’autres dépenses.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 111 ; base de données de l’OCDE sur les indices des prix à la consommation ; base de données des Principaux indicateurs économiques de l’OCDE ; et calculs de l’OCDE.

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Portugal : Demande, production et prix

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Le Portugal n’a que peu de liens commerciaux directs avec la Russie et l’Ukraine, mais la guerre perpétue les hausses des prix de l’énergie et des produits alimentaires, ce qui accentue l’incertitude et pèse sur l’activité. Les rendements des obligations d’État à 10 ans ont augmenté d’environ 150 points de base depuis le début de janvier. Les mesures visant à amortir les effets du renchérissement de l’énergie ont un effet net de 1.1 milliard EUR (0.5 % du PIB) sur le budget de 2022. Ainsi, des dépenses estimées à 780 millions EUR serviront à réduire les prix des carburants via une diminution temporaire de la taxe sur les produits pétroliers et énergétiques (ISP, Imposto sobre os Produtos Petrolíferos e Energéticos), une suspension de la hausse de la taxe carbone et une augmentation des subventions accordées dans le cadre du programme de remboursement des frais de carburant Autovoucher. S’y ajoutent 450 millions EUR de subventions versées aux entreprises et 105 millions EUR de prestations sociales destinées aux réfugiés et aux familles vulnérables.

Étayée par les fonds de l’UE, la politique budgétaire restera expansionniste en 2022

La politique budgétaire devrait avoir une orientation expansionniste en 2022. Même si les mesures liées à la pandémie ne représenteront plus que 0.8 % du PIB, on pose l’hypothèse que les dépenses financées par le plan « Next Generation EU » (à partir de subventions et de prêts) passeront de zéro en 2021 à 1.4 % du PIB en 2022 puis à 1.8 % en 2023, renforçant l’investissement public. La première tranche est déjà intégralement attribuée, bien qu’il existe des risques de retard compte tenu de l’ampleur des montants en jeu. La politique budgétaire devrait être globalement neutre en 2023 compte tenu du démantèlement des mesures liées à la pandémie.

La reprise ralentit

La croissance du PIB devrait s’établir à 5.4 % en 2022, puis à 1.7 % en 2023. La diminution de la demande non satisfaite et le niveau élevé de l’inflation pèseront sur la consommation. La croissance de l’investissement restera vigoureuse et sera portée par les dépenses publiques, étayées par les fonds de l’UE. Le rebond des exportations touristiques devrait se poursuivre. Malgré la persistance de capacités inutilisées dans l’économie, l’inflation devrait atteindre 6.3 % en 2022, avant de refluer à 4 % en 2023, tandis que les prix élevés de l’énergie et des produits alimentaires baisseront quelque peu durant l’année. Parallèlement à la progression de l’emploi et du nombre d’heures travaillées, la croissance des salaires devrait s’accélérer, même si la forte inflation réduira les salaires réels. La vigueur de la croissance du PIB nominal ramènera la dette publique (au sens de Maastricht) à 117 % du PIB en 2023. Parmi les risques qui entourent la reprise figurent une utilisation différée des fonds de l’UE ou leur érosion en termes réels sous l’effet de l’accentuation de l’inflation, ainsi qu’une augmentation des taux d’intérêt qui pourrait réduire le crédit bancaire et limiter progressivement la capacité de dépense des pouvoirs publics. Par ailleurs, le secteur du tourisme pourrait rebondir plus vigoureusement qu’on ne s’y attend, mais des prix du pétrole plus élevés que prévu pourraient peser sur la demande de voyages internationaux.

Les pouvoirs publics peuvent favoriser une croissance durable

Les aides budgétaires temporaires destinées à remédier à la hausse des prix de l’énergie devraient être ciblées sur les ménages et les entreprises les plus durement touchés. Par exemple, il conviendrait de remplacer les baisses de taxes sur les carburants par des aides financières sous condition de ressources. Accroître la part des énergies renouvelables dans les approvisionnements énergétiques, tout en réduisant la demande d’énergie, aiderait le Portugal à améliorer sa sécurité énergétique et à atteindre la neutralité carbone. Accélérer le développement des transports publics, des solutions de transport partagé et des infrastructures destinées aux véhicules électriques soutiendrait l’investissement et réduirait la dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Pour faire baisser la demande d’énergie, il faudrait renforcer le soutien technique et financier apporté aux ménages à faible revenu et aux entreprises vulnérables, mais viables, en particulier dans le domaine de l’isolation des bâtiments. Promouvoir l’adoption des technologies numériques, notamment en améliorant l’accès aux formations et aux services de conseil, peut renforcer la productivité. En maintenant le cap de la prudence budgétaire, le gouvernement devrait contribuer à rassurer les marchés financiers et à limiter l’augmentation des coûts d’emprunt parallèlement à la normalisation de la politique monétaire dans la zone euro. Enfin, une stratégie d’assainissement budgétaire à moyen terme claire et crédible permettrait de renforcer la crédibilité extérieure du Portugal.