Le dynamisme de la demande intérieure a entraîné une reprise vigoureuse, mise désormais en péril par la guerre en Ukraine. La situation du marché du travail s’est considérablement améliorée : le taux d’emploi a atteint un plus haut historique de 74.2 %, le taux de chômage est tombé à 3.6 %, et des signes de pénurie de main-d’œuvre ont commencé à se faire jour en avril 2022. Les salaires du secteur privé ont fortement augmenté, tirés par le relèvement de 20 % du salaire minimum intervenu en janvier 2022. L’inflation globale a atteint en avril 2022 son plus haut niveau depuis 20 ans, soit 9.6 %. En sus de certains facteurs internationaux tels que les perturbations des approvisionnements et la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, les tensions intérieures sur les prix ont augmenté depuis la mi-2021. De ce fait, la hausse des prix s’est généralisée, l’inflation sous-jacente s’étant hissée à 8.2 % en avril. L’effet de la forte hausse du salaire minimum sur les coûts salariaux totaux, et indirectement sur la hausse des prix, a été partiellement compensé par la réduction des cotisations patronales à la sécurité sociale. En plus des tarifs réglementés, inférieurs aux prix du marché, qui s’appliquent au gaz et à l’électricité, le gouvernement a plafonné les prix des carburants et des produits alimentaires. Il n’en demeure pas moins que depuis le début de 2021, les anticipations d’inflation à un an ont progressé de 3 points de pourcentage pour atteindre 7 %, tandis que les taux d’intérêt à long terme ont augmenté de 4.4 points de pourcentage pour s’établir à 6.6 %.
La guerre en Ukraine constitue un obstacle majeur à la croissance économique. Les échanges directs avec la Russie et l’Ukraine sont limités (ne représentant que 3 % du total des exportations), mais la guerre a fortement perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales, prolongeant les goulets d’étranglement au niveau de l’offre dans le secteur automobile. Le forint s’est déprécié de 10 % vis-à-vis de l’euro depuis le début de la guerre. Qui plus est, la Hongrie dépend fortement de l’énergie provenant de Russie, qui représente environ 95 % de ses importations de gaz et 45 % de ses importations de pétrole et de produits pétroliers. La confiance des consommateurs et des entreprises a reculé au début de la guerre, mais elle s’est partiellement redressée en avril. Par ailleurs, le conflit a entraîné l’arrivée de plus d’un demi-million de réfugiés ukrainiens (environ 5 % de la population) selon les données recueillies à la fin avril. Outre qu’il dynamisera le secteur de l’hébergement, cet afflux aura un impact sur le marché du travail, étant donné qu’un dixième environ des nouveaux arrivants (soit 50 000 personnes) devraient être embauchés dans des secteurs faisant face à des pénuries de main-d’œuvre, notamment l’agriculture et la santé.