Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2022 Numéro 1

Mexique

L’économie mexicaine devrait croître au rythme de 1.9 % en 2022 et de 2.1 % en 2023. La consommation sera soutenue par l’amélioration progressive de la situation sur le marché du travail, les envois de fonds depuis l’étranger des travailleurs émigrés et l’augmentation du nombre de personnes vaccinées. Les exportations continueront de bénéficier d’une large intégration du pays dans les chaînes de valeur mondiales et du redémarrage graduel du tourisme. Les projets d’infrastructures publiques programmés profiteront à l’investissement. L’inflation atteindra 6.9 % en 2022 avant de reculer à 4.4 % en 2023.

Un nouvel essor de l’investissement public et des dépenses sociales donnerait plus d’ampleur à la reprise. Les mesures prises en réponse au renchérissement de l’énergie devraient être temporaires et cibler les ménages et les PME les plus touchés. La politique monétaire devrait continuer sur un tour plus restrictif afin que les anticipations d’inflation restent ancrées. Le Mexique pourrait s’attirer davantage d’investissements en garantissant aux investisseurs, tant nationaux qu’étrangers, la continuité juridique des contrats en cours ainsi qu’un environnement réglementaire stable. Enfin, améliorer l’accès aux services de garde d’enfants et leur qualité favoriserait l’activité féminine et réduirait les inégalités en matière d’éducation.

L’économie repart sur la voie d’une reprise inégale et l’inflation a fortement accéléré

Atone au deuxième semestre de 2021, le PIB réel a progressé de 1 % au premier trimestre de 2022, en glissement trimestriel corrigé des variations saisonnières. La production automobile continue de pâtir des difficultés d’approvisionnement. La consommation de biens non durables est nettement supérieure à ses niveaux antérieurs à la pandémie, contrairement à la consommation de services et à l’investissement privé. Le chômage et le sous-emploi refluent, mais demeurent plus élevés qu’avant la pandémie. L’inflation mondiale, les perturbations des chaînes d’approvisionnement ainsi que des facteurs locaux continuent de pousser vigoureusement l’inflation globale et sous-jacente à la hausse. En avril 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 7.7 % en glissement annuel, tandis que l’inflation sous-jacente atteignait 7.2 %. Les anticipations d’inflation à 12 mois sont de plus en plus élevées, mais celles à long terme restent stables.

Mexique : Indicateurs sur l’activité économique et sur l’inflation

1. La zone bleutée représente la fourchette retenue comme objectif d’inflation par la banque centrale mexicaine.

2. Anticipations d’inflation à 12 mois d’économistes du secteur privé.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n^o 111 ; et Banque du Mexique.

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Mexique : Demande, production et prix

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Les turbulences géopolitiques provoquées par la guerre en Ukraine ont engendré une nouvelle source d’incertitude pour l’économie mexicaine. Les liens commerciaux et financiers du Mexique avec les pays en conflit sont peu nombreux, mais le conflit pourrait avoir des répercussions indirectes sur les exportations mexicaines, principalement par le biais de l’économie américaine. Le renchérissement des prix des matières premières au niveau mondial vient également aviver des tensions inflationnistes existantes. Les mesures d’allègement fiscal et les crédits d’impôt généralisés amortissent les effets de l’envolée des prix de l’énergie. La hausse des taux d’intérêt sur les marchés financiers mondiaux fera augmenter les coûts de financement de l’État mexicain.

La politique budgétaire pourrait améliorer les perspectives de croissance

Égal à 2.9 % du PIB en 2021, le déficit budgétaire devrait atteindre 3.1 % du PIB en 2022 avant de diminuer à 2.8 % du PIB en 2023. La dette publique, telle que mesurée officiellement, devrait se stabiliser autour de 50 % du PIB. Un accroissement de l’investissement public, faisant appel à l’analyse coûts-avantages, et des dépenses ciblées sur les programmes sociaux pourraient dynamiser la reprise en cours et les perspectives de croissance à moyen terme. Le pays pourrait respecter son engagement à assurer la viabilité de la dette en élargissant progressivement les bases d’imposition, en supprimant graduellement un système d’exonérations inefficaces et régressives et en renforçant la fiscalité du patrimoine immobilier.

Pour répondre à la montée des tensions inflationnistes, le Conseil de la Banque centrale a relevé son taux directeur lors de ses huit dernières réunions pour le porter à 7 %. De nouvelles hausses seront nécessaires, car les tensions généralisées sur les prix devraient persister. En toute hypothèse, le taux d’intérêt atteindra 9 % au premier trimestre de 2023 et demeurera ensuite inchangé jusqu’à la fin de l’année. Le gouvernement a pris des mesures pour atténuer les tensions sur les prix des produits de base, et a notamment éliminé les droits de douane sur ces produits, coopéré avec le secteur privé pour geler les prix de 24 produits essentiels (principalement alimentaires) durant six mois, mis en place des initiatives pour développer la production de céréales de base et réduit les frais de douane applicables aux produits de première nécessité.

La croissance sera modérée

L’économie mexicaine devrait croître au rythme de 1.9 % en 2022 et de 2.1 % en 2023. La consommation intérieure en sera un moteur essentiel et les services liés au tourisme se redresseront graduellement. Le degré d’intégration du pays dans les chaînes de valeur continuera de porter les exportations. L’inflation devrait accélérer en 2022 avant de ralentir progressivement en 2023, le relèvement des taux d’intérêt faisant effet et l’ampleur du volant de capacités inutilisées dans l’économie limitant les tensions salariales. Les perspectives d’inflation restent toutefois entourées de fortes incertitudes. L’inflation pourrait rester élevée plus longtemps que prévu, ce qui entraînerait une érosion du pouvoir d’achat, en particulier des ménages vulnérables, et appellerait un durcissement de la politique monétaire. Une recrudescence des contaminations pourrait freiner les déplacements, ce qui entraverait l’activité économique. Par ailleurs, des épisodes d’instabilité financière pourraient accentuer l’aversion pour le risque, réduire les entrées nettes de capitaux et alourdir les coûts de financement du Mexique. À l’inverse, des délocalisations de proximité pourraient revigorer les exportations. En outre, le redémarrage du secteur du tourisme pourrait être en avance sur les anticipations.

Relancer l’investissement et stimuler la productivité constituent deux grandes priorités

Améliorer la réglementation des entreprises au niveau infranational, en allégeant les charges administratives et les coûts monétaires de création et de régularisation d’une entreprise, aiderait à dynamiser l’investissement et la création d’emploi. En outre, garantir l’indépendance des instances de réglementation et des autorités de la concurrence, et les doter d’un budget suffisant pour mener à bien leurs missions, permettraient d’intensifier la concurrence et de gagner en productivité. Par ailleurs, en allouant davantage de ressources à l’éducation primaire, le pays pourrait atténuer les effets négatifs de la pandémie sur les résultats scolaires. Enfin, il pourrait réduire ses émissions et l’utilisation de combustibles fossiles en densifiant progressivement les réseaux de transport urbain et interurbain et en favorisant les énergies renouvelables.