Après un solide rebond en 2021, le PIB réel devrait croître de 2.6 % en 2022, puis de 1.6 % en 2023. La croissance devrait nettement s’essouffler au premier semestre de 2022, sous l’effet de la guerre en Ukraine, mais aussi des mesures de confinement prises en Chine. Ces facteurs continuent en outre de faire grimper l’inflation jusqu’à un taux qui pourrait atteindre 7 % cette année. Cette inflation pèse sur la consommation des ménages et accroît les incertitudes. Avec l’embargo sur le pétrole russe à compter de 2023, qui tirera les prix du pétrole à la hausse, la croissance devrait rester modérée en 2023 et l’inflation ne devrait reculer que progressivement. Les risques à la baisse pour l’activité économique restent prépondérants : de sérieuses difficultés d’approvisionnement énergétique, notamment en gaz, porteraient un coup à la croissance en Europe tout en alimentant encore l’inflation.
Du fait de la forte incertitude entourant l’évolution de la guerre et ses conséquences économiques, l’action des pouvoirs publics devra être méticuleuse. Les fonds mobilisés au titre de la Facilité pour la reprise et la résilience devront être utilisés de manière efficace pour soutenir la croissance. Un soutien visant à limiter les effets de la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation sur les consommateurs et les entreprises, tout en étant bienvenu, devrait être ciblé comme il faut et ne pas fausser les signaux‑prix. Comme pendant la pandémie, il pourrait être envisagé d’émettre de la dette commune pour renforcer la sécurité énergétique en Europe. Si l’arrêt de la politique monétaire accommodante est amplement justifié étant donné les tensions inflationnistes, la BCE devra agir avec prudence et en gardant à l’esprit l’évolution de la guerre afin de réduire les risques de fragmentation financière.