En 2016, les flux d’immigration sont restés élevés et ont augmenté de 15 % pour s’établir à 98 400. Comme en 2015, la croissance était imputable à l’immigration en provenance d’Ukraine (23 % du total). Les autres principaux pays d’origine étaient le Bélarus, la Russie, le Viet Nam et la Chine, même si chacun représentait moins de 3 % de l’ensemble des entrées.
Après avoir culminé en 2015, le nombre d’autorisations de séjour a atteint un nouveau pic en 2016. Le nombre de permis de séjour temporaire délivrés a augmenté de plus de 30 % pour la deuxième année consécutive. En 2016, 86 600 permis de séjour temporaire ont été accordés (33 % de plus qu’en 2015), portant la hausse du nombre total de permis de séjour à près de 107 700.
La Pologne a commencé à accueillir des flux considérables et croissants de travailleurs immigrés. Les données du premier semestre 2017 mettent en évidence une hausse de plus de 100 % du nombre de permis de travail délivrés (plus de 108 000) par rapport à la même période en 2016. En 2017, 1 824 500 déclarations d’employeurs ont été enregistrées pour les travailleurs en provenance de pays voisins (Bélarus, Russie, Ukraine), de Moldova, de Géorgie et d’Arménie, soit une hausse de 40%, 94% de ces déclarations concernaient des Ukrainiens.
Environ 65 800 étudiants en mobilité internationale étaient inscrits dans les universités polonaises au cours de l’année universitaire 2016/17, un chiffre en hausse de 15 % par rapport à l’année précédente. Ils représentaient environ 5 % de l’ensemble des étudiants universitaires. Les Ukrainiens représentaient 54 % des étudiants internationaux, suivis des Bélarussiens (8 %).
L’émigration est restée élevée. D’après les estimations officielles nationales, 2.5 millions de ressortissants polonais résidaient temporairement à l’étranger au 31 décembre 2016, majoritairement pour des raisons professionnelles, soit une hausse de 5% en un an. Les principaux pays de destination demeurent le Royaume-Uni (31 %) et l’Allemagne (27 %).
Selon Eurostat, en 2017, le nombre de demandes d’asile a diminué de plus de moitié pour s’établir 5 050, le chiffre le plus faible depuis dix ans. Comme en 2016, 70 % des demandes ont été déposées par des ressortissants russes (3 545, 2.5 fois moins qu’en 2016). Les Ukrainiens (670, 13 %, soit moitié moins qu’en 2016) et les Tadjiks (3 %) constituaient les autres groupes principaux. Sur les 2 035 décisions rendues en 2017, 480 étaient positives, octroyant une protection au demandeur. Le taux de rejet (76 %) était inférieur de 10 % par rapport à 2016. La Pologne avait initialement accepté un quota de 7 000 personnes demandant une protection en vertu du programme de relocalisation de l’UE depuis la Grèce et l’Italie, mais la relocalisation n’a pas eu lieu. Des consultations interministérielles sont en cours en ce qui concerne la réforme de la loi sur l’asile, qui mettrait en place une procédure d’asile accélérée à la frontière, les demandeurs étant placés dans des centres de détention en attendant la décision.
Les amendements de la loi relative aux étrangers sont entrés en vigueur le 12 février 2018. Désormais, les immigrés qui demandent à la fois une autorisation de séjour permanent et une carte de résident de longue durée de l’UE doivent attester de leur connaissance de la langue polonaise (niveau B1 ou diplôme équivalent). Les enfants de moins de 16 ans, les bénéficiaires de la protection internationale, les victimes de la traite des êtres humains et les étrangers d’ascendance polonaise sont exonérés de cette condition. La loi amendée transpose également la Directive de l’UE relative aux transferts temporaires intragroupe dans la législation polonaise, et met en place un nouveau permis de séjour pour les travailleurs étrangers possédant des compétences recherchées, leur permettant d’accéder plus rapidement à la résidence permanente (en quatre ans au lieu de cinq à dix ans). La loi simplifie la transition vers l’emploi pour les diplômés étrangers des universités polonaises, conformément à la stratégie d’internationalisation des établissements universitaires et de recherche polonais d’octobre 2017, par le biais de l’Agence nationale pour les échanges universitaires. Les aides destinées aux étudiants en mobilité internationale ont été augmentées, passant à trois fois le niveau des aides accordées aux étudiants polonais.
La loi relative à la promotion de l’emploi et aux institutions du marché du travail a également été amendée le 1er janvier 2018. La transposition de la Directive européenne relative aux travailleurs saisonniers a entraîné d’autres modifications de l’emploi temporaire d’étrangers, notamment la création d’un nouveau type de permis de travail valable pour un emploi saisonnier d’une durée maximale de 9 mois par an dans les secteurs de l’agriculture, de l’horticulture et du tourisme. Les ressortissants d’Arménie, du Bélarus, de Géorgie, de Moldova, de Russie et d’Ukraine ne sont pas soumis à une appréciation de la situation de l’emploi pour obtenir ce permis, et peuvent travailler en Pologne jusqu’à 6 mois par an dans tous les secteurs, sauf ceux relevant des permis de travail saisonnier, à condition qu’un employeur en fasse la demande dans une agence locale pour l’emploi. La nouvelle loi permet également de fixer des quotas annuels de permis de travail, de permis saisonniers et de demandes des employeurs, l’année 2018 étant une année de transition avant la pleine entrée en vigueur de tous les amendements à la loi sur l’emploi.
En 2017, d’autres changements législatifs ont mis en place des conditions de séjour plus favorables pour les étrangers d’ascendance polonaise. Les titulaires de la Karta Polaka (« carte du Polonais ») qui demandent un droit de séjour permanent peuvent désormais prétendre à une aide financière pendant 9 mois. Le délai d’attente pour obtenir la nationalité polonaise a été raccourci à un an. Toutefois, l’obtention de la Karta Polaka est soumise au respect de critères concernant l’ascendance stricts. Les amendements à la loi sur le rapatriement entrés en vigueur en mai 2017 ont amélioré les possibilités de réinstallation et d’aide offertes aux étrangers d’ascendance polonaise originaires des pays asiatiques anciennement membres de l’URSS.