Selon Eurostat, la France affichait un solde migratoire de 68 000 personnes en 2016 (mineurs et ressortissants français compris), contre 65 000 l’année précédente. Le solde migratoire est resté positif en raison des flux de ressortissants étrangers. En effet, les sorties de ressortissants français étaient près de deux fois supérieures aux entrées. En 2016, sur les 310 000 personnes qui ont quitté le pays, 84 % étaient françaises.
La hausse de l’immigration constatée de longue date s’est accélérée en 2016, avec l’octroi de quelque 230 000 premiers permis de séjour à des ressortissants de pays hors UE (hors territoires d’outre-mer), soit 6 % de plus qu’en 2015 ; d’après les données préliminaires, la hausse atteindrait 14 % en 2017. Les Algériens et les Marocains représentaient chacun environ 12 % des titulaires d’un premier permis de séjour, suivis des Chinois et des Tunisiens (environ 7 % chacun). Les ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne représentaient également près d’un quart de l’ensemble des titulaires d’un permis de séjour. Outre les ressortissants de pays tiers, on estime que 87 000 ressortissants de pays de l’UE/AELE se sont installés en France en 2016, soit un peu moins qu’en 2015 (88 000). Les principaux pays d’origine de ces ressortissants étaient l’Italie (16 %), le Portugal (14 %) et l’Espagne (12 %).
L’immigration de travail a enregistré une croissance ininterrompue au cours des cinq dernières années. Le nombre de premiers permis de séjour délivrés pour raisons professionnelles a augmenté de 11 % en 2016, pour s’établir à 23 000. Selon les données préliminaires, l’immigration de travail des ressortissants de pays hors UE a encore augmenté de 20 % en 2017, ce qui met en évidence l’attractivité croissante de la France, notamment depuis le lancement en 2016 du « Passeport talent », un nouveau titre de séjour réservé aux travailleurs hautement qualifiés. En outre, plus de 6 000 régularisations de travailleurs originaires de pays tiers ont été approuvées en 2016, soit une hausse de 21 %.
Les migrations familiales étaient la principale composante des flux migratoires de ressortissants de pays hors UE, mais ont fléchi en 2016 pour la troisième année consécutive, avec 89 000 premiers permis de séjours délivrés (-1 % par rapport à 2015). Une hausse estimée à 2 % est attendue en 2017, ce qui inverserait la tendance. Les membres de la famille d’un ressortissant français représentaient plus de la moitié des migrations pour raisons familiales. L’admission d’étudiants originaires de pays hors UE a progressé de 5 % en 2016, pour atteindrele niveau le plus haut jamais enregistré, avec près 74 000 premiers permis de séjour. L’attractivité de la France pour les étudiants en mobilité internationale continue de se renforcer : selon les données préliminaires, les flux vont augmenter de 20 % en 2017.
Après une forte hausse en 2015 (+25.5%), le nombre de premières demandes d’asile (mineurs compris) a de nouveau augmenté en 2016, progressant de 5 % pour s’établir à 78 000. En 2017, 92 000 premières demandes ont été déposées, dont 74 000 pour des adultes, le chiffre le plus élevé jamais enregistré. En 2016, les premiers pays d’origine des demandeurs d’asile étaient le Soudan (+16 %), l’Afghanistan (+166 %) et Haïti (+62 %). Avec 4 600 nouvelles demandes d’adultes, l’Albanie (+105 %) était le quatrième pays d’origine, mais le premier si l’on tient compte des mineurs accompagnants.
Les migrations pour raisons humanitaires ont considérablement augmenté depuis 2013. Sur les 90 000 décisions rendues en première instance en 2016, 29 % étaient positives, d’où un nombre record d’octrois du statut de protection internationale. Les nouveaux permis de séjour (y compris de membres adultes de la famille rejoignant un immigré) ont augmenté de 41 % en 2016 pour s’établir à 23 000, les données préliminaires tablant sur une hausse de 57 % en 2017.
En 2016, un parcours d’intégration républicaine d’une durée de cinq ans a été mis en place pour les nouveaux arrivants, sous la forme d’un « Contrat d’intégration républicain » permettant d’obtenir un permis de séjour pluriannuel si le ressortissant du pays tiers participe activement à une formation et à l’acquisition des valeurs françaises.
Un projet de loi, devant entrer en vigueur en 2018 est actuellement débattu. Il est fondé sur un plan d’action du gouvernement présenté en juillet 2017 et intitulé « Garantir le droit d’asile, mieux maîtriser les flux migratoires ». Ce plan comprend cinq objectifs : mieux maîtriser les flux migratoires au niveau européen et international ; améliorer le traitement des demandes d’asile et les conditions d’accueil ; conduire une politique plus efficace de lutte contre l’immigration irrégulière et d’éloignement ; procéder à une refonte de la politique d’intégration ; et renforcer les efforts pour attirer les talents et les compétences.
Parmi les idées citées dans la proposition, citons un permis de séjour de quatre ans pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire, l’extension du regroupement familial aux parents et aux frères et sœurs des mineurs réfugiés, et la simplification de la procédure de recours. Le projet prévoit également une répartition plus équilibrée des demandeurs d’asile, qui seront tenus de résider dans une région pour y bénéficier des conditions matérielles d’accueil. En outre, les demandeurs d’asile pourront demander un autre statut pendant le traitement de leur demande.
Le projet prévoit également d’étendre le « Passeport talent » à d’autres catégories, par exemple à tous les titulaires du "French Tech Visa", et de créer un permis de séjour pour les personnes au pair. L’appréciation de la situation de l’emploi serait réformée en créant une liste d’employeurs de confiance. Des visas de recherche d’emploi seraient accessibles aux chercheurs et aux titulaires d’un diplôme français ayant quitté le pays depuis moins de quatre ans. Le plan propose également de renforcer les contrôles antifraudes pour certaines catégories de permis (visiteurs, parents d’enfants scolarisés et étrangers malades).
Le gouvernement prévoit également d’améliorer la politique d’intégration en intensifiant les efforts pour mettre en place des cours de français et des mesures pour faciliter l’insertion professionnelle.