En 2016, l’immigration nette de ressortissants étrangers a augmenté pour s’établir à 112 700, contre 40 800 un an plus tôt. La majeure partie de cette hausse s’explique par un accroissement de 22 % de l’immigration, alors que l’émigration a reculé de 3 %. Avec 354 000 entrées, les flux d’immigration n’ont jamais été aussi élevés depuis 2009. Les Marocains étaient la première nationalité d’immigration en 2016, avec 30 000 entrées, soit une hausse de 25 % par rapport à 2015. Ils étaient suivis de près par les Roumains (29 000 entrées, soit autant que l’année précédente). Les Colombiens et les Vénézuéliens étaient les deux nationalités principales en termes d’immigration nette, avec un solde positif de 16 000 personnes dans les deux cas. Le solde migratoire des Roumains était négatif en 2016 (-24 000). L’Espagne est restée le principal pays de destination des ressortissants du Royaume-Uni. En janvier 2016, on recensait près de 300 000 résidents britanniques en Espagne, soit environ un tiers de l’ensemble des résidents britanniques établis dans des pays de l’Union européenne.
En 2016, l’émigration de ressortissants espagnols a diminué pour la première fois en plus d’une décennie, pour s’établir à 86 000. Comme l’année précédente, les principales destinations, qui représentaient 45 % du total, étaient le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et les États-Unis.
L’amélioration des conditions économiques a conduit à une hausse de l’immigration de ressortissants espagnols : 62 000 sont revenus dans le pays en 2016, contre 52 000 l’année précédente. Bien que le solde migratoire des ressortissants espagnols soit resté négatif en 2016 (-27 200), il était plus faible qu’en 2015 (‑42 500).
La reprise économique est également visible dans l’amélioration de la situation du marché de l’emploi pour les immigrés. Bien que le taux de chômage des étrangers soit resté élevé (s’établissant à près de 25 % au dernier trimestre 2016), il était inférieur de 3.7 points à celui de l’année précédente, soit une baisse plus importante que celle enregistrée par les ressortissants espagnols (2 points, pour s’établir à 18 % au dernier trimestre 2016).
Le nombre total de premiers permis accordés à des étrangers originaires de pays hors UE a augmenté, passant de 193 000 en 2015 à 211 000 en 2016. La plupart de la hausse a concerné la catégorie familiale, qui représentait plus de 50 % de l’ensemble des nouveaux permis, alors que le nombre de permis délivrés pour raisons économiques a diminué.
Au premier semestre 2016, 93 000 naturalisations pour long séjour ont été accordées, contre 78 000 au premier semestre 2015. Toutefois, les données globales mettent en évidence une baisse des naturalisations chaque année. Les personnes naturalisées étaient principalement d’origine marocaine, bolivienne, colombienne et équatorienne (environ la moitié du total).
En 2016 et en 2017, on a enregistré une hausse des entrées illégales par rapport aux années précédentes. Cette tendance s’explique principalement par une augmentation des arrivées par la mer, par le détroit de Gibraltar, alors que les traversées à destination des îles Canaries ont diminué. D’après le ministère de l’Intérieur, 22 100 personnes ont accosté en 2017, contre 8 200 en 2016. La pression migratoire pose de véritables difficultés à l’Espagne, si bien que l’étroite coopération entre l’Espagne et le Maroc, le Sénégal et la Mauritanie, des pays d’origine et de transit, se poursuit afin de combattre l’immigration irrégulière.
Les demandes d’asile ont enregistré une hausse de 6.6 % en 2016, pour s’établir à 15 600. Les données préliminaires mettent en évidence une hausse encore plus importante en 2017, pour atteindre le niveau record d’environ 31 700. Les demandes des Vénézuéliens ont explosé, passant de 585 en 2015 à 3 960 en 2016 et plus de 10 600 en 2017. Le deuxième groupe le plus important en 2016 et 2017 était les Syriens (respectivement, 6 975 et 4 300). L’Espagne a accordé une protection internationale à 6 900 personnes en 2016 (une protection subsidiaire dans la plupart des cas), un chiffre en forte hausse par rapport à l’année précédente (1 000) ; d’après les données préliminaires, il devrait être inférieur en 2017. En outre, l’Espagne a participé aux programmes de relocalisation et de réinstallation de l’UE. En septembre 2017, quelque 1 300 demandeurs d’asile en provenance de Grèce et d’Italie ont été relocalisés en Espagne, du fait des difficultés à mettre en œuvre cette nouvelle procédure. L’Espagne s’est également engagée à réinstaller quelque 1 400 réfugiés en provenance de pays voisins de la Syrie, et avait atteint environ la moitié de son objectif en septembre 2017. La hausse du nombre de demandes d’asile en Espagne a entraîné une restructuration du système d’asile, afin de pouvoir faire face à un plus grand nombre de demandes et d’accroître la capacité du système d’accueil.
Du fait de l’absence de majorité parlementaire pendant la majeure partie de l’année 2016, aucune grande réforme législative n’a été mise en œuvre. Un certain nombre de mesures visant à attirer les immigrés hautement qualifiés, notamment les investisseurs et les entrepreneurs, ont été prises récemment. C'est pourquoi les migrants à destination de l’Espagne possèdent de meilleures qualifications qu'avant. De plus, un projet pilote, Rising Start-up Spain, a été lancé en 2016 pour venir en aide aux entrepreneurs et aux start-up étrangers qui contribuent à promouvoir l’activité entrepreneuriale en Espagne par le biais de projets évolutifs et innovants, en leur offrant 10 000 euros, un espace de travail gratuit à Madrid ou à Barcelone, l’assistance d’un spécialiste pour organiser le financement, ainsi que d’autres services. La seconde édition de ce programme, dont la première avait réuni 155 candidatures, est considérée comme un succès.