Le solde migratoire de la Finlande a augmenté de 35 % entre 2015 et 2016 pour s’établir à 16 800 personnes, et représentait la principale composante de la croissance de la population en 2016. Bien que l’émigration ait également augmenté en 2016 – avec plus de 18 000 départs – elle a été compensée par une forte hausse de l’immigration, avec près de 35 000 entrées.
Quelque 58 % des immigrés étaient des ressortissants de pays non européens, soit 10 points de plus que l’année précédente. L’immigration en provenance de pays non européens a augmenté de 46 %, tandis que l’immigration en provenance des pays de l’UE28 a diminué de 7 %. L’émigration a augmenté tant parmi les migrants non européens (13 %) qu’européens (11 %). La plupart des immigrés arrivés en Finlande en 2016 étaient originaires d’Irak (3 250), d’Estonie (2 600), de Russie (2 550), d’Afghanistan (1 850) et de Syrie (1 700). Le nombre d’immigrés iraquiens en particulier a été multiplié par quatre par rapport à 2015. Le solde migratoire élevé en 2016 était principalement imputable au grand nombre de demandeurs d’asile entrés en Finlande en 2015. Cette seule année, 32 500 demandes d’asile ont été déposées au total, dont plus de deux tiers par des Iraquiens.
En 2016, l’Office national de l’immigration a reçu 26 000 demandes d’autorisation de séjour, soit 14 % de plus qu’en 2015. Il s’agit de la première hausse depuis plusieurs années. La majorité de ces demandes étaient déposées au titre du regroupement familial (41 %), pour des raisons professionnelles (29 %) ou pour poursuivre des études (27 %), un découpage stable par rapport à l’année précédente.
En 2016, le premier pays d’origine des citoyens étrangers émigrant de Finlande était l’Estonie (20 % du total). Malgré ces flux d’émigration relativement importants, le solde migratoire est resté positif. Les informations relatives à la nationalité manquaient pour 17 % des émigrés étrangers. Le nombre de personnes dont la nationalité est inconnue a considérablement augmenté en 2015, et est resté relativement élevé en 2016 en raison du départ volontaire de nombreux demandeurs d’asile avant d’avoir obtenu une réponse, et sans informer les services d’immigration de leur départ.
Au total, 5 650 personnes ont demandé l’asile en Finlande en 2016, un chiffre très inférieur aux 32 500 demandes enregistrées en 2015. Comme en 2015, la majorité des demandeurs d’asile étaient originaires d’Irak (1 250), d’Afghanistan (750) et de Syrie (600). En outre, la Finlande a accueilli 750 réfugiés soumis à quotas en 2016, enregistrés par le HCR en Turquie et au Liban. L’ensemble de ces réfugiés soumis à quotas, sauf un, étaient syriens. Le nombre de demandeurs d’asile est resté relativement stable au cours du premier semestre 2017 ; entre janvier et juillet 2017, 3 050 personnes ont demandé l’asile en Finlande. En outre, fin août 2017, la Finlande a accueilli la grande majorité des 2 100 demandeurs d’asile de Grèce et d’Italie au titre du programme temporaire de relocalisation d’urgence.
Entre début 2016 et la fin du mois d’août 2017, quelque 18 500 (43 %) demandeurs d’asile ont vu leur demande refusée. Dans le cadre de son plan d’action sur la politique d’asile, le gouvernement finlandais a pris des mesures pour renforcer l’efficacité des retours.
Ces dernières années, le gouvernement a cherché à améliorer le contrôle de l’immigration et à simplifier les procédures. Parmi les réformes entreprises, citons le transfert des fonctions administratives assurées par la police et les gardes-frontières à l’Office finlandais de l’immigration ; des amendements législatifs qui obligent les bénéficiaires d’une protection internationale ou temporaire à apporter la preuve qu’ils disposent de moyens suffisants pour vivre en Finlande avant de pouvoir exercer leur droit au regroupement familial ; une modification des critères d’octroi de la protection internationale (suppression des autorisations de séjour pour raisons humanitaires) ; la fin de l’exonération des frais de traitement pour la famille des bénéficiaires d’une protection ; la réduction du délai de recours en cas de refus de la demande d’asile ; la décentralisation du traitement des recours et la mise en place de solutions autres que la détention.
Le contexte budgétaire difficile a incité la Finlande à réfléchir à de nouveaux modèles pour financer l’intégration, accélérer le processus d’intégration, et permettre aux migrants de combiner études et travail de manière flexible. Par exemple, l’investissement à impact social a été envisagé comme un moyen de mobiliser des fonds privés au bénéfice du processus d’intégration. Le projet pilote Social Impact Bond (SIB) en faveur de l’intégration, lancé récemment, vise un objectif ambitieux : aider les immigrés à trouver un emploi dans les quatre mois suivant leur intégration au programme.
Outre les efforts pour accroître l’efficacité de la formation à l’intégration des migrants, le gouvernement finlandais tente de renforcer les avantages économiques de l’immigration, notamment par le biais d’un programme intersectoriel sur les politiques migratoires visant à renforcer l’immigration de travail (Migration Policy Programme to Strengthen Labour Migration), publié début 2018 dans le cadre du Plan budgétaire général du gouvernement 2018-2021. Parmi les autres mesures mises en œuvre, citons les réformes visant à faciliter l’obtention d’un titre de séjour par les entrepreneurs, et le lancement du programme Talent Boost au printemps 2017. Ce programme vise à rendre la Finlande plus attractive pour les talents internationaux, tout en mettant l’expertise de ceux déjà présents en Finlande au service de l’internationalisation des entreprises et des activités d’innovation.