En 2016, le solde migratoire est resté négatif. Il a plus que doublé par rapport à 2015, s’établissant à ‑9 300. Tandis que le solde migratoire négatif demeure imputable à l’immigration nette négative croissante des Bulgares, (‑16 500, contre ‑13 700 en 2015), le solde migratoire positif des étrangers ne cesse de diminuer (de 23 %, pour s’établir à 7 300), et contribue donc moins à compenser la baisse de la population nationale.
L’émigration des Bulgares a augmenté de 5 % pour s’établir à 25 800, soit 85 % de l’ensemble des sorties. Les 20-35 ans forment le groupe le plus important d’émigrés bulgares (43 %). L’immigration totale a diminué en 2015 et en 2016, bien qu’elle demeure très supérieure à ses niveaux d’avant 2014. Cette évolution est principalement due au recul de l’immigration d’étrangers (-17 %) et notamment à la forte baisse des entrées en provenance de Syrie. Les trois pays les plus représentés parmi les 12 000 immigrés étrangers étaient la Russie, la Turquie et l’Ukraine.
Les effectifs de personnes nées à l’étranger et résidant en Bulgarie a augmenté de 12 % en 2016, pour atteindre le niveau record de 147 000 personnes, ce qui correspond à 2 % de la population totale. Les principaux pays d’origine de la population née dans des pays non membres de l’UE n’ont pas varié, et incluent la Russie (18.7 % du total), la Syrie (8.4 %), la Turquie (6.9 %) et l’Ukraine (6 %). Un tiers des personnes nées à l’étranger étaient originaires des pays de l’UE, principalement du Royaume‑Uni, d’Allemagne et de Grèce. La diversification de la population née à l’étranger est due à la position géopolitique de la Bulgarie, à la croisée des flux migratoires mondiaux et régionaux, notamment en provenance des régions voisines marquées par la crise.
En 2016/2017, trois tendances majeures ont émergé en ce qui concerne les flux de demandeurs d’asile. Tout d’abord, après quatre années de hausse ininterrompue et un niveau record en 2015, les demandes de protection internationale ont commencé à diminuer en 2016, pour s’établir à 19 400 (-5 %), et sont tombées à 3 700 en 2017. Ensuite, la composition des entrées de demandeurs d’asile s’est diversifiée. Depuis la fin 2015, les Afghans ont remplacé les Syriens en tant que principal groupe de demandeurs d’asile. En 2016, les demandes des Afghans et des Iraquiens ont explosé (respectivement, 45 % et 28 % des demandes totales), alors que celles des Syriens sont tombées à 14 %. En 2017, les Afghans représentaient 31 % des demandes, les Iraquiens 28 % et les Syriens 26 %. Enfin, les taux de refus ont augmenté. En 2017, près de 99 % des demandes des Afghans, et 89 % des demandes des Iraquiens ont été refusées, contre seulement 6 % pour les Syriens.
Au cours de l’année universitaire 2016/2017, les inscriptions internationales dans les universités bulgares ont augmenté, s’établissant à 13 200, soit 5.4 % de l’ensemble de la population étudiante, contre respectivement 11 600 et 4.4 % en 2015/2016. La plupart des étudiants étrangers continuent de venir des pays voisins, principalement de Grèce (27 %) et de Turquie (15 %). Le nombre d’étudiants britanniques et allemands a respectivement triplé et doublé par rapport à l’année précédente.
En 2016, malgré le chômage persistant, certains secteurs de l’économie en reprise ont signalé des pénuries de main-d’œuvre. La nouvelle loi relative aux migrations de travail et à la mobilité de la main‑d’œuvre, entrée en vigueur en avril, exempte les employeurs de l’examen du marché du travail pour le recrutement d’étrangers dans une liste de professions établie annuellement par le Conseil national des migrations de travail et de la mobilité de la main‑d’œuvre – un organe consultatif composé de représentants des huit ministères, des partenaires sociaux et des autorités locales – fondé récemment, et le Conseil national pour la promotion de l’emploi. La loi de 2016 inclut également des dispositions pour faciliter la délivrance de la Carte bleue et la transposition des directives de l’UE relatives aux transferts intra-entreprise et aux travailleurs saisonniers.
En 2016, le nombre de nouveaux permis de travail a explosé pour s’établir à 740, contre à peine 200 en 2015. Sur ce total, un nombre record de 200 Cartes bleues européennes ont été délivrées, 70 % de plus qu’en 2015 et plus de six fois plus qu’en 2014. La plupart des permis de travail ont été accordés à des spécialistes hautement qualifiés en technologies de l’information et ingénierie. Près de la moitié de l’ensemble des titulaires sont originaires de six pays : Serbie, Turquie, États-Unis, Ukraine, ex-République yougoslave de Macédoine et Russie. En 2016, 200 permis saisonniers et de court séjour ont été délivrés, principalement à des ressortissants des pays voisins.
En 2016/2017, de nouveaux amendements à la loi bulgare sur les migrations de travail ont encore libéralisé l’accès des étrangers au marché du travail. Depuis janvier 2017, une procédure simplifiée est en vigueur pour la délivrance de visas de 90 jours aux travailleurs saisonniers. En août 2017, 3 215 visas de ce type ont été délivrés, portant les entrées de travailleurs saisonniers à des sommets jamais atteints depuis 30 ans. En juin et novembre 2017, des amendements ont mis en place des conditions plus favorables pour la délivrance de la Carte bleue, prolongeant sa durée de validité jusqu’à 4 ans, et abolissant la limite de 10 % de salariés étrangers pour les entreprises embauchant des titulaires de la Carte bleue européenne. À l’inverse, les conditions d’obtention des visas d’entrepreneur de longue durée ont été durcies, afin de garantir que l’immigration de dirigeants d’entreprise apporte une véritable contribution économique.
En 2017, une nouvelle réglementation – la troisième en deux ans – a été mise en place, définissant les conditions du contrat d’intégration entre les bénéficiaires de la protection internationale et les maires. Toutefois, la charge supplémentaire que fait peser la décentralisation de la responsabilité de l’intégration des réfugiés sur des autorités locales manquant de moyens signifie que dans la plupart des cas, elles n’ont pas d’autre choix que de rejeter des migrants admissibles, ce qui rend de facto l’aide à l’intégration indisponible.