L’exercice 2022‑23 a fini sur une note positive, grâce à une production agricole plus élevée que prévu et à la vigueur des dépenses publiques. Toutefois, l’inflation élevée, en particulier pour ce qui est de l’énergie et des produits alimentaires, et le resserrement monétaire opéré en conséquence pour ancrer les anticipations pèsent sur le pouvoir d’achat et la consommation des ménages, en particulier dans les zones urbaines. Le recul de la demande de biens d’équipement financée par le crédit, qui est bien représentative de l’investissement des entreprises, témoigne du durcissement des conditions sur les marchés financiers. Le déficit du commerce de marchandises au cours de l’exercice 2022‑23 a été supérieur de 40 % à celui de 2021‑22, plus de deux cinquièmes de la dégradation étant attribuables aux échanges de pétrole. Même si la croissance des exportations de services demeure soutenue, avec un excédent sectoriel en hausse de 35 %, elle ne suffit pas à compenser le déséquilibre des échanges de biens. La faible productivité de la main-d’œuvre nuit à la compétitivité des produits fabriqués en Inde et à la participation aux chaînes de valeur mondiales. Le déficit de la balance courante s’est réduit au cours du trimestre octobre‑décembre pour revenir à 2.2 % du PIB, contre 2.7 % sur la même période en 2021‑22. L’inflation globale est passée en dessous de 6 % (limite supérieure de la marge de fluctuation fixée par la banque centrale) depuis mars 2023, essentiellement en raison de la baisse des prix des denrées alimentaires, mais aussi d’effets de base. Les estimations portant sur l’emploi et les salaires laissent entrevoir une amélioration de la situation du marché du travail dans les zones rurales, tandis que les entreprises de services tournées vers l’exportation font état de difficultés grandissantes à pourvoir les postes vacants.
Les événements internationaux pèsent énormément sur les perspectives de croissance intérieure. L’Inde a profité des rabais du prix du pétrole de l’Oural, ce qui a accru la part de la Russie dans ses importations d’énergie. L’approvisionnement en engrais auprès de ce pays a aussi augmenté sensiblement, et plus que doublé en volume dans le cas de l’urée. Globalement, les importations indiennes en provenance de Russie sont passées de 9.9 milliards USD (1.6 % des importations totales) sur l’exercice 2021‑22 à 46.2 milliards USD (6.5 %) en 2022‑23.