Au premier trimestre de 2023, le PIB a progressé de 0.1 % en glissement trimestriel. L’incertitude demeure élevée et les signaux correspondant aux indicateurs avancés de confiance sont contrastés. L’amélioration des indices des directeurs d’achat relatifs à la production s’est modérée au deuxième trimestre de 2023, la vigueur de la croissance dans le secteur des services ayant fait contraste avec l’affaiblissement de la demande de biens. Le renforcement de l’activité transparaît également dans la vigueur des créations de postes et de la croissance de l’emploi. Cela dit, la confiance des consommateurs et, dans une moindre mesure, celle des entreprises restent nettement en deçà de leur niveau moyen sur longue période. L’inflation globale a continué de diminuer par rapport au pic de 10.6 % qu’elle avait atteint en octobre dernier, pour s’établir à 6.1 % en mai, mais l’inflation sous-jacente s’est encore accrue. Celle-ci reste généralisée d’un point de vue géographique et en termes de postes de consommation, même si la dispersion des taux d’inflation s’est récemment stabilisée. Les anticipations d’inflation ont augmenté, même à des horizons éloignés. Le crédit bancaire a ralenti dans les pays de la zone euro, du fait d’un fléchissement de l’offre et de la demande de prêts.
En recul, les revenus réels ont été en partie préservés par des mesures budgétaires compensant le renchérissement de l’énergie, au prix toutefois d’un affaiblissement des incitations à réduire la consommation d’énergie. Les marchés du travail restent tendus, comme l’illustre le taux de chômage corrigé des variations saisonnières qui s’est établi à 6.5 % dans la zone euro en avril 2023, ainsi que la croissance de plus en plus rapide des salaires et l’augmentation des prétentions salariales dans de nombreux pays.
Les récentes turbulences qu’a connues le secteur bancaire américain n’ont pas eu de répercussions directes sur la zone euro. Les tensions observées sur les marchés ont toutefois entraîné une forte baisse des cours des actions bancaires, alourdissant le coût des fonds propres. Les retombées économiques de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ont été limitées dans la zone euro. Ses courants d’échanges directs avec la Russie sont modestes et ont été encore réduits par l’interdiction des importations de pétrole brut et de produits pétroliers russes transportés par voie maritime. La crise énergétique s’est atténuée, à la fois en raison du renforcement de l’offre, lié par exemple aux arrivées de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe, et de la réduction de la demande résultant d’une chute de la consommation, due en partie à la douceur des conditions météorologiques pendant l’hiver. Par ailleurs, dans les secteurs à forte intensité énergétique, le niveau élevé des prix a entraîné des ruptures ou des réductions de production. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prêts aux entreprises à forte intensité énergétique se caractérisent par une plus forte probabilité de défaut que les crédits accordés aux autres entreprises. La guerre en Ukraine continue également d’avoir des effets sensibles sur l’économie de la zone euro du fait des perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement et du coût élevé de certains produits agricoles. Les pays de l’Union européenne (UE) offrent une protection temporaire à environ 4 millions de réfugiés ukrainiens. Pour aider les États membres à absorber les coûts qui en découlent, l’UE a mis à leur disposition 27 milliards EUR (0.23 % du PIB de la zone euro) provenant du Fonds de cohésion et de la facilité pour la reprise et la résilience créée en réaction à la pandémie.