La guerre d’agression menée par la Russie contre Ukraine a porté un coup d’arrêt à la reprise vigoureuse enregistrée après la pandémie. D’importantes ressources humaines et financières sont consacrées à l’effort de guerre, et des centres industriels importants ainsi que des pans entiers de terres agricoles ont été occupés. En outre, le coût humain s’alourdit, les Nations Unies estimant à 24 000 le nombre de victimes civiles (dont plus d’un tiers ont perdu la vie) en mai 2023. Par ailleurs, le nombre de personnes déplacées, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, représente un tiers de la population. Toujours selon les ations Unies, plus de huit millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, ont ainsi quitté le pays. D’après les estimations de la Kyiv School of Economics, les dommages matériels causés par la guerre aux bâtiments et aux infrastructures atteindraient près de 150 milliards USD. Les capacités de production ont été encore davantage mises à mal par de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement dues à l’arrêt des vols civils, au blocus des ports et à des pénuries d’électricité généralisées. En conséquence, l’activité économique s’est contractée de plus de 29 % en 2022.
Parmi les secteurs les plus durement touchés figurent l’industrie manufacturière, du fait de la forte concentration d’industries lourdes dans les zones de guerre, et l’agriculture. Le secteur des technologies de l’information en revanche figure au nombre des secteurs les moins affectés, car il est situé pour l’essentiel dans les zones épargnées par les combats et pourrait si besoin relocaliser facilement sa production. Dans le bâtiment, la production bénéficie de l’achèvement de projets encore en suspens et des travaux de reconstruction. Par ailleurs, dans l’industrie de la défense, l’activité continue de croître, tandis que dans la restauration et les autres services en personne, l’activité reprend en dehors des zones de guerre. Ces tendances se traduisent par un regain de confiance des entreprises et sont étayées par le rétablissement de l’approvisionnement en électricité ainsi que par un programme d’État destiné à aider les entreprises à s’installer dans les zones sûres. De plus, la confiance des entreprises dans le secteur du commerce de détail bénéficie du rétablissement de l’offre de biens de consommation. Les exportations ont profité d’une plus grande ouverture commerciale vers l’Union européenne et de la reprise des exportations de produits agricoles à partir des ports. L’amélioration de la situation économique a entraîné le retour d’un nombre croissant de réfugiés. Néanmoins, la consommation privée reste atone en raison de l’impact de la baisse de l’emploi et de la forte inflation. Cette dernière a pu être en partie contenue grâce au contrôle des prix de certains produits alimentaires et énergétiques de base, mais elle est tout de même passée de 10 % avant la guerre à environ 26 % entre septembre et décembre 2022. L’inflation a commencé à ralentir en 2023, se repliant à 17.9 % en avril.