Les estimations de l’emploi soutenu par la demande finale étrangère peuvent révéler le degré d’intégration d’un pays dans l’économie mondiale. Plus il y a d’entreprises spécialisées dans des processus spécifiques de la production mondiale et plus les économies sont interdépendantes. La capacité des économies à répondre à la demande finale étrangère détermine de plus en plus l’évolution des marchés de l’emploi. Les statistiques classiques ne permettent pas de révéler la véritable nature de ces interdépendances – en particulier la manière dont les consommateurs dans un pays peuvent influer sur la production et, donc, soutenir les emplois dans des pays situés plus en amont de la chaîne de valeur. De nouveaux indicateurs, fondés sur les Tableaux internationaux des entrées-sorties (TIES) de l’OCDE, peuvent illustrer ces relations.
Par exemple, en 2014, dans la plupart des pays d’Europe, entre 40 % et 60 % des emplois du secteur des entreprises étaient soutenus par des consommateurs de marchés étrangers. Au Japon et aux États-Unis, les pourcentages étaient plus modestes du fait de la taille relativement importante de ces économies et de leur moindre dépendance vis-à-vis des exportations/importations. Néanmoins, l’OCDE estime qu’en 2014, le nombre d’emplois soutenus par la demande étrangère avoisinait 13 millions aux États-Unis et dépassait 8 millions au Japon.
Dans les pays comme la Chine, l’Inde, Israël et le Mexique, la part des emplois soutenus par la demande étrangère était beaucoup plus élevée dans les secteurs de l’information et de la communication que dans les autres secteurs. Entre 2005 et 2014, la Chine a vu ce chiffre fortement augmenter pour atteindre 64 %.
Pour illustrer l’impact des CVM sur les marchés du travail, on peut également comparer la part de l’emploi (la part de la valeur ajoutée dédiée à la rémunération des employés) dans la production destinée à répondre à la demande locale à la part correspondante devant satisfaire la demande finale étrangère. Les premières estimations suggèrent que, dans la plupart des pays de l’OCDE, les branches d’activités du secteur des entreprises plus orientées vers la demande finale étrangère (y compris, en amont, les fournisseurs locaux non exportateurs qui produisent des biens et services intermédiaires, ainsi que les exportateurs directs) ont une part de l’emploi supérieure aux branches d’activités plus axées sur la demande locale.