La crise due au COVID-19 a exacerbé les problèmes auxquels étaient déjà confrontés les jeunes, et les mesures de relance confèrent aux questions de justice intergénérationnelle une place centrale dans le débat sur l’action publique (OCDE, 2020b). La représentation des jeunes au sein des institutions publiques est indispensable afin que les décisions publiques tiennent compte des différentes perspectives, que les solutions politiques bénéficient d’un large spectre d’expériences et de compétences et que l’action publique ait des retombées durables et profitables aux intérêts, aux besoins et aux caractéristiques spécifiques de tous les citoyens (OCDE, 2020a). La participation active des jeunes peut également inspirer d’autres personnes du même âge et rétablir leur confiance dans les institutions publiques (OCDE, 2020a).
L’éducation civique et citoyenne peut aider les jeunes à mieux connaître les processus démocratiques et leur permettre d’acquérir les aptitudes nécessaires pour pratiquer une citoyenneté active. Les autorités publiques peuvent également mobiliser les jeunes au travers de consultations publiques, de programmes de budgétisation participative et de processus délibératifs innovants, en mettant sur pied des conseils consultatifs de la jeunesse affiliés au gouvernement ou à des ministères spécifiques (comme dans 53 % des pays de l’OCDE), ou en établissant des conseils de jeunes aux échelons national (dans 78 % des pays de l’OCDE) et infranational (dans 88 % des pays de l’OCDE) (OCDE, 2020a). Néanmoins, la participation et la représentation des jeunes dans la vie publique et politique restent limitées.
Parmi les obstacles qui empêchent les jeunes d’occuper des postes électifs, le manque de temps et de ressources financières à consacrer à l’organisation d’une campagne est celui qui a été le plus fréquemment cité par 71 % des 65 organisations de jeunesse établies dans des pays de l’OCDE interrogées dans l’enquête de l’OCDE sur la gouvernance des affaires de la jeunesse. Le peu de place accordé aux jeunes dans les partis politiques (51%), le stéréotype classique selon lequel les jeunes manqueraient d’expérience (47%) et les obligations d’âge minimum (22%) sont également perçus comme des obstacles (OCDE, 2020a).
Bien que la démocratie n’exige pas nécessairement que les institutions réflètent la démographie, la sous-représentation des jeunes au parlement indique l’existence de normes, de règles et de règlements qui entravent leur participation aux processus démocratiques. En 2020, en moyenne dans les pays de l’OCDE, 22 % des parlementaires avaient moins de 40 ans allant de 36 % en Norvège à 8 % en France. À titre de comparaison, les jeunes âgés de 20 à 39 ans représentent 34 % de la population en âge de voter dans la moyenne des pays de l’OCDE, un déficit de représentation de plus de 12 points de pourcentage en moyenne. Il existe des variations considérables entre les pays de l’OCDE : en Italie, en Finlande et en Norvège, la part des jeunes parlementaires est en fait plus élevée que la part des jeunes dans la population en âge de voter (respectivement de 6, 4 et 1 points de pourcentage), mais dans tous les autres pays de l’OCDE, la proportion de jeunes parlementaires y est inférieure. Les écarts de représentation les plus importants sont observés au Luxembourg (-26 points de pourcentage), aux États-Unis (-25) et en Australie (-24) (graphique 3.12). Dans certains pays de l’OCDE, certains partis politiques (par exemple en Lituanie, au Mexique et en Suède) appliquent à titre volontaire des « quotas de jeunes » dans leurs listes pour les élections parlementaires nationales.
Les écarts de représentation sont encore plus prononcés dans les hautes sphères politiques des pays. En 2018, l’âge moyen des membres des cabinets ministériels variait entre 45 ans en Islande et 62 ans au Japon, la moyenne OCDE s’établissant à 53 ans. Les cinq pays de l’OCDE affichant les cabinets ministériels les plus jeunes étaient l’Islande (45 ans), la Norvège (46.2 ans), l’Estonie (47.1 ans), le Danemark (47.4 ans) et la Finlande (47.4 ans). En 2018, dans l’OCDE, seuls 51 des membres de cabinet ministériel qui étaient alors en fonction avaient moins de 40 ans (8 %) et à peine 20 avaient 35 ans ou moins (3 %) (graphique 3.13).