Une démarche visant à assurer la redevabilité des régulateurs peut renforcer les performances et accroître la transparence. De nombreux régulateurs économiques dans les pays de l’OCDE sont des organismes indépendants, jouissant d’un fort degré d’autonomie dans leur prise de décisions et détenant d’importants pouvoirs de réglementation de secteurs de réseau essentiels. Leur indépendance conforte la confiance du public dans l’objectivité et l’impartialité de leur prise de décision, ce qui peut, à son tour, renforcer la confiance des acteurs du marché pour procéder aux investissements nécessaires dans le secteur. Pour autant, étant donné que les régulateurs indépendants ne sont ni élus ni sous la tutelle directe de représentants élus, il s’agit de parvenir à un juste équilibre entre l’indépendance et des mesures propices à la redevabilité (OCDE, 2014). Les pouvoirs publics, les entreprises et la société dans son ensemble attendent des régulateurs à ce qu’ils stimulent les performances de leur secteur et utilisent efficacement leurs ressources, sans imposer de contraintes réglementaires inutiles. De solides dispositifs de redevabilité peuvent être un moyen d’évaluer et de démontrer dans quelle mesure les régulateurs économiques s’acquittent de leur mandat. L’impression d’intégrité, d’efficience et d’efficacité émanant des régulateurs est proportionnée à leur capacité d’afficher de hauts niveaux de redevabilité et de transparence.
Les indicateurs de l’OCDE sur la gouvernance des régulateurs sectoriels de 2018 relèvent les dispositifs de gouvernance des régulateurs dans les secteurs de l’énergie, des communications électroniques, du transport ferroviaire, du transport aérien et de l’eau. Dans les pays de l’OCDE, ce sont les régulateurs de l’énergie et des communications électroniques qui, en moyenne, prévoient les dispositions les plus strictes en matière de redevabilité, tandis que ceux des secteurs des transports (aérien et ferroviaire) font état du moins de dispositifs en accord avec les bonnes pratiques (tableau 7.10). Les mécanismes de redevabilité s’approchent des bonnes pratiques lorsque les régulateurs sont obligés par la loi de répondre de leurs actes devant le Parlement ou le Congrès, consultent leurs parties prenantes avant de prendre des décisions et publient des informations sur la performance de leur organisation et du secteur (Casullo et al., 2019). Dans certains cas, ces mécanismes de redevabilité découlent d’une obligation législative imposée au régulateur, comme celle de publier les projets de décisions et de recueillir des commentaires. Dans d’autres, les régulateurs renforcent d’eux-mêmes leur redevabilité en publiant leurs informations sans que la loi ne les y oblige (graphique 7.11).
Les données confirment aussi que, dans la pratique, indépendance et redevabilité sont indissociables. Le graphique (graphique en ligne G.30.) donne une vue d’ensemble des scores d’indépendance et de redevabilité de régulateurs individuels dans l’ensemble des secteurs de l’énergie, des communications électroniques, des transports et de l’eau dans les pays de l’OCDE. Le graphique fait apparaître une corrélation statistiquement significative entre les deux (affichant un coefficient de corrélation de Spearman de 0,6), ce qui signifie que plus les régulateurs sont indépendants, plus leurs scores de redevabilité se rapprochent des bonnes pratiques. Cette corrélation est particulièrement forte pour les régulateurs de l’énergie et des communications électroniques.