L’épargne nette des administrations publiques correspond à la différence entre les recettes et les dépenses courantes de l’État. En d’autres termes, elle équivaut au solde budgétaire déduction faite des dépenses en capital, telles que les dépenses d’investissement ou les transferts en capital. L’épargne nette de l’État est associée à la « règle d’or » selon laquelle, au cours d’un cycle économique, ses dépenses courantes devraient être entièrement couvertes par ses recettes courantes. Il découle de ce principe que l’émission de dette publique devrait être réservée au financement d’investissements qui favorisent la croissance du PIB. Le respect de cette règle aidera les pouvoirs publics à maintenir une situation budgétaire viable.
En 2019, 21 pays de l’OCDE sur 36 affichaient une épargne nette positive de leurs administrations publiques, malgré un niveau moyen d’épargne nette de -2.3 % du PIB à l’échelle de l’ensemble de la zone OCDE. L’épargne nette moyenne s’est considérablement détériorée en 2020. Parmi les 26 pays pour lesquels des données sont disponibles, 24 ont dégagé une épargne nette négative sur 2020, et dans tous les cas, le niveau d’épargne nette a reculé par rapport à 2019 (graphique 2.3). Cette forte dégradation s’explique par des niveaux élevés de dépenses courantes ainsi que par la chute des recettes fiscales en conséquence de la crise de la COVID-19. La pandémie de COVID-19 est un choc majeur pour les finances publiques et, de la même manière que pour le solde budgétaire, le maintien d’une épargne nette négative pour financer la réponse à la crise est une politique appropriée. Cependant, le respect de la règle d’or sur le cycle économique rend nécessaire un effort d’épargne nette dans le futur afin de compenser la désépargne nette née de la crise. Au vu des données disponibles, c’est au Royaume-Uni (-10.4 % du PIB) et en Espagne (-10.1 % du PIB) que les taux d’épargne nette des administrations publiques ont été le plus affectés en 2020. Seuls deux pays de l’OCDE, à savoir le Danemark (1 % du PIB) et la Norvège (0.1 % du PIB) ont dégagé une épargne nette positive. Il s’agit en l’occurrence des deux pays qui affichaient les plus hauts niveaux d’épargne nette en 2019, et tous deux ont été en mesure de conserver des chiffres positifs en 2020 tout en déployant une riposte budgétaire d’envergure à la pandémie COVID-19. Le Danemark a abordé la crise dans une solide situation économique. La Norvège s’astreint à une règle budgétaire en vertu de laquelle les revenus de la production pétrolière off-shore (c’est-à-dire les retraits du Norwegian Wealth Fund) ne peuvent couvrir le déficit budgétaire non pétrolier que jusqu’à hauteur d’un certain plafond.
La différence entre l’épargne nette des administrations publiques et leur besoin net/capacité nette de financement (c’est-à-dire le solde budgétaire) témoigne du volume des dépenses en capital des administrations publiques. Il peut en l’occurrence s’agir soit de dépenses d’investissement, soit de transferts en capital, par exemple à destination d’entreprises publiques ou d’établissements financiers. En 2019, l’épargne nationale dans la zone OCDE ressortait en moyenne à -2.3 % du PIB, tandis que le déficit budgétaire moyen s’élevait à -3.2 % du PIB. Les dépenses en capital des administrations publiques représentaient ainsi en moyenne 0.9 % du PIB national dans les pays de l’OCDE. En 2020, dans 23 des 26 pays pour lesquels des données sont disponibles, les chiffres laissent apparaître une progression des investissements nationaux (graphique 2.4). Il ne s’agit pas là nécessairement d’une réaction à la crise de la COVID-19. Une partie de cette hausse peut sans doute s’expliquer par des investissements supplémentaires réalisés dans des infrastructures essentielles, par exemple dans les domaines de la santé ou des technologies de l’information, ou par des dépenses destinées à stimuler l’économie. Toutefois, il est probable que cette hausse apparente soit pour partie la résultante de niveaux d’investissement public restés constants en 2020 alors que le PIB du pays a baissé (situation qu’ont pu par exemple rencontrer les pays qui étaient à mi-chemin de projets d’investissement pluriannuels en 2020, tels que de grands projets d’infrastructure), ou simplement qu’ils ont diminué plus lentement que le PIB.