Définir une vision stratégique à long terme en matière d’infrastructures permet aux pouvoirs publics d’identifier et de répondre à des besoins en service d’infrastructures de manière opportune et cohérente. Conformément à la Recommandation de l’OCDE sur la gouvernance des infrastructures, une vision stratégique à long-terme devrait correspondre à des objectifs d’action publique à long terme, en particulier les engagements en matière de protection de l’environnement, d’atténuation des effets du changement climatique, de droits humains, d’inclusion sociale, d’égalité femmes-hommes, ou encore de développement régional.
La plupart des pays de l’OCDE ont pris conscience de l’importance d’assurer la cohérence des politiques entre les programmes d’infrastructures à long terme et des objectifs plus généraux en matière de développement durable, à la lumière des engagements pris dans le cadre des objectifs de développement durable qui constituent l’Agenda 2030. La plupart des pays de l’OCDE consultés, (22 pays sur 30, ou 73 %), ont aligné leurs programmes d’infrastructures à long terme sur leurs politiques en matière d’environnement et de climat (tableau 11.1). Dans 20 d’entre eux, l’objectif est d’investir dans des projets clés facilitant la mise en œuvre d’initiatives générales en matière de durabilité (67 %), puis d’adapter les infrastructures existantes pour améliorer les performances environnementales et d’identifier des synergies intersectorielles pour réduire les effets néfastes pour l’environnement (17 chacun, ou 57 %). Une part moins importante de pays de l’OCDE ont adopté des cibles en matière d’efficacité des ressources lors de la construction et l’exploitation des infrastructures (12 pays, ou 40 %) et de recherche et développement pour promouvoir des infrastructures respectueuses de l’environnement (10 pays, ou 33 %) (graphique 11.2).
D’autres objectifs politiques moins communément intégrés comprennent les instruments d’occupation des sols et d’aménagement du territoire et les programmes de développement régional (15 pays chacun, ou 50 %), l’inclusion et l’intégration de la problématique femmes-hommes (8 sur 30, ou 27 %), et les droits de l’homme (5, ou 17 %) (tableau 11.1). Cette situation limite la capacité des pouvoirs publics à surveiller la manière dont les infrastructures affectent des groupes particuliers de population.
Les investissements en matière d’infrastructure et leur réalisation joueront un rôle prépondérant dans les efforts de relance économique et sociale suite à la crise du COVID-19. Avec une bonne gouvernance, les investissements dans les infrastructures pourraient contribuer à un rebond durable, en renforçant les capacités des infrastructures à court terme mais aussi en renforçant la résilience et en atteignant de multiples objectifs à long terme. Bien que les dernières données aient été collectées en janvier 2021, à un moment où la crise liée à la pandémie était encore d’actualité, 21 pays de l’OCDE (70 % des 30 interrogés) ont déclaré avoir déjà adopté un plan de relance ou de redressement économique. Parmi ces pays, plus des trois quarts considèrent que les infrastructures jouent un rôle essentiel pour le redressement (tableau 11.1). Par exemple, au Chili, au Costa Rica, en Hongrie, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et en Slovénie, 30 % ou plus du plan de relance économique ont été consacrées aux investissements dans les infrastructures.